Nord et Sud


Table
Préface
VOLUME I
Chapitre I : « Galop nuptial »
Chapitre II : Roses et épines
Chapitre III : « Rien ne sert de courir »
Chapitre IV : Doutes et difficultés
Chapitre V : Décision
Chapitre VI : Adieu
Chapitre VII : Nouveaux horizons, nouveaux visages
Chapitre VIII : Nostalgie
Chapitre IX : Où l’on se prépare pour le thé
Chapitre X : Fer forgé et or
Chapitre XI : Premières impressions
Chapitre XII : Visites du matin
Chapitre XIII : Une petite brise dans un lieu étouffant
Chapitre XIV : La mutinerie
Chapitre XV : Patrons et ouvriers
Chapitre XVI : L’ombre de la mort
Chapitre XVII : Qu’est-ce qu’une grève ?
Chapitre XVIII : Goûts et dégoûts
Chapitre XIX : Visites d’un ange
Chapitre XX : Ouvriers et gentlemen
Chapitre XXI : La nuit obscure
Chapitre XXII : Un coup et ses conséquences
Chapitre XXIII : Erreurs
Chapitre XXIV : Où les erreurs sont rectifiées
Chapitre XXV : Frederick
VOLUME II
Chapitre I : Mère et fils
Chapitre II : Nature morte aux fruits
Chapitre III : Consolation aux affligés
Chapitre IV : Un rayon de soleil
Chapitre V : Retrouvailles attendues
Chapitre VI : « Devrait-on oublier les vieux amis ? »
Chapitre VII : Accidents malheureux
Chapitre VIII : Tranquillité
Chapitre IX : Vérité et mensonges
Chapitre X : Expiation
Chapitre XI : L’union ne fait pas toujours la force
Chapitre XII : Rêves du Sud
Chapitre XIII : Promesses tenues
Chapitre XIV : En toute amitié
Chapitre XV : Fausses notes
Chapitre XVI : La fin du voyage
Chapitre XVII : Seule ! Seule !
Chapitre XVIII : Le départ de Margaret
Chapitre XIX : Le bien-être mais non la paix
Chapitre XX : Tout n’est pas un rêve
Chapitre XXI : Jadis et maintenant
Chapitre XXII : Un manque
Chapitre XXIII : Qui ne se reproduira pas
Chapitre XXIV : Où l’on respire la tranquillité
Chapitre XXV : Changements à Milton
Chapitre XXVI : Retrouvailles
Chapitre XXVII : Où les nuages se dissipent
Titre original :
NORTH AND SOUTH
Édition utilisée pour la présente traduction :
Oxford World’s Classics, Oxford University Press, 1998.
© Librairie Arthème Fayard, 2005, pour la traduction française.
978-2-213-67342-4
DU MÊME AUTEUR
CHARLOTTE BRONTË (The Life of Charlotte Brontë), traduit par Lew Crossford, Éditions du Rocher, 2004.
CRANFORD ; MA COUSINE PHILLIS (Cranford ;Cousin Phillis), traduit par Dominique Jean, Aubier-Montaigne, 1981.
FEMMES ET FILLES (Wives and Daughters), roman traduit par Béatrice Vierne, Herne, 2005.
LA SORCIÈRE DE SALEM (Loïs theWitch), roman traduit par Roger Kann et Bertrand Fillaudeau Corti, 1999.
LADY LUDLOW (My Lady Ludlow), roman traduit par F. Darmont, Ombres, 1999.
PRÉFACE
Parmi les romanciers victoriens s’élève une voix singulière, celle d’Elizabeth Gaskell, célèbre à son époque mais victime ensuite d’un oubli dont on s’explique mal les raisons. Elle a sans aucun doute dérangé, cette femme qui décrit sur un ton tranquille, voire feutré, des situations individuelles ou collectives violentes. Le lecteur redécouvrira avec bonheur un auteur qui combine analyse psychologique subtile, humour et conscience sociale généreuse. C’est cette musique très personnelle qu’on entend dans Nord et Sud.
Après une enfance passée dans un hameau du sud de l’Angleterre, Margaret Hale, fille de pasteur, doit suivre sa famille dans une ville industrielle du Nord. Là, elle découvre un univers âpre et brutal auquel rien ne la préparait. Sa rencontre avec Mr Thornton, patron des filatures locales, se place d’emblée sous le signe de l’antipathie. Le choc de deux fortes personnalités aux sensibilités hérissées, issus de milieux différents qui se méprisent, fournit un moteur efficace à l’intrigue. L’affrontement entre Margaret Hale et John Thornton n’est pas sans évoquer celui des héros d’Orgueil et Préjugés. Mais alors que Jane Austen décrit l’univers confortable et confiné de la bourgeoisie provinciale, où l’on ne perçoit les bouleversements contemporains des guerres avec Napoléon que par la présence de fringants officiers en uniforme, Elizabeth Gaskell brosse une large fresque sociale qui oppose le Nord industriel, énergique et rude, au Sud rural, paisible et conservateur.
Audacieuse, inattendue sous la plume d’une femme, la description de la condition ouvrière, avec ses misères et ses passions, est aussi compatissante que bien documentée. L’auteur évoque notamment le rôle que les syndicats commencent à jouer et celui de mouvements tels que le méthodisme. Nord et Sud surprend par l’acuité avec laquelle sont perçus les rapports de pouvoir, non seulement entre patrons et ouvriers, mais au sein même de chacune de ces classes. C’est à un véritable plaidoyer pour la concertation que se livre Gaskell, démontrant par mille détails qu’en se dressant les uns contre les autres, patrons et ouvriers se trompent sans doute d’ennemis. Ce regard du siècle dernier interroge le nôtre avec une clairvoyance qui ne peut manquer d’interpeller le lecteur moderne.
Si l’intrigue accorde la part belle aux affrontements sociaux, Elizabeth Gaskell ne néglige pas pour autant la dimension individuelle, et pose la question de l’intégration de la vie publique et de la vie privée dans un contexte culturel en pleine mutation. Active et indépendante, Margaret s’émancipe au fil des pages et prend sa vie en main avec une belle énergie. Entre le début et la fin du livre, elle a appris « qu’elle devrait un jour répondre de sa vie et de l’usage qu’elle en avait fait, et (…) résoudre ce problème si épineux pour les femmes, à savoir comment doser l’obéissance à l’autorité et la liberté d’action ».
Entre Margaret Hale et Elizabeth Gaskell, il y a bien sûr plus d’un point commun. L’auteur a puisé dans sa propre expérience pour créer son personnage et le monde où il évolue. Fille d’un pasteur unitarien, Elizabeth Cleghorn Stevenson est née en 1810. Orpheline de mère alors qu’elle n’a pas un an, elle est élevée par sa tante dans un village du Cheshire. Ensuite, elle va vivre à Londres avec son père, remarié, qu’elle soigne jusqu’à la mort de celui-ci en 1829.
Au cours d’un séjour chez des parents à Manchester, elle rencontre un pasteur unitarien, William Gaskell. Il la demande en mariage, séduit par son intelligence et sa beauté. Le couple, très uni, ne quittera jamais Manchester. Mrs Gaskell mène la vie active des femmes de pasteur et écrit des nouvelles pour son plaisir. Six enfants naissent, dont deux disparaissent prématurément : une fille mort-née en 1833, et un fils que la scarlatine emporte à dix mois en 1845. Très éprouvée par ce deuil, Elizabeth sombre dans la mélancolie et son mari la pousse à écrire pour se distraire. Le résultat est Mary Barton (1848), un premier roman qui remporte un grand succès et dont l’intrigue amoureuse et policière s’enracine dans les conflits entre les ouvriers des filatures et leurs patrons. D’emblée, Elizabeth Gaskell entre sur la scène littéraire. Dickens lui demande de collaborer à son hebdomadaire, Household Words, où elle publie Cranford (1851 à 1853), son roman le plus connu, un tableau de la vie provinciale plein de finesse et d’humour, et North and South (1854-55). Elle se lie aussi d’amitié avec George Eliot, avec qui elle entretient une correspondance, avec Charlotte Brontë, dont elle écrira la biographie après sa disparition (Life of Charlotte Brontë, 1857), et avec Florence Nightingale. Entre-temps, elle a publié Ruth (1853), un beau roman sur un thème analogue à celui de Tess, de Thomas Hardy. Suivent Sylvia’s Lovers (1863) et Wives and Daughters, son ouvrage peut-être le plus abouti.
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