Ses habits étaient déboutonnés,

Et le long chapelet des péchés pardonnés

S’égrenant dans son cœur, Saint Tartufe était pâle!...

Donc, il se confessait, priait, avec un râle!

L’homme se contenta d’emporter ses rabats...3

– Peuh! Tartufe était nu du haut jusques en bas!4


1 Poesia di chiara ispirazione anticlericale, nella quale R. si scaglia contro l’ipocrisia religiosa e «benpensante» dei borghesi, impersonificati dal celeberrimo personaggio di Molière. Il «Méchant» viene qui riscattato, seguendo il filone romantico del «brigante gentiluomo».


2 Oremus: è un invito alla preghiera dell’ipocrita Tartufo.


3 Rabats: è quella specie di baverino usato ancor oggi dai magistrati.


4 Du haut jusques en bas: in Molière, Dorina replica a Tartufo:

«je vous verrais nu du haut jusques en bas

que toute vôtre peau ne me tenterait pas».


Il castigo di Tartufo


Attizzando, attizzando il cuore innamorato

sotto il casto abito nero, se ne andava, beato,

con la mano inguantata, dolce da far paura,

giallo, sbavando fede dalla bocca sdentata;

e mentre se ne andava, “Oremus”, un Sacrilego

l’agguantò bruscamente per il suo santo orecchio

e gli sputò addosso insulti spaventosi, strappandogli

la casta veste nera dalla pelle umidiccia!

Castigo!... Gli abiti eran sbottonati,

e il lungo rosario dei peccati rimesso

sgranando in cuor suo, San Tartufo impallidiva!..

Si confessava, dunque, e pregava rantolando!

L’uomo si accontentò di prendere il suo bavero...

– Puah! Tartufo era nudo dalla testa ai piedi!

Le forgeron1


Palais des Tuileries, vers le 10 août ’92


Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant

D’ivresse et de grandeur, le front vaste, riant

Comme un clairon d’airain, avec toute sa bouche,

Et prenant ce gros-là dans son regard farouche,

Le Forgeron parlait à Louis Seize, un jour

Que le Peuple était là, se tordant tout autour,

Et sur les lambris d’or traînant sa veste sale.

Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle;

Pâle comme un vaincu qu’on prend pour le gibet,

Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait,

Car ce maraud de forge aux énormes épaules

Lui disait de vieux mots et des choses si drôles,

Que cela l’empoignait au front, comme cela!

“Or, tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la

Et nous piquions les bœufs vers les sillons des autres:

Le Chanoine au soleil filait des patenôtres

Sur des chapelets clairs grenés de pièces d’or.

Le Seigneur, à cheval, passait, sonnant du cor

Et l’un avec la hart, l’autre avec la cravache

Nous fouaillaient. – Hébétés comme des yeux de vache,

Nos yeux ne pleuraient plus; nous allions, nous allions,

Et quand nous avions mis le pays en sillons,

Quand nous avions laissé dans cette terre noire

Un peu de notre chair... Nous avions un pourboire:

On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit;

Nos petits y faisaient un gâteau fort bien cuit.

...“Oh! je ne me plains pas. Je te dis mes bêtises,

C’est entre nous. J’admets que tu me contredises.

Or, n’est-ce-pas joyeux de voir, au mois de juin,

Dans les granges entrer des voitures de foin Énormes?

De sentir l’odeur de ce qui pousse,

Des vergers quand il pleut un peu, de l’herbe rousse?

De voir des blés, des blés, des épis pleins de grain,

De penser que cela prépare bien du pain?...

Oh! plus fort, on irait, au fourneau qui s’allume,

Chanter joyeusement en martelant l’enclume,

Si l’on était certain de pouvoir prendre un peu,

Étant homme, à la fin! de ce que donne Dieu!

– Mais voilà, c’est toujours la même vieille histoire!

“Mais je sais, maintenant! Moi, je ne peux plus croire,

Quand j’ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau,

Qu’un homme vienne là, dague sur le manteau,

Et me dise: Mon gars, ensemence ma terre;

Que l’on arrive encor, quand ce serait la guerre,

Me prendre mon garçon comme cela, chez moi!

– Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,

Tu me dirais: Je veux!... – Tu vois bien, c’est stupide.

Tu crois que j’aime voir ta baraque splendide,

Tes officiers dorés, tes mille chenapans,

Tes palsembleu bâtards tournant comme des paons:

Ils ont rempli ton nid de l’odeur de nos filles

Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles2,

Et nous dirons: C’est bien: les pauvres à genoux!

Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous!

Et tu te soûleras, tu feras belle fête.

– Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tête!

“Non. Ces saletés-là datent de nos papas!

Oh! Le Peuple n’est plus une putain. Trois pas

Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière.

Cette bête suait du sang à chaque pierre

Et c’était dégoûtant, la Bastille debout

Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout

Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre!

– Citoyen! citoyen! c’était le passé sombre

Qui croulait, qui râlait, quand nous prîmes la tour!

Nous avions quelque chose au cœur comme l’amour.

Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.

Et, comme des chevaux, en soufflant des narines

Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là...

Nous marchions au soleil, front haut, – comme cela,

– Dans Paris! On venait devant nos vestes sales.

Enfin! Nous nous sentions Hommes! Nous étions pâles,

Sire, nous étions soûls de terribles espoirs:

Et quand nous fûmes là, devant les donjons noirs,

Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne3,

Les piques à la main; nous n’eûmes pas de haine,

– Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux!

. . . . . . . .

. . . . . . . .

“Et depuis ce jour-là, nous sommes comme fous!

Le tas des ouvriers a monté dans la rue,

Et ces maudits s’en vont, foule toujours accrue

De sombres revenants, aux portes des richards.

Moi, je cours avec eux assommer les mouchards:

Et je vais dans Paris, noir, marteau sur l’épaule,

Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,

Et, si tu me riais au nez, je te tuerais!

– Puis, tu peux y compter, tu te feras des frais

Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes

Pour se les renvoyer comme sur des raquettes

Et, tout bas, les malins! se disent: ‘Qu’ils sont sots!’

Pour mitonner des lois, coller de petits pots

Pleins de jolis décrets roses et de droguailles,

S’amuser à couper proprement quelques tailles,

Puis se boucher le nez quand nous marchons près d’eux,

– Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux! –

Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes...,

C’est très bien. Foin de leur tabatière à sornettes!

Nous en avons assez, là, de ces cerveaux plats

Et de ces ventres-dieux. Ah! ce sont là les plats

Que tu nous sers, bourgeois, quand nous sommes féroces,

Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses!...”

. . . .