Deux autres hommes sont avec moi. Ils vont sans doute monter bientôt. Ne me parle plus après leur arrivée.
— Tu crois qu’ils nous dénonceraient ?
— Je l’ignore, avoua-t-il. Mais je ne veux prendre aucun risque.
Après cela, nous nous réfugiâmes dans le silence. Il ne nous fallut pas attendre longtemps avant d’entendre des bruits de pas à l’extérieur, et un instant plus tard les deux autres hommes entrèrent dans la caverne. Ils étaient plongés dans une conversation et ils en apportaient la conclusion avec eux.
— … m’a battu ; et donc je n’en ai pas dit plus ; mais juste avant que nous montions j’ai entendu les femmes qui en parlaient. Presque tout le monde était dans les cavernes à ce moment-là. C’était juste avant que nous descendions allumer les feux pour le dernier repas, juste avant la tombée de la nuit. J’étais sorti de la caverne pour descendre lorsque j’ai levé les yeux par hasard, et je l’ai vu.
— Pourquoi ta femme t’a-t-elle battu ?
— Elle disait que je mentais et qu’elle n’aimait pas les menteurs, qu’elle ne pouvait pas les supporter et que si je racontais un mensonge idiot comme ça j’étais capable de mentir sur n’importe quoi. Mais voilà que deux des femmes ont dit qu’elles l’avaient vu.
— Qu’est-ce que ta femme en a dit ?
— Elle a dit que j’aurai sans doute droit à une rossée de toute façon.
— À quoi est-ce que cette chose ressemblait ?
— C’était comme un grand oiseau, mais il ne battait pas des ailes. Il est passé juste au-dessus du canyon. Les femmes qui l’ont vu ont dit que c’était la même chose qu’elles avaient vue posée sur le sol lorsqu’elles ont capturé la nouvelle esclave aujourd’hui et tué l’homme aux cheveux jaunes.
— Cette chose devait être l’anotar dont a parlé Lula.
— Mais il a dit qu’il ne faisait que plaisanter.
— Comment pourrait-il plaisanter à propos de quelque chose qu’il n’a jamais vu ? Il y a quelque chose de bizarre là-dessous. Hé, Lula !
Il n’y eut pas de réponse.
— Hé, toi, Lula ! lança à nouveau l’homme.
— Je dors, fit Lula.
— Alors, tu ferais mieux de te réveiller. Nous voulons tout savoir sur cet anotar, insista l’homme.
— Je ne sais rien. Je ne l’ai jamais vu. Je ne suis jamais monté dedans.
— Qui a dit que tu y étais monté ? Comment un homme pourrait-il monter en l’air dans quoi que ce soit ? C’est impossible.
— Oh, si, c’est possible, s’exclama Lula. Deux hommes peuvent y voyager, peut-être quatre. Il vole partout où tu veux aller.
— Je croyais que tu ne savais rien à ce sujet.
— Je vais dormir, déclara Lula.
— Tu vas tout nous raconter sur cet anotar, ou bien je te dénoncerai à Bund.
— Oh, Vyla ! Tu ne ferais pas ça ? s’écria Lula.
— Si, je le ferais, insista Vyla. Tu ferais mieux de tout nous dire.
— Si je le fais, promettras-tu de n’en parler à personne ?
— Je le promets.
— Et toi, Ellie ? Est-ce que tu le promets ? demanda Lula.
— Je ne parlerais jamais à personne de toi, Lula ; tu devrais savoir ça, lui assura-t-il. Allons, continue, raconte-nous tout.
— Eh bien, je l’ai vu, et j’ai voyagé dedans, là-haut dans le ciel.
— Maintenant c’est toi qui mens, Lula, lui reprocha Vyla.
— Juste ciel, non, insista Lula, et si vous ne me croyez pas moi, demandez à Carson.
Je m’étais attendu à ce que le crétin crachât le morceau et donc je ne fus pas trop surpris. Je crois que si Lula avait eu une note pour son Q.I. elle aurait été d’environ deux dixièmes.
— Et qui est Carson ? demanda Vyla.
— C’est lui qui fait monter l’anotar dans les airs, expliqua Lula.
— Eh bien, comment pouvons-nous le lui demander ? Je crois que tu mens encore, Lula. Tu prends la mauvaise habitude de mentir, ces derniers temps.
— Je ne mens pas, et si vous ne me croyez pas, vous pouvez demander à Carson. Il est juste ici, dans cette caverne.
— Quoi ? demandèrent à l’unisson les deux hommes.
— Lula ne ment pas, dis-je. Je suis ici. De plus, Lula a voyagé dans l’anotar avec moi. Si vous deux voulez faire un tour, je vous emmènerai là-haut demain – si vous pouvez me faire sortir d’ici sans que les femmes me voient.
Il y eut un moment de silence ; puis Ellie parla d’une voix assez effrayée.
— Que dirait Jad si elle avait connaissance de tout cela ? demanda-t-il.
Jad était le chef.
— Tu as promis de ne pas parler, lui rappela Lula.
— Jad n’a rien à savoir, à moins que l’un de vous ne parle, dis-je, et si vous le faites, je dirai que vous étiez tous trois au courant de tout et que vous tentiez de me forcer à la tuer.
— Oh, tu ne dirais pas ça, pas vrai ? s’écria Ellie.
— Bien sûr que si. Mais si vous m’aidez, personne ne saura jamais rien. Et en prime vous aurez droit à un voyage dans l’anotar.
— J’aurais peur, fit Ellie.
— Aucune raison d’avoir peur, dit Lula d’un ton important. Je n’avais pas peur.
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