Une Ville flottante

Une Ville flottante
Jules Verne
Publication: 1870
Catégorie(s): Fiction, Action & Aventure
Source: http://www.ebooksgratuits.com
A Propos Verne:
Jules Gabriel Verne (February 8, 1828–March 24, 1905) was a
French author who pioneered the science-fiction genre. He is best
known for novels such as Journey To The Center Of The Earth (1864),
Twenty Thousand Leagues Under The Sea (1870), and Around the World
in Eighty Days (1873). Verne wrote about space, air, and underwater
travel before air travel and practical submarines were invented,
and before practical means of space travel had been devised. He is
the third most translated author in the world, according to Index
Translationum. Some of his books have been made into films. Verne,
along with Hugo Gernsback and H. G. Wells, is often popularly
referred to as the "Father of Science Fiction". Source:
Wikipedia
Disponible sur Feedbooks Verne:
20000 lieues sous
les mers (1871)
Voyage au centre
de la Terre (1864)
Le
Tour du monde en quatre-vingts jours (1873)
De
la Terre à la Lune (1865)
Michel
Strogoff (1874)
Autour de la
Lune (1869)
Cinq semaines en
ballon (1862)
Les
Enfants du capitaine Grant (1868)
Voyages et
Aventures du Capitaine Hatteras (1866)
Les
Naufragés du Jonathan (1909)
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Chapitre 1
Le 18 mars 1867, j’arrivais à Liverpool. Le Great
Eastern devait partir quelques jours après pour New York, et
je venais prendre passage à son bord. Voyage d’amateur, rien de
plus. Une traversée de l’Atlantique sur ce gigantesque bateau me
tentait. Par occasion, je comptais visiter le North-Amérique, mais
accessoirement. Le Great Eastern d’abord. Le pays célébré
par Cooper ensuite. En effet, ce steamship est un chef-d’œuvre de
construction navale. C’est plus qu’un vaisseau, c’est une ville
flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après
avoir traversé la mer, va se souder au continent américain. Je me
figurais cette masse énorme emportée sur les flots, sa lutte contre
les vents qu’elle défie, son audace devant la mer impuissante, son
indifférence à la lame, sa stabilité au milieu de cet élément qui
secoue comme des chaloupes les Warriors et les
Solférinos. Mais mon imagination s’était arrêtée en deçà.
Toutes ces choses, je les vis pendant cette traversée, et bien
d’autres encore qui ne sont plus du Domaine maritime. Si le
Great Eastern n’est pas seulement une machine nautique, si
c’est un microcosme et s’il emporte un monde avec lui, un
observateur ne s’étonnera pas d’y rencontrer, comme sur un plus
grand théâtre, tous les instincts, tous les ridicules, toutes les
passions des hommes.
En quittant la gare, je me rendis à l’hôtel Adelphi. Le départ
du Great Eastern était annoncé pour le 20 mars. Désirant
suivre les derniers préparatifs, je fis demander au capitaine
Anderson, commandant du steamship, la permission de m’installer
immédiatement à bord. Il m’y autorisa fort obligeamment.
Le lendemain, je descendis vers les bassins qui forment une
double lisière de docks sur les rives de la Mersey. Les ponts
tournants me permirent d’atteindre le quai de New-Prince, sorte de
radeau mobile qui suit les mouvements de la marée. C’est une place
d’embarquement pour les nombreux boats qui font le service de
Birkenhead, annexe de Liverpool, située sur la rive gauche de la
Mersey.
Cette Mersey, comme la Tamise, n’est qu’une insignifiante
rivière, indigne du nom de fleuve, bien qu’elle se jette à la mer.
C’est une vaste dépression du sol, remplie d’eau, un véritable trou
que sa profondeur rend propre à recevoir des navires du plus fort
tonnage. Tel le Great Eastern, auquel la plupart des
autres ports du monde sont rigoureusement interdits. Grâce à cette
disposition naturelle, ces ruisseaux de la Tamise et de la Mersey
ont vu se fonder presque à leur embouchure, deux immenses villes de
commerce, Londres et Liverpool; de même et à peu près pour des
considérations identiques, Glasgow sur la rivière Clyde.
À la cale de New-Prince chauffait un tender, petit bateau à
vapeur, affecté au service du Great Eastern. Je
m’installai sur le pont, déjà encombré d’ouvriers et de manœuvres
qui se rendaient à bord du steamship. Quand sept heures du matin
sonnèrent à la tour Victoria, le tender largua ses amarres et
suivit à grande vitesse le flot montant de la Mersey.
À peine avait-il débordé que j’aperçus sur la cale un jeune
homme de grande taille, ayant cette physionomie aristocratique qui
distingue l’officier anglais. Je crus reconnaître en lui un de mes
amis, capitaine à l’armée des Indes, que je n’avais pas vu depuis
plusieurs années.
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