Aurélia
A propos de Nerval:
Gérard de Nerval est né le dimanche 22 mai 1808, au 168 rue
Saint-Martin à Paris. Deux ans plus tard, sa mère meurt en Silésie
alors qu’elle accompagnait son mari, médecin militaire de la Grande
armée napoléonienne. Il est élevé par son grand-oncle maternel,
Antoine Boucher, dans la campagne du Valois à Mortefontaine.
Installé à Paris en 1814, lors du retour de son père, il reviendra
régulièrement dans ces lieux évoqués dans nombre de ses
nouvelles.
Encore lycéen, il se signale par ses traductions de Faust
(1828), puis d'Hoffmann et d'autres œuvres de Goethe, qui
ont longtemps gardé la réputation de compter parmi les meilleures
qui soient. La première de celles-ci, simplement signée « Gérard »,
paraît en novembre 1827 et ne porte que sur la première partie du
chef-d’œuvre, la seule connue alors. Goethe apprécia grandement le
travail, allant jusqu’à dire qu’il aurait écrit sa pièce ainsi s’il
avait dû l’écrire en français. Le compositeur Hector Berlioz s’en
inspirera pour son opéra la Damnation de Faust.
Nerval se lie d’amitié avec Théophile Gautier, Victor Hugo et
Alexandre Dumas. Avec Petrus Borel, il devient l'un des
premiers membres des "Jeunes-France". Il soutient
activement Hugo lors de la bataille d’Hernani déclenchée le 25
février 1830 au cours de sa première représentation. En 1835, il
s’installe rue du Doyenné chez Camille Rougier où tout un groupe de
romantiques s’y retrouve. En 1846, il s’installe au "Château
des brouillards" de Montmartre. Il décrira cette époque dans
un ouvrage sur le théâtre contemporain qui paraîtra en 1852.
En 1836, il s'éprend de l’actrice Jenny Colon qui ne le lui
rend pas. Il lui voue un culte idolâtre même après la mort de
celle-ci : figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme
idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa
pensée, Marie, Isis, la reine de Saba... À partir de 1841, il
connaît plusieurs crises de démence qui le conduisent à la maison
de santé du docteur Blanche. Ses séjours dans cet établissement
alternent avec des voyages en Allemagne et au Moyen-Orient. Son
Voyage en Orient paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au
docteur Blanche datée du 22 octobre 1853, avoir été initié aux
mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint
le grade de « refit », l’un des plus élevés de cette confrérie.
Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de
symbolisme, notamment alchimique.
Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, en Hollande, à
Londres... et rédige des reportages et impressions de voyages. En
même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets
d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich
Heine (recueil imprimé en 1848). Nerval vit ses dernières années
dans la détresse matérielle et morale. C'est à cette période
qu'il écrira ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se
purger de ses émotions sur les conseils du docteur Blanche :
les Filles du feu, Aurélia ou le rêve et la vie (1853-1854).
Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d'une
grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne, dans
le « coin le plus sordide qu’il ait pu trouver », selon la formule
de Baudelaire. Ses amis émirent l'hypothèse d'un assassinat
perpétré par des rôdeurs, au cours d'une de ses promenades
habituelles dans des lieux mal famés, mais il s'est
certainement suicidé. Toutefois le doute subsiste car il fut
retrouvé avec son chapeau sur la tête alors qu'il aurait
normalement du tombé du fait de l'agitation provoquée par la
strangulation.
On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 Francs,
somme qui, selon lui, aurait suffit pour survivre durant
l'hiver. La cérémonie funéraire eût lieu à la cathédrale de
Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée
malgrés son suicide présumé du fait de son état mental. Théophile
Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au
cimetière du Père-Lachaise.
Source: Wikipédia
Disponible sur Feedbooks pour Nerval:
Les
Chimères (1854)
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Partie 1
Chapitre 1
Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir
ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde
invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la
mort; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne
pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une
autre forme continue l'oeuvre de l'existence. C'est un
souterrain vague qui s'éclaire peu à peu et où se dégagent de
l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui
habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté
nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres; - le
monde des Esprits s'ouvre pour nous.
Swedenborg appelait ces visions Memorabilia; il les
devait à la rêverie plus souvent qu'au sommeil. L'Ane
d'or d'Apulée, la Divine Comédie du Dante, sont
les modèles poétiques de ces études de l'âme humaine. Je vais
essayer, à leur exemple, de transcrire les impressions d'une
longue maladie qui s'est passée tout entière dans les mystères
de mon esprit; - et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme
maladie, car jamais, quant à ce qui est de moi-même, je ne me suis
senti mieux portant.
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