Maman m’a prévenue, mais sans me donner de précisions...

— Alors, votre maman vous a téléphoné ?... Donc, vous êtes au courant ?

— Je n’en suis pas sûre. En réalité, à l’heure qu’il est et dans l’état où je suis, je crois bien que je ne suis au courant de rien...

Elle se jeta en arrière sur le canapé. Callaghan commençait à se faire de Léonore Wilbery une opinion assez nette.

— Croyez-vous que vous voyez assez clair pour comprendre ce dont je voudrais vous parler ? Je pose la question parce qu’il s’agit d’une chose importante.

— Je ne peux pas dire. Mais, si c’est grave, ça me dégrisera. Ce n’est pas votre avis ?

— Regardez-moi !

Elle obéit. Il la considéra longuement. Elle semblait ivre, mais son sourire restait délicieux et elle avait une façon charmante d’entrouvrir ses lèvres, qui découvraient des dents d’une blancheur éblouissante. Pour la couleur des yeux, il hésitait de nouveau entre l’améthyste et le violet.

— J’espère que ce que je vais vous dire vous paraîtra digne d’attention. Voici ce dont il s’agit. Hier soir, j’ai rencontré une jeune femme du nom de Varette. La connaissez-vous ?

— Elle n’a pas d’autre nom ?

— Elle a un prénom, comme tout le monde. Elle s’appelle Doria... Doria Varette... Ça ne vous dit rien ?

— Rien du tout !... Et je ne vous cacherai pas que j’ai une fichue opinion de quelqu’un qui porte un nom pareil !... En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’elle et je ne l’ai jamais vue.

— Ça ne fait rien. Moi, je l’ai rencontrée et je l’ai trouvée gentille. Le point est d’ailleurs secondaire. L’important, c’est que miss Varette est amoureuse de votre frère Lionel et qu’elle le considère comme disparu. Avez-vous compris ce que je viens de dire ?

— Très bien, mais j’avoue que ça ne m’intéresse guère. Est-ce que vous vous occuperiez de divorces, par hasard ?

— Non.

— Ainsi, cette Doria Varette, que vous trouvez gentille, pense que Lionel a disparu.

Se penchant vers lui, elle posa la main sur son genou, et, d’un ton mélodramatique, lui demanda s’il était amoureux de Doria Varette.

— Pas pour le moment. A vrai dire, le temps m’a manqué. Mais revenons à Lionel... Il ne vous cause aucun souci particulier ?

Elle hésita un peu.

— Si. Il me donne beaucoup de tracas. Comme toujours...

— Pourquoi ?

— Pourquoi ?... Parce que Lionel est un drôle de type... Un très drôle de type, même... Quand vous êtes la sœur d’un bonhomme dans son genre, vous ne pouvez pas être sans inquiétude à son sujet. Mais continuez, monsieur Callaghan, je vous en prie !

— Je suis donc allé à Scotland Yard, pour demander si quelqu’un avait signalé la disparition de Lionel Wilbery.