Voyage au centre de la Terre

Voyage au centre de la Terre
Jules Verne
Publication: 1864
Catégorie(s): Fiction, Action & Aventure, Science
Fiction
Source: http://www.ebooksgratuits.com
A Propos Verne:
Jules Gabriel Verne (February 8, 1828–March 24, 1905) was a
French author who pioneered the science-fiction genre. He is best
known for novels such as Journey To The Center Of The Earth (1864),
Twenty Thousand Leagues Under The Sea (1870), and Around the World
in Eighty Days (1873). Verne wrote about space, air, and underwater
travel before air travel and practical submarines were invented,
and before practical means of space travel had been devised. He is
the third most translated author in the world, according to Index
Translationum. Some of his books have been made into films. Verne,
along with Hugo Gernsback and H. G. Wells, is often popularly
referred to as the "Father of Science Fiction". Source:
Wikipedia
Disponible sur Feedbooks Verne:
20000 lieues sous
les mers (1871)
Le
Tour du monde en quatre-vingts jours (1873)
De
la Terre à la Lune (1865)
Michel
Strogoff (1874)
Autour de la
Lune (1869)
Une
Ville flottante (1870)
Cinq semaines en
ballon (1862)
Les
Enfants du capitaine Grant (1868)
Voyages et
Aventures du Capitaine Hatteras (1866)
Les
Naufragés du Jonathan (1909)
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Chapitre 1
Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur
Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au
numéro 19 de Königstrasse, l’une des plus anciennes rues du vieux
quartier de Hambourg.
La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner
commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine.
« Bon, me dis-je, s’il a faim, mon oncle, qui est le plus
impatient des hommes, va pousser des cris de détresse.
– Déjà M. Lidenbrock ! s’écria la bonne Marthe stupéfaite,
en entrebâillant la porte de la salle à manger.
– Oui, Marthe ; mais le dîner a le droit de ne point être
cuit, car il n’est pas deux heures. La demie vient à peine de
sonner à Saint-Michel.
– Alors pourquoi M. Lidenbrock rentre-t-il ?
– Il nous le dira vraisemblablement.
– Le voilà ! je me sauve, monsieur Axel, vous lui ferez
entendre raison. » Et la bonne Marthe regagna son laboratoire
culinaire.
Je restai seul. Mais de faire entendre raison au plus irascible
des professeurs, c’est ce que mon caractère un peu indécis ne me
permettait pas. Aussi je me préparais à regagner prudemment ma
petite chambre du haut, quand la porte de la rue cria sur ses
gonds ; de grands pieds firent craquer l’escalier de bois, et
le maître de la maison, traversant la salle à manger, se précipita
aussitôt dans son cabinet de travail.
Mais, pendant ce rapide passage, il avait jeté dans un coin sa
canne à tête de casse-noisettes, sur la table son large chapeau à
poils rebroussés, et à son neveu ces paroles retentissantes :
« Axel, suis-moi ! »
Je n’avais pas eu le temps de bouger que le professeur me criait
déjà avec un vif accent d’impatience :
« Eh bien ! tu n’es pas encore ici ? »
Je m’élançai dans le cabinet de mon redoutable maître.
Otto Lidenbrock n’était pas un méchant homme, j’en conviens
volontiers ; mais, à moins de changements improbables, il
mourra dans la peau d’un terrible original.
Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de
minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère
une fois ou deux. Non point qu’il se préoccupât d’avoir des élèves
assidus à ses leçons, ni du degré d’attention qu’ils lui
accordaient, ni du succès qu’ils pouvaient obtenir par la
suite ; ces détails ne l’inquiétaient guère. Il professait «
subjectivement », suivant une expression de la philosophie
allemande, pour lui et non pour les autres. C’était un savant
égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en
voulait tirer quelque chose : en un mot, un avare.
Il y a quelques professeurs de ce genre en Allemagne.
Mon oncle, malheureusement, ne jouissait pas d’une extrême
facilité de prononciation, sinon dans l’intimité, au moins quand il
parlait en public, et c’est un défaut regrettable chez un orateur.
En effet, dans ses démonstrations au Johannaeum, souvent le
professeur s’arrêtait court ; il luttait contre un mot
récalcitrant qui ne voulait pas glisser entre ses lèvres, un de ces
mots qui résistent, se gonflent et finissent par sortir sous la
forme peu scientifique d’un juron. De là, grande colère.
Or, il y a en minéralogie bien des dénominations semi-grecques,
semi-latines, difficiles à prononcer, de ces rudes appellations qui
écorcheraient les lèvres d’un poète. Je ne veux pas dire du mal de
cette science. Loin de moi. Mais lorsqu’on se trouve en présence
des cristallisations rhomboédriques, des résines rétinasphaltes,
des ghélénites, des fangasites, des molybdates de plomb, des
tungstates de manganèse et des titaniates de zircone, il est permis
à la langue la plus adroite de fourcher.
Donc, dans la ville, on connaissait cette pardonnable infirmité
de mon oncle, et on en abusait, et on l’attendait aux passages
dangereux, et il se mettait en fureur, et l’on riait, ce qui n’est
pas de bon goût, même pour des Allemands. Et s’il y avait toujours
grande affluence d’auditeurs aux cours de Lidenbrock, combien les
suivaient assidûment qui venaient surtout pour se dérider aux
belles colères du professeur !
Quoi qu’il en soit, mon oncle, je ne saurais trop le dire, était
un véritable savant. Bien qu’il cassât parfois ses échantillons à
les essayer trop brusquement, il joignait au génie du géologue
l’œil du minéralogiste. Avec son marteau, sa pointe d’acier, son
aiguille aimantée, son chalumeau et son flacon d’acide nitrique,
c’était un homme très fort. À la cassure, à l’aspect, à la dureté,
à la fusibilité, au son, à l’odeur, au goût d’un minéral
quelconque, il le classait sans hésiter parmi les six cents espèces
que la science compte aujourd’hui.
Aussi le nom de Lidenbrock retentissait avec honneur dans les
gymnases et les associations nationales. MM. Humphry Davy, de
Humboldt, les capitaines Franklin et Sabine, ne manquèrent pas de
lui rendre visite à leur passage à Hambourg. MM. Becquerel,
Ebelmen, Brewster, Dumas, Milne-Edwards, Sainte-Claire-Deville,
aimaient à le consulter sur des questions les plus palpitantes de
la chimie.
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