Pierre Lapin (French Edition)
PIERRE LAPIN
Beatrix Potter
ISBN 978-2-36315-379-1
Les textes anglais originaux et les illustrations sont de Beatrix Potter, domaine public. La traduction en français a été réalisée par les éditions StoryLab et est leur entière propriété.
© Octobre 2014
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les éditions StoryLab proposent des fictions à lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et inédits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des matières
PIERRE LAPIN
Biographie
Dans la même collection

IL ÉTAIT UNE FOIS quatre petits lapins, qui s’appelaient :
Sautille,
Bondille,
Queue-de-Coton
et Pierre.

Ils vivaient avec leur mère dans un terrier, sous les racines d’un très grand sapin.

Un matin, Madame Lapin leur dit : « Mes chers petits, vous pouvez aller jusque dans les champs ou descendre jusqu’au chemin, mais n’allez surtout pas dans le jardin de Monsieur MacGregor : votre malheureux père s’y est fait attraper et Madame MacGregor l'a transformé en terrine. »

« Filez, maintenant, et ne faites pas de bêtises. Je sors. »

Madame Lapin prit un panier, son parapluie, et partit à travers bois. Elle se rendait à la boulangerie pour acheter une miche de pain bis et cinq petites brioches aux raisins.

Sautille, Bondille et Queue-de-Coton, qui étaient de gentils petits lapins, allèrent ramasser des mûres le long du chemin.

Mais Pierre, qui était un très vilain petit lapin, courut en direction du jardin de Monsieur MacGregor et se faufila sous le portail !

Il commença par manger des feuilles de laitues et des haricots verts, puis il mangea quelques radis.

Après cela, comme il ne sentait pas très bien, il partit à la recherche d’un peu de persil.

Mais, derrière un châssis de concombres, il tomba nez à nez avec Monsieur MacGregor !

Monsieur MacGregor était à genoux, en train de repiquer de jeunes choux, mais il bondit sur ses deux pieds et courut après Pierre en brandissant son râteau et en criant : « Au voleur ! »
Pierre avait terriblement peur ; il se mit à courir au hasard dans le jardin, car il ne savait plus comment revenir au portail.

Il perdit l’une de ses chaussures parmi les choux, et l’autre au milieu des pommes de terre.

N’ayant plus ses chaussures, il se mit à quatre pattes et fila à toute allure. À mon avis, il aurait tout à fait pu s’échapper, si seulement il n’avait pas foncé dans un filet de groseilliers et coincé les gros boutons de sa veste dans les fils. C’était une veste toute neuve, bleue avec des boutons de cuivre.

Pensant qu’il était perdu, Pierre se mit à pleurer à chaudes larmes. Ses sanglots furent entendus par de gentils moineaux, qui, dans un grand remue-ménage, volèrent vers lui. Ils le supplièrent de se démener pour se libérer.

Monsieur MacGregor arriva avec un tamis qu’il essayait de jeter sur Pierre pour l’attraper ; mais Pierre se tortilla tant et si bien qu’il réussit à s’échapper, en laissant sa veste derrière lui.

Il se précipita dans la remise, et sauta dans un arrosoir. Ça aurait pu être une merveilleuse cachette… s’il n’y avait pas eu tant d’eau à l’intérieur.

Monsieur MacGregor savait que Pierre était quelque part dans la remise. Peut-être était-il caché sous un pot de fleurs ? Avec précaution, il commença à les retourner et à regarder sous chaque pot.
C’est précisément à ce moment-là que Pierre éternua : « Atchoum ! ». Monsieur MacGregor fut sur lui en un clin d’œil.

Avec son pied, Monsieur MacGregor essaya d’écraser Pierre, qui réussit à s’échapper par la fenêtre, en renversant trois pots de fleurs. La fenêtre était trop petite pour Monsieur MacGregor, qui était fatigué de courir après Pierre. Il retourna à son travail.

Pierre s’assit pour se reposer ; il était essoufflé et tremblait de peur. Il ne savait pas où aller. En plus, après s’être caché dans l’arrosoir, il était trempé.
Au bout d’un moment, il se mit à marcher à petits pas, tout doucement, en regardant tout autour de lui.

Il trouva une porte, mais elle était fermée. Il n’y avait pas la place, pour un petit lapin grassouillet, de se faufiler en-dessous.
Une souris allait et venait sur le perron en pierre. Elle était chargée de petits pois et de haricots pour sa famille vivant dans les bois. Pierre lui demanda quel était le chemin vers le portail, mais elle avait un si gros petit pois dans la bouche qu’elle ne put répondre. Elle se contenta de secouer la tête. Pierre se mit à pleurer.

Il essaya alors de trouver son chemin en allant de l’autre côté du jardin ; il n’en fut que plus égaré. Il finit par arriver à la mare où Monsieur MacGregor remplissait ses arrosoirs. Un chat blanc observait les poissons rouges ; il était assis, très, très calme, mais de temps à autre le bout de sa queue tressautait comme si elle était vivante. Pierre préféra s’éloigner silencieusement : il avait entendu parler des chats par son cousin Benjamin Lapin.

Il retourna à la remise, mais soudain, tout près de lui, il entendit le bruit d’une houe : scritch, scratch, scritch, scratch… Pierre fila à petits bonds se cacher sous un buisson.
Comme rien ne se passait, il grimpa en haut d’une brouette pour jeter un coup d’œil. La première chose qu’il vit fut Monsieur MacGregor, qui était en train de biner des oignons. Il tournait le dos à Pierre. Mais, derrière lui, il y avait le portail !

Pierre descendit à toute vitesse de la brouette. Il se mit à courir aussi vite que possible, en passant par une allée bien droite, derrière des baies de cassis.
Monsieur MacGregor l’aperçut au moment où il prenait son virage, mais Pierre n’y fit pas attention. Il se faufila sous la porte et fut enfin en sécurité, dans les bois, hors du jardin.

Monsieur MacGregor prit la petite veste et les chaussures et en fit un épouvantail pour éloigner les merles.

Pierre courut sans s’arrêter ni se retourner jusqu’à sa maison sous le grand sapin.
Il était si fatigué qu’il s’effondra sur le sable doux et moelleux du terrier, et ferma ses yeux. Sa mère était en train de cuisiner ; elle se demanda ce qu’il avait fait de sa petite veste et de ses chaussures.
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