Au matin j’ôte bandes et souliers et tout le jour je reste déchaussé. Le soir ça va mieux. Arrivée à Fresnes en bavardant avec Legouis.
Mardi 24 [novembre]
Arrivée à Fresnes. Couché à la cuisine avec les cuisiniers – bien chaud, bien dormi. Reçu lettres Delphine, Machard [26], Laval, Martinet [27].
Mercredi 25 [novembre]
Neige, temps gris, retard des lettres.
Jeudi 26 [novembre]
Retour dans la tranchée par la neige. Les niches ont disparu pour les abris de combat non achevés. Les braseros individuels – boîtes de singe – travail la nuit – je vais me coucher un moment – dérangé par la 2e section qui abat mon abri – froid. Repas abondant – confiture excellente – beurre. La relève se fait longtemps attendre et il gèle – la jeune lune monte dans le ciel tandis que flambe devant nous une nouvelle maison de Marchéville.
Vendredi 27 [novembre]
Le dispositif est encore changé et nous rentrons à Manheulles pour 4 jours. 1re nuit à la grange. Au matin, je nettoie une pièce où nous nous installons. On me trouve une caisse à cartouches pour cantine – Dastis dégote une baignoire – je me suis lavé avec délices – voulu envoyer une carte à Delphine. Trop tard, il faut qu’elles partent avant 10 h et ce c… de Toréano ne m’en a pas averti. J’en pleurerais de rage. Pauvre gosse qui va attendre sa petite lettre quotidienne.
Samedi 28 [novembre]
Écrit longuement – bien déjeuné. La chambre est très confortable – après-midi pris un bain. Demain on nous annonce une marche militaire – ô emmerdement ! Pluie terrible toute la nuit et fusillade.
Dimanche 29 [novembre]
Nettoyage du casernement – journée calme – le soir on nous annonce pour demain une revue de casernement par le général B. de Morlaincourt [28]. Nuit délicieuse.
Lundi 30 [novembre]
Réveil de bonne heure et dernier coup de « fion » au casernement. C’est idiot de faire ainsi sortir tout le monde à 5 km de l’ennemi – aussi, en pleine revue, d’énormes marmites pleuvent sur Manheulles – 6 morts, nous dit-on, et quantité de blessés – trous énormes – ma demi-section se terre dans son abri et pendant ce temps-là je vais me débarbouiller. À midi, calme relatif – ce n’est plus que du 77 qui arrive et nous mangeons le délicieux gâteau de riz rapporté par Braconnot – l’après-midi est calme. J’arrange ma caisse à cartouches en cantine confortable. Écris à ma petite Delphine. Le lieutt Ferry va partir et Legouis cherche à ce que ce soit moi qui sois nommé pour le remplacer. Charmant garçon. J’attends. Départ et arrivée à Riaville.
Mardi 1er décembre
Départ et arrivée à Riaville qui a été terriblement bombardé aussi – à l’issue lavoir où je suis de garde, des trous effrayants décèlent l’arrivée de gros obus allemands. Peu de pertes malgré cela. Nous avons du feu dans notre bergerie et comme nous ne sommes pas bombardés, la journée en somme est bonne. Je fais du chocolat – le temps est doux – le soir à 7 h départ pour la tranchée.
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