Sexe Et Érotisme

MAURICE LEBLANC

SEXE ET ÉROTISME

Éditions de l’Opportun

 

Éditeur : Stéphane Chabenat

Suivi éditorial : Clotilde Alaguillaume

Conception couverture : Philippe Marchand

EAN : 978-2-36075-190-7

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo

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Collection

MAURICE LEBLANC 100 % INÉDIT

Exclusivité ebook

 

 

Dans la collection ebook « Maurice Leblanc 100% inédit », retrouvez également :

 

 Histoires de couples

5 nouvelles

 

 Crimes en série

5 nouvelles

 

 Mystère et fantastique

5 nouvelles

 

INTRODUCTION

Père du mythique Arsène Lupin, Maurice Leblanc est un écrivain connu et reconnu pour son sens du suspense et sa plume alerte.

Les Éditions de l’Opportun sont donc particulièrement fières de vous proposer de redécouvrir son style inimitable grâce à la publication de ses nouvelles inédites. Ces nouvelles contiennent tous les ingrédients qui firent le talent inimitable de Maurice Leblanc : style, passion, suspense et modernité.

 

Nous retrouvons donc avec plaisir la plume d’un auteur majeur aux multiples facettes, qui ne s’est pas cantonné au seul roman policier. Cette collection « Maurice Leblanc 100 % inédit » propose 4 premiers volumes : Histoires de couples ; Sexe et érotisme ; Mystère et fantastique et bien sûr Crimes en série.

 

L’Argument

Tournant la tête vers l’épouse coupable, il montra sa figure blême où des larmes suivaient le triste chemin des rides et descendaient jusqu’à la moustache grise. Et il murmura :

— Pourquoi… pourquoi m’as-tu trompé ?

Elle se taisait, le regard insolent, presque fière de l’aveu cynique dont elle venait de le cingler en pleine face.

Cette obstination dédaigneuse à ne point se défendre le mit hors de lui : — Mais parle donc, explique-toi…

Debout devant elle, il la menaçait du poing :

— Oui, pourquoi, pourquoi sacrifier ton bonheur, le mien, l’avenir de l’enfant ? Il n’est pas mieux que moi, cet individu ! Plus jeune, certes, mais pas de distinction, une sorte d’ouvrier, une brute… En outre, tu n’as rien à me reprocher. De l’argent, tu en as, et des chevaux, des voitures, du luxe. Alors quoi ? Ta chair, peut-être, les besoins de ta chair ? C’est cela ? Oh, la gueuse !...Il l’empoigna comme pour l’écraser contre lui. Mais, sous le peignoir, il sentit le corps souple de la jeune femme, ses seins libres et lourds. Et il tressaillit de désir.

— Ainsi, c’est pour des caresses que tu t’es livrée. Que ne m’en demandais-tu ? Nous restions des semaines… Est-ce que je savais, moi ! Si tu me l’avais dit, je t’aurais contentée, aussi bien que lui, mieux que lui… Au fond, ce qu’il fait, je le fais… La joie qu’il te cause, je te la cause, il n’y a pas deux manières…

D’un coup sec, il lui enleva son corsage :

— Ta poitrine, je l’aime, je l’admire comme lui… ce baiser de mes lèvres vaut bien son baiser. Il est fort, puissant ! Et moi ? Crois-tu que mon désir n’est pas égal au sien, et que je ne puisse te posséder malgré toi, te violer ?...

Il la renversa d’une main, de l’autre, lui arracha ses vêtements. Et il bredouillait :

— S’y prend-il autrement ? Non, hein ? Pas mieux, en tout cas… la preuve… la preuve, c’est que… ah ! la gueuse… tu n’y goûtes pas plus de plaisir… avoue-le…

L’étreinte finie, il lui planta ses yeux dans ses yeux, et dit avec un accent de triomphe :

— Et puis après ?... Que fait-il de plus que moi, ce monsieur ? Que fait-il qui puisse excuser ta faute ?

Elle répondit simplement :

— Il recommence.

Il baissa la tête, vaincu.

 

La Belle Angélis

Tous les jours, à midi, M. et Mme Bréaume quittaient leur modeste maison démontable, sise entre Vaucresson et Versailles, et prenaient le train pour Paris où les appelaient leurs occupations. Gustave Bréaume était chef machiniste dans un grand théâtre. Sa femme, Ernestine, attachée comme dactylographe et secrétaire au directeur d’un autre théâtre.

Un bon ménage de petits bourgeois, lui déjà bedonnant, la figure poupine et rose, elle gentille, distinguée, et sans éclat, tous deux placides, peu expansifs, dénués d’ambition et de rêves, de goûts très simples, et ne demandant à la vie que ce qu’elle donne à ceux qui ne lui demandent rien.

Chacun dînait dans le quartier de son théâtre. Ils se retrouvaient le soir, au dernier train, sommeillaient dans leur compartiment de troisième classe et recommençaient le lendemain leur besogne régulière. Jamais d’imprévu. Jamais de joie excessive. Mais jamais non plus de peine. Ils n’étaient faits d’ailleurs ni pour les joies ni pour les peines.

Or, un jour, au moment même de la représentation, par suite d’indisposition subite des principaux interprètes, le théâtre où travaillait Gustave Bréaume dut faire relâche. Gustave résolut d’aller rejoindre sa femme. Mais, en route, il passa devant un nouveau music-hall, le Palace Impérial, tout ruisselant de cascades électriques, et où d’immenses affiches multicolores dressaient la merveilleuse silhouette de la belle Angélis.

Gustave n’avait jamais eu l’occasion de voir une de ces magnifiques créatures qui s’habillent avec quelques colliers de diamants et de perles. Il fut tenté. Ernestine pourrait-elle lui reprocher cette innocente distraction ? Malgré la dépense, il prit un fauteuil de galerie et entra.

Placé au premier rang, entre un soldat tout pâle et un vieux monsieur respectable, il écouta sans plaisir quelques chansons libertines et vit défiler des bataillons de filles qui lui semblèrent très laides. Son voisin, le soldat, devina sans doute son ennui et murmura :

— Patientez. C’est son tour.

— À qui ?

— À la belle Angélis. Vous allez voir comme elle est découpée !

Le tumulte de l’orchestre s’arrêta.