Jean n.d.d. veut f… dedans le sergent de jour au sujet du rassemblement des éclopés pour les patates, il y a dans sa note d’hier une phrase si ambiguë et si incompréhensible où tous les ss-off doivent émarger et si ses ordres inexécutables ne sont pas exécutés nous serons punis : des sanct-ions comme il dit.
1er octobre
Nouvelles contradictoires sensationnelles – ça irait très bien paraît-il. Nous sommes désignés pour partir, Raveton, Dastis, Bournat, Dauphin et moi. Drain reste. Nous ignorons la date de notre départ.
2 octobre
Il paraît que ça va très bien sur l’Aisne et autour de nous, mais rien d’officiel – nous partons demain à 6 h pour la tranchée de Calonne.
Raveton à la 1re Cie, je suis à la 2e avec Dastis.
3 octobre
Le major brute de la gare se nomme Chaudoye. Sa conduite à Étain avec Cesbron. Départ à 6 h avec les camarades – soleil magnifique – pauses diverses – grande halte avant l’arrivée à la tranchée. La route sous bois dans la forêt qui commence à mûrir. L’arrivée – rencontre avec le capitaine. Nous sommes affectés Dastis et moi à la 4e section. Notre hutte pour la nuit. Les feux de bivouac – la soupe – la 1re nuit plutôt fraîche – la terre est dure. Réveil sous la pluie le…
4 octobre
Le temps s’éclaircit – la forêt sous le brouillard – l’aménagement de la hutte – corvée d’eau au loin – corvée de route. Le soir nous prenons les avant-postes. Causeries avec mon chef de section, lieutt Boizeau sorti de Saint-Cyr cette année : il est bourguignon et nous sympathisons. Je suis chef de petit poste au moulin de Bonzée avec un poste d’écoute à 350 m sur la route de Fresnes – bombardement dans la nuit – les obus allemands sifflent au-dessus de nos têtes : ça vous fiche tout de même un petit coup dans l’épigastre, mais au 3e ou au 4e on y est habitué.
[Dimanche 4 au lundi 5 octobre] [8]
Rien de particulier dans la nuit sauf quelques coups de canon d’heure en heure.
Vers 7 h au-delà de la Côte aux Hures le ballon allemand s’est élevé, est redescendu vers 10 h et remonté vers 10 h ½.
À 11 h ¼ des mitrailleuses ont exécuté des feux dans la direction de Fresnes-en-Woëvre et au sud de Fresnes. Le village de Mesnil-sous-les-Côtes est bombardé. Une compagnie française qui gravissait en tirailleurs le versant ouest de la Côte aux Hures a reçu des obus qui ont causé un certain désordre et probablement des pertes (11 h[ommes]).
Vers 1 h le bombardement a cessé. À 2 h il reprend.
À 1 h ½ des compagnies venant de Trésauvaux montent en tirailleurs le versant est de la Côte aux Hures.
2 h ½ des obus éclatent au-dessous et un peu au nord de Trésauvaux.
[lundi] 5 octobre
Pas dormi de la nuit. Le matin visite du lieutt, nous n’avons pas été attaqués – je me suis lavé.
Mangé une poule aux patates, cependant que les obus allemands faisaient rage mettant le feu à Mesnil, à 1500 m de notre poste. Pas vu le vaguemestre – bombardement intense. Nous rentrons vers 10 h du soir au bivouac, harassés sous la pluie. En arrivant nous apprenons que nous ne devons pas nous coucher. Demain il y aura une grande bataille. Ça fait 2 nuits sans dormir.
[mardi] 6 octobre
Refait mon sac avec vivres de réserve. Pas de café, les hommes l’ont oublié. Départ à 3 ½ dans la nuit sur Haudiomont. Le projecteur allemand.
Nous sommes soutenus par 2 batteries de 75 et une d’artillerie lourde – notre canonnade – l’attente dans le froid du matin, sous la pluie, couchés dans les chaumes. Nous venons à Manheulles-Bonchamp où nous restons en attente. Le bombardement fait rage à notre gauche – déjeuné d’un morceau de viande, de riz et de chocolat et une goutte de rhum pour finir.
J’ai perdu mon couteau dans le chaume où nous étions couchés.
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