– Vraiment ! (avec un étonnement joué).

– Quoi d’étonnant ?

– En effet, quoi ? dit-il, de son ton naturel. Mais il sied que je paraisse éprouver une certaine émotion à votre réponse ; la surprise est plus facilement traduisible et non moins en situation que tout autre sentiment. Poursuivons. Vîntes-vous jamais ici auparavant, mademoiselle ?

– Jamais monsieur.

– Vraiment ! Avez-vous honoré les Upper Rooms de votre présence ?

– Oui, monsieur. J’y étais lundi.

– Avez-vous été au théâtre ?

– Oui, monsieur. Mardi.

– Au concert ?

– Oui, monsieur. Mercredi.

– 17 –

– Bath vous plaît-il ?

– Oui, beaucoup.

– Maintenant il convient que je sourie avec plus d’affectation. Et ensuite nous pourrons redevenir naturels.

Catherine détourna la tête, ne sachant si elle pouvait se hasarder à rire.

– Je vois ce que vous pensez de moi, dit-il gravement. Je ferai piètre figure dans votre journal de demain.

– Mon journal !

– Oui, je sais exactement ce que vous direz : « Vendredi, allai aux Lower Rooms. Avais mis ma robe de mousseline à fleurs garnie de bleu, des souliers noirs. Étais très à mon avantage.

Mais fus étrangement harcelée par un olibrius qui voulut danser avec moi et dont l’absurdité m’affligea fort. »

– Certainement, je ne dirai pas cela.

– Vous dirai-je ce que vous devriez dire ?

– Je vous en prie.

– « Je dansai avec un jeune homme très aimable présenté par M. King. Parlé beaucoup avec lui. Semble un homme exceptionnel. Espère savoir davantage de lui. » Voilà, mademoiselle, ce que je souhaite que vous disiez.

– Mais, peut-être, je ne tiens pas de journal.