R.
‘Nos fesses ne sont pas les leurs…’
Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j’ai vu
Des gens déboutonnés derrière quelque haie,
Et, dans ces bains sans gêne où l’enfance s’égaie,
J’observais le plan et l’effet de notre cul.
Plus ferme, blême en bien des cas, il est pourvu
De méplats évidents que tapisse la claie
Des poils; pour elles, c’est seulement dans la raie
Charmante que fleurit le long satin touffu.
The Stupra
The Idol. Arsehole Sonnet
Puckered and obscure, like a violet’s eye,
It breathes, humbly bedded down in moss
—Moist with recent love—which lines the buttocks’
White and gentle slopes right to the ridge.
Filaments like streaks of milk
Have wept in cruel winds
That blow them back through little red clots,
To disappear where they’re inclined.
Often, it sucked in my murmured dream;
Jealous of coitus that merits the name,
My soul made it a wild, moist eye, its nest of tears.
It’s the ecstatic olive, the enchanted flute,
The tube that disgorges the heavenly almond,
The Promised Land of feminine clamminess.
Albert Mérat
P. V.—A. R.
‘Our buttocks…’
Our buttocks aren’t like theirs. Many times I’ve seen
Men behind some bush, trousers down,
And, as I watched them splash, happy as sandboys,
I’ve noted the effect of our arse’s geometry.
Firmer, and often pale, our arses have
Planes and elevations underneath the matted
Hair; with women, it’s only in the lovely
Parting that the long and tufted satin grows.
Une ingéniosité touchante et merveilleuse
Comme l’on ne voit qu’aux anges des saints tableaux
Imite la joue où le sourire se creuse.
Oh! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse,
Et libres tous les deux murmurer des sanglots?
‘Les anciens animaux saillissaient…’
Les anciens animaux saillissaient, même en course,
Avec des glands bardés de sang et d’excrément.
Nos pères étalaient leur membre fièrement
Par le pli de la gaine et le grain de la bourse.
Au moyen âge pour la femelle, ange ou pource
Il fallait un gaillard de solide grément;
Même un Kléber, d’après la culotte qui ment
Peut-être un peu, n’a pas dû manquer de ressource.
D’ailleurs l’homme au plus fier mammifère est égal;
L’énormité de leur membre à tort nous étonne;
Mais une heure stérile a sonné: le cheval
Et le bœuf ont bridé leurs ardeurs, et personne
N’osera plus dresser son orgueil génital
Dans les bosquets où grouille une enfance bouffonne.
A touching and wonderful openness, as found
Only on angels’ faces in religious art,
Mimics the cheek dimpled by a smile.
Oh, to be naked like that, and find peace and joy,
Face turned towards the loved one’s glory,
Able, both of us, to sob what we can’t say.
‘Once, animals spewed…’
Once, animals spewed sperm as they charged;
Excrement and blood smeared their glans.
Our fathers’ members stood out proud—
The lie of the shaft and the swell of the sack.
Medieval woman, sinner or saint,
Needed her man to be properly endowed.
Even a Kléber,* whose pants perhaps flattered
To deceive, must have had what it took.
Anyway, man is like the proudest mammals;
The great size of their glans should not surprise us;
But the sterile hour has struck; the horse
And the ox have reined in their passions; no one
Will dare run a flag up his genital pole
In those thickets where ludicrous children swarm.
Derniers vers
‘Qu’est-ce pour nous…’
Qu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris
De rage, sanglots de tout enfer renversant
Tout ordre; et l’Aquilon encor sur les débris
Et toute vengeance? Rien!… —Mais si, toute encor,
Nous la voulons! Industriels, princes, sénats,
Périssez! puissance, justice, histoire, à bas!
Ça nous est dû. Le sang! le sang! la flamme d’or!
Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur,
Mon Esprit! Tournons dans la Morsure: Ah! passez,
Républiques de ce monde! Des empereurs,
Des régiments, des colons, des peuples, assez!
Qui remuerait les tourbillons de feu furieux,
Que nous et ceux que nous nous imaginons frères?
A nous! Romanesques amis: ça va nous plaire.
Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux!
Europe, Asie, Amérique, disparaissez.
Notre marche vengeresse a tout occupé,
Cités et campagnes!—Nous serons écrasés!
Les volcans sauteront! et l’océan frappé…
Oh! mes amis!—mon cœur, c’est sûr, ils sont des frères:
Noirs inconnus, si nous allions! allons! allons!
Ô malheur! je me sens frémir, la vieille terre,
Sur moi de plus en plus à vous! la terre fond,
Ce n’est rien! j’y suis! j’y suis toujours.
Last Poems
‘What do they mean to us…’
What do they mean to us, my heart, the sheets of blood
And fire, the thousand murders, the long cries
Of rage, tears of all the hells upsetting
Every order; and still the north wind across the wreck;
And vengeance? None at all!… But yes,
We still want it! Industrialists, princes, senates,
Die! Down with power, justice, history!
This we are owed. Blood! The golden flame!
All-out war, vengeance, terror,
My soul! We’ll writhe among the teeth! Vanish,
Republics of this world! No more emperors,
Regiments, settlers, people!
Who’d stir the furious fires into frenzies,
If not us and those we call our brothers?
Our turn now, Romantic friends; joy now.
We’ll never toil, you waves of fire!
Europe, Asia, America, disappear.
Our march of revenge has taken everything
Cities, open land!—We’ll be crushed!
Volcanoes will erupt! the ocean whipped…
Oh, my friends! My heart, for sure, they are brothers.
Dark strangers, let’s go! Come!
Misery! I feel myself shake, the old earth
On me, more and more yours! earth melts,
It’s nothing; I’m here; I’m still here.*
Mémoire
1
L’eau claire; comme le sel des larmes d’enfance,
L’assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes;
la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
sous les murs dont quelque pucelle eut la défense;
l’ébat des anges;—Non… le courant d’or en marche
meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d’herbe. Elle
sombre, ayant le Ciel bleu pour ciel-de-lit, appelle
pour rideaux l’ombre de la colline et de l’arche.
2
Eh! l’humide carreau tend ses bouillons limpides!
L’eau meuble d’or pâle et sans fond les couches prêtes.
Les robes vertes et déteintes des fillettes
font les saules, d’où sautent les oiseaux sans brides.
Plus pure qu’un louis, jaune et chaude paupière
le souci d’eau—ta foi conjugale, ô l’Épouse!—
au midi prompt, de son terne miroir, jalouse
au ciel gris de chaleur la Sphère rose et chère.
3
Madame se tient trop debout dans la prairie
prochaine où neigent les fils du travail; l’ombrelle
aux doigts; foulant l’ombelle; trop fière pour elle;
des enfants lisant dans la verdure fleurie
leur livre de maroquin rouge! Hélas, Lui, comme
mille anges blancs qui se séparent sur la route,
s’éloigne par-delà la montagne! Elle, toute
froide, et noire, court! après le départ de l’homme!
Memory
1
Clear water; salty as childhood tears,
The whiteness of women’s bodies assaulting the sun;
silk, pure lilies massed, oriflammes
beneath walls which some Maid defended;
angels revelling;—No, the current of flowing gold,
moves its dark, heavy, cool arms of grass. It
sinks; with the blue Sky as canopy, it calls down
the curtain of the hill’s and arch’s shadow.
2
Look, the humid square offers limpid bubbles!y
Water gives the ready beds fathomless pale gold:
little girls’ faded green dresses
imitate willows, where birds hop freely.
Purer than a gold coin, warm and yellow eyelid,
the marsh marigold—your conjugal vow, Wife!—
at noon sharp, from its dull mirror, envies
the dear and rosy Orb in a fuddled grey sky.
3
Madame holds herself too stiff in the next field
where sons of toil flurry like snow; clutching
parasol; trampling umbels; too proud for her,
children in the flower-strewn grass, their noses
in books bound in red morocco! Alas, He, like
a thousand angels dispersing down the road,
fades beyond the mountain! She, utterly
cold and dark, runs! after the man has left!
4
Regret des bras épais et jeunes d’herbe pure!
Or des lunes d’avril au cœur du saint lit! Joie
des chantiers riverains à l’abandon, en proie
aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures!
Qu’elle pleure à présent sous les remparts! l’haleine
des peupliers d’en haut est pour la seule brise.
Puis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise:
un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine.
5
Jouet de cet œil d’eau morne, je n’y puis prendre,
ô canot immobile! oh! bras trop courts! ni l’une
ni l’autre fleur: ni la jaune qui m’importune,
là, ni la bleue, amie à l’eau couleur de cendre.
Ah! la poudre des saules qu’une aile secoue!
Les roses des roseaux dès longtemps dévorées!
Mon canot, toujours fixe; et sa chaîne tirée
Au fond de cet œil d’eau sans bords,—à quelle boue?
Larme
Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.
Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase?
Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.
4
Regret for the thick, young arms of pure green growth!
Gold of April moons deep in the sacred bed! Joy
of abandoned riverside yards, prey
to August evenings which bred this decay!
Let her weep now, beneath the ramparts! the breath
of tall poplars is the only breeze.
Then it’s the grey, matt sheet of water without source;
an old man in a tranquil boat, dredging.
5
Plaything of this dull eye of water, boat becalmed,
arms too short, I can reach neither one
flower nor the other; not the yellow one bothering me
there, nor the blue, friend to the ash-coloured water.
Ah, the powder shaken by a wing from willows!
The reed-roses long since eaten up!
My boat,* still tied fast; and its chain hauled deep
In this rimless round of water—into what mud?
Tear
Far from birds, flocks, from village girls,
I drank, squatting in heather,
Deep down among soft hazel-trees,
In a warm, green afternoon mist.
What can I have drunk from that young Oise,*
Voiceless elms, flowerless grass, overcast sky.
What did I draw from the colocasia’s gourd?
Some pale and golden liquid to make me sweat.
Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge.
Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.
L’eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares…
Or! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages,
Dire que je n’ai pas eu souci de boire!
Mai 1872.
La Rivière de Cassis
La Rivière de Cassis roule ignorée
En des vaux étranges:
La voix de cent corbeaux l’accompagne, vraie
Et bonne voix d’anges:
Avec les grands mouvements des sapinaies
Quand plusieurs vents plongent.
Tout roule avec des mystères révoltants
De campagnes d’anciens temps;
De donjons visités, de parcs importants:
C’est en ces bords qu’on entend
Les passions mortes des chevaliers errants:
Mais que salubre est le vent!
Que le piéton regarde à ces clairevoies:
Il ira plus courageux.
Soldats des forêts que le Seigneur envoie,
Chers corbeaux délicieux!
Faites fuir d’ici le paysan matois
Qui trinque d’un moignon vieux.
Mai 1872.
I’d have been a poor inn-sign, like this.
Then the storm changed the sky until evening.
It was all black lands and lakes and poles,
Colonnades under blue night, railway stations.
Wood-water vanished over virgin sands.
From the sky the wind pelted ponds with ice.
But, like a fisher for gold, a seeker of shells,
To think I didn’t trouble to drink!
May 1872
Blackcurrant River
Unsuspected Blackcurrant river rolls
Through strange valleys.
To the sound of a hundred crows, true
Good voice of angels,
And sweeping forest pines lean
When several winds swoop.
Everything rolls with the sickening mysteries
Of olden-day lands;
Dungeons inspected, substantial parks;
On these banks you hear
The dead passions of knights-errant—
But how the wind restores!
Let the walker look through this lattice-work;
He’ll proceed with more courage.
You soldiers of the forest, sent by Heaven,
Dear delicious crows,
See off the cunning peasant, raising
A glass in his old stump!
May 1872
Comédie de la Soif
I Les Parents
Nous sommes tes Grands-Parents,
Les Grands!
Couverts des froides sueurs
De la lune et des verdures.
Nos vins secs avaient du cœur!
Au soleil sans imposture
Que faut-il à l’homme? boire.
MOI— Mourir aux fleuves barbares.
Nous sommes tes Grands-Parents
Des champs.
L’eau est au fond des osiers:
Vois le courant du fossé
Autour du Château mouillé.
Descendons en nos celliers;
Après, le cidre et le lait.
MOI— Aller où boivent les vaches.
Nous sommes tes Grands-Parents;
Tiens, prends
Les liqueurs dans nos armoires;
Le Thé, le Café, si rares,
Frémissent dans les bouilloires.
—Vois les images, les fleurs.
Nous rentrons du cimetière.
MOI— Ah! tarir toutes les urnes!
Comedy of Thirst
I Parents
We’re your grandparents,
Your Elders!
Covered in the cold sweat
Of moon and greenery,
Our dry wines had heart!
Beneath the undeceiving sun
What does man need? To Drink.
ME: Die in barbarous waves.
We’re your grandparents
Of open fields.
The water lies deep in the reeds:
See it flow in the moat
Round the water-washed castle.
Let’s go down into our stores;
Afterwards, cider or milk.
ME: Let’s go drink with the cows.
We’re your grandparents;
Here, take
Liqueurs from our cupboards;
Teas, Coffees, the rarest,
Tremble in boiling-pans.
—See the portraits, flowers.
We’re back from the graveyard.
ME: Ah, empty all the urns!
2 L’Esprit
Éternelles Ondines
Divisez l’eau fine.
Vénus, sœur de l’azur,
Émeus le flot pur.
Juifs errants de Norwège
Dites-moi la neige.
Anciens exilés chers,
Dites-moi la mer.
MOI— Non, plus ces boissons pures,
Ces fleurs d’eau pour verres;
Légendes ni figures
Ne me désaltèrent;
Chansonnier, ta filleule
C’est ma soif si folle,
Hydre intime sans gueules
Qui mine et désole.
3 Les Amis
Viens, les Vins vont aux plages,
Et les flots par millions!
Vois le Bitter sauvage
Rouler du haut des monts!
Gagnons, pèlerins sages,
L’absinthe aux verts piliers…
MOI— Plus ces paysages.
Qu’est l’ivresse, Amis?
J’aime autant, mieux, même,
Pourrir dans l’étang,
Sous l’affreuse crème,
Près des bois flottants.
2 Spirit
Eternal Sprites
Part the gossamer waters.
Venus, sister of the blue,
Stir the pure wave.
Wandering Norway Jews
Tell me the snow.
Old and dear exiles,
Tell me the sea.
ME: No, enough of those pure drinks,
These water-flowers for vases;
Legends and faces
Won’t quench my thirst;
Songster, your godchild
Is my mad need to drink
Mouthless Hydra* deep inside
Spreading desolation.
3 Friends
Come, the Wines are heading for the sea,
And a million waves!
See wild Bitter Beer
Foam down from summits!
Good pilgrims, let’s find
The green pillars of Absinthe…
ME: Leave those landscapes.
Friends, what is drunkenness?
I’d as soon—no, rather—
Rot in the pond,
Under frightful scum,
By the floating wood.
4 Le Pauvre Songe
Peut-être un Soir m’attend
Où je boirai tranquille
En quelque vieille Ville,
Et mourrai plus content:
Puisque je suis patient!
Si mon mal se résigne,
Si j’ai jamais quelque or,
Choisirai-je le Nord
Ou le Pays des Vignes?…
—Ah songer est indigne
Puisque c’est pure perte!
Et si je redeviens
Le voyageur ancien
Jamais l’auberge verte
Ne peut bien m’être ouverte.
5 Conclusion
Les pigeons qui tremblent dans la prairie,
Le gibier, qui court et qui voit la nuit,
Les bêtes des eaux, la bête asservie,
Les derniers papillons!… ont soif aussi.
Mais fondre où fond ce nuage sans guide,
—Oh! favorisé de ce qui est frais!
Expirer en ces violettes humides
Dont les aurores chargent ces forêts?
Mai 1872.
Bonne pensée du matin
A quatre heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets l’aube évapore
L’odeur du soir fêté.
4 The Poor Man Dreams
Perhaps an Evening awaits me
When I shall quietly drink
In some ancient City
And die more easily:
Since I’m patient!
If I ignore my pain,
If I can ever get gold,
Will I choose the North
Or the Land of Vines?…
—Ah, dreaming is shameful
Since it’s utter loss!
And if once more I am
The traveller once I was,
The Green Inn* will never
Welcome me with open doors.
5 Conclusion
The pigeons which tremble in the field,
Game, on the run, seeing night,
Water-creatures, bidden beasts,
The final butterflies… are thirsty too.
But, vanish where the unleashed cloud dissolves
—Smiled on by what is fresh!
Expire among moist violets here
Whose burgeonings fill these forests?
May 1872
Lovely Morning Thought
Four a.m. in summertime,
Love stays fast asleep.
In gardens dawn dispels last
Evening’s headiness.
Mais là-bas dans l’immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s’agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.
Ah! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus! laisse un peu les Amants,
Dont l’âme est en couronne.
Ô Reine des Bergers!
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.
Mai 1872.
Fêtes de la patience
Bannières de mai
Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.
But on the vast site stretching up
Towards the golden apple sun*
The shirt-sleeved carpenters
Already work.
Calm in their deserts of moss
They panel fine ceilings
Where the town’s wealth will laugh
Under false skies.
For these charming Workers,
These Babylon King’s men,*
Venus, leave the lovers be
In aureoles of bliss.
O Queen of Shepherds!*
Bring the workers eau-de-vie
To calm their strength
Until they can bathe at noon in the sea.
May 1872
Festivals of Patience
Banners of May
Among the lime-trees’ bright branches,
A spent hunting-horn;
But lively spring songs
Flit among currant-bushes.
Let our blood laugh in our veins,
See the vines tangle.
The sky’s as sweet as angels.
Water and sky become one.
I’m off. Should a ray of light wound me
I’ll expire on the moss.
Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
Je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortune.
Que par toi beaucoup, ô Nature,
—Ah moins seul et moins nul!—je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien;
Et libre soit cette infortune.
Mai 1872.
Chanson de la plus haute tour
Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah! Que le temps vienne
Où les cœurs s’éprennent.
Je me suis dit: laisse,
Et qu’on ne te voie:
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête
Auguste retraite.
Patience, boredom
Are too simple. My pointless pains.
I want dramatic summer
To tie me to its chariot of fortune.
Nature, let me die so much by you,
Less lonely, less useless!
Not like Lovers—strange—who
Die mostly by the world.
I don’t mind that the seasons use me.
I give myself up, Nature, to you,
And my hunger, all my thirst.
If it pleases you, nourish and quench.
Nothing at all deceives me;
To laugh at the sun means laughing at parents,
But me, I want nothing, nothing:
And may this misfortune live free.
May 1872
Song from the Highest Tower
Indolent youth
The plaything of all,
Through too much discretion
I’ve wasted my life.
Ah! roll on the day
When love is for real.
I told myself: leave
And keep out of sight:
Forget any promise
Of loftier joys.
Let nothing impede
Your Olympian retreat.
J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.
Ainsi la Prairie
A l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.
Ah! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame!
Est-ce que l’on prie
La Vierge Marie?
Oisive jeunesse
À tout asservie
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah! Que le temps vienne
Où les cœurs s’éprennent!
Mai 1872.
L’Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi?—L’Éternité
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Âme sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
I’ve shown such great patience
That now I forget,
All suffering and fear
Are lost in the air.
Unhealthy thirsting
Blackens my veins.
Like the Great Meadow
Left in neglect,
With blossoming darnel
And rosemary, wild
Savage music
Of swarming black flies.
A thousand bereavements
Of this widowed soul
With only the picture
Of the Mother of Christ!
Do we say prayers
To the Virgin on high?
Indolent youth,
The plaything of all,
Through too much discretion
I’ve wasted my life.
Ah! roll on the day
When love is for real.
May 1872
Eternity
Found again. What?
Eternity.
The sea gone
With the sun.
Sentinel soul,
We’ll breathe the truth
Of vacant night
And burning day.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise: enfin.
Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi?—L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Mai 1872.
Âge d’or
Quelqu’une des voix
Toujours angélique
—Il s’agit de moi,—
Vertement s’explique:
Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie;
Reconnais ce tour
Si gai, si facile:
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille!
From people’s praise,
Vulgar élan,
You free yourself,
Fly where you can.
Since from just you,
Embers of silk,
Rises The Task
With no ‘at lasts’.
There, no hope,
No new start.
Truth through patience
Torture for sure.
Found again. What?
Eternity.
The sea gone
With the sun.
May 1872
Golden Age
One of the voices,
Always angelic
—It’s about me—
Remonstrates:
These thousand questions
Making more questions
In the end bring only
Madness and intoxication;
Recognize this happy,
Easy round:
It’s merely wave, flower,
And it’s your family!
Puis elle chante. Ô
Si gai, si facile,
Et visible à l’œil nu…
—Je chante avec elle,—
Reconnais ce tour
Si gai, si facile,
Ce n’est qu’onde, flore,
Et c’est ta famille!…etc….
Et puis une voix
—Est-elle angélique!—
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique;
Et chante à l’instant
En sœur des haleines:
D’un ton Allemand,
Mais ardente et pleine:
Le monde est vicieux;
Si cela t’étonne!
Vis et laisse au feu
L’obscure infortune.
Ô! joli château!
Que ta vie est claire!
De quel Âge es-tu,
Nature princière
De notre grand frère! etc….,
Je chante aussi, moi:
Multiples sœurs! voix
Pas du tout publiques!
Environnez-moi
De gloire pudique…etc….,
Juin 1872.
Then it sings. O
So happy, so easy,
Visible to the naked eye…
—I sing too—
Recognize this happy,
Easy round,
It’s merely wave, flower,
And it’s your family!… etc….
And then a voice
—So angelic!—
It’s about me,
Remonstrates;
And suddenly sings
Like a sister of air:
Sounding Germanic
But ardent, full:
The world’s vicious;
You’re scarcely surprised!
Live and bequeath to the fire
Dark misfortune.
O, beautiful chateau!
How full of light your life!
Which Age is yours,
Princely nature
Of our older brother! etc….
Me too, I sing:
Several sisters! Voices
Not to be broadcast!
Ring me round
With modest glory… etc….
June 1872
Jeune ménage
La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin;
Pas de place: des coffrets et des huches!
Dehors le mur est plain d’aristoloches
Où vibrent les gencives des lutins.
Que ce sont bien intrigues de génies,
Cette dépense et ces désordres vains!
C’est la fée africaine qui fournit
La mûre, et les résilles dans les coins.
Plusieurs entrent, marraines mécontentes,
En pans de lumière dans les buffets,
Puis y restent! le ménage s’absente
Peu sérieusement, et rien ne se fait.
Le marié a le vent qui le floue
Pendant son absence, ici, tout le temps.
Même des esprits des eaux, malfaisants
Entrent vaguer aux sphères de l’alcôve.
La nuit, l’amie oh! la lune de miel
Cueillera leur sourire et remplira
De mille bandeaux de cuivre le ciel.
Puis ils auront affaire au malin rat.
—S’il n’arrive pas un feu follet blême,
Comme un coup de fusil, après des vêpres.
—Ô Spectres saints et blancs de Bethléem,
Charmez plutôt le bleu de leur fenêtre!
A. Rimbaud,
27 juin 72.
Young Couple
The room opens onto a slate-blue sky;
Lack of space; boxes, bins!
Outside the birthwort-covered walls
Vibrate with gummy goblins.
So much the intrigues of genies.
This expense, this vain disorder!
An African fairy puts mulberry
And nets of cobwebs in corners.
Several displeased godmothers,
Spangled with light, go into cupboards
And stay! Without much thought
The household leaves, and nothing’s done.
The husband’s cheated by a buffeting wind
While he’s away, here, all the time.
Even malicious water-sprites
Investigate the bed.
In smiling night the honeymoon
Will gather their smiles and fill the sky
With a thousand copper crowns;
And then they’ll confront the wily rat.
—If no pale will-o’-the-wisp happens by,
Like gunshot, after Evensong,
—Holy, white spectres of Bethlehem,
Cast spells instead on the blue of their window!
A. Rimbaud
27 June ‘72
Michel et Christine
Zut alors si le soleil quitte ces bords!
Fuis, clair déluge! Voici l’ombre des routes.
Dans les saules, dans la vieille cour d’honneur
L’orage d’abord jette ses larges gouttes.
Ô cent agneaux, de l’idylle soldats blonds,
Des aqueducs, des bruyères amaigries,
Fuyez! plaine, déserts, prairie, horizons
Sont à la toilette rouge de l’orage!
Chien noir, brun pasteur dont le manteau s’engouffre,
Fuyez l’heure des éclairs supérieurs;
Blond troupeau, quand voici nager ombre et soufre,
Tâchez de descendre à des retraits meilleurs.
Mais moi, Seigneur! voici que mon Esprit vole,
Après les cieux glacés de rouge, sous les
Nuages célestes qui courent et volent
Sur cent Solognes longues comme un railway.
Voilà mille loups, mille graines sauvages
Qu’emporte, non sans aimer les liserons,
Cette religieuse après-midi d’orage
Sur l’Europe ancienne où cent hordes iront!
Après, le clair de lune! partout la lande,
Rougissant leurs fronts aux cieux noirs, les guerriers
Chevauchent lentement leurs pâles coursiers!
Les cailloux sonnent sous cette fière bande!
—Et verrai-je le bois jaune et le val clair,
L’Épouse aux yeux bleus, l’homme au front rouge,—ô Gaule,
Et le blanc agneau Pascal, à leurs pieds chers,
—Michel et Christine,—et Christ!—fin de l’Idylle.
Michael and Christine
I’d curse if the sun left these shores!
Flee, bright flood! Here’s the shadow of the roads.
In the willows, in the old courtyard,
The storm first rains down great drops.
Hundred lambs, the idyll’s blond soldiers,
Run from the aqueducts, the meagre bracken!
Plain, deserts, meadow, horizons
Are rinsed red by the storm.
Black dog, brown shepherd in smothering cloak,
Flee from the vault of lightning;
Blond flock, when the sulphur darkness billows in,
Try to huddle down in better shelters.
But me, Lord! now my spirit flies,
Once the skies have frozen red, beneath
Celestial clouds scudding and racing
Across so many Solognes,* long as a railway.
Here are a thousand wolves, a thousand wild seeds
This religious afternoon of storms bears away—
With some love for the bindweed—over
Old Europe where a hundred hordes are on the move.
Afterwards, moonlight! Across the open plain
Reddened warriors face black skies,
Astride their slow, pale horses!
Stones ring beneath this proud procession!
—And shall I see the yellow wood, the lit-up valley,
The Blue-eyed Bride, the red-faced man, Gaul,
And the white Paschal Lamb, at their worshipped feet,
—Michael and Christine—and Christ!—the idyll’s end.
‘Plates-bandes d’amarantes…’
Juillet. Bruxelles, Boulevart du Régent.
Plates-bandes d’amarantes jusqu’à
L’agréable palais de Jupiter.
—Je sais que c’est Toi, qui, dans ces lieux,
Mêles ton Bleu presque de Sahara!
Puis, comme rose et sapin du soleil
Et liane ont ici leurs jeux enclos,
Cage de la petite veuve!…
Quelles
Troupes d’oiseaux! o iaio, iaio!…
—Calmes maisons, anciennes passions!
Kiosque de la Folle par affection.
Après les fesses des rosiers, balcon
Ombreux et très-bas de la Juliette.
—La Juliette, ça rappelle l’Henriette,
Charmante station du chemin de fer
Au cœur d’un mont comme au fond d’un verger
Où mille diables bleus dansent dans l’air!
Banc vert où chante au paradis d’orage,
Sur la guitare, la blanche Irlandaise.
Puis de la salle à manger guyanaise
Bavardage des enfants et des cages.
Fenêtre du duc qui fais que je pense
Au poison des escargots et du buis
Qui dort ici-bas au soleil. Et puis
C’est trop beau! trop! Gardons notre silence.
—Boulevard sans mouvement ni commerce,
Muet, tout drame et toute comédie,
Réunion des scènes infinie,
Je te connais et t’admire en silence.
‘Flowerbeds of amaranth…’
July. Brussels, Boulevard du Regent
Flowerbeds of amaranth as far as
The pleasant palace of Jupiter.*
—You I know it is who’s mixing
A Blue that could be Saharan!
Then, as rose and pine of the sun
And liana play in this enclosure,
The little widow’s cage!…
What
Flocks of birds, o iaio, iaio!…
—Calm houses, old passions!
Kiosk for the Woman crazed with love.
After the bending rosebush branches,
Juliet’s balcony, very low and cast in shade.
Juliet calls Henriette to mind,
Delightful railway station,
High on a hill, like an orchard’s end
Where a thousand blue devils dance in the air!
Green bench where, to a guitar, the white Irish girl
Sings to the paradise of storms.
Then, from the Guiana dining-room,
The chatter of children and cages.
The duke’s window which makes me think
Of the poison of snails, and of the boxwood
Sleeping down here in the sun.
And then
It’s too beautiful! We must stay silent.
—Boulevard without movement or commerce,
Soundless, all drama, all comedy,
Endless collection of scenes,
I know you, admire you in silence.
‘Est-elle almée?…’
Est-elle almée?… aux premières heures bleues
Se détruira-t-elle comme les fleurs feues…
Devant la splendide étendue où l’on sente
Souffler la ville énormément florissante!
C’est trop beau! c’est trop beau! mais c’est nécessaire
—Pour la Pêcheuse et la chanson du Corsaire,
Et aussi puisque les derniers masques crurent
Encore aux fêtes de nuit sur la mer pure!
Juillet 1872.
Fêtes de la faim
Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton âne.
Si j’ai du goût, ce n’est guères
Que pour la terre et les pierres
Dinn! dinn! dinn! dinn! je pais l’air,
Le roc, les terres, le fer.
Tournez, les faims! paissez, faims,
Le pré des sons!
Puis l’humble et vibrant venin
Des liserons;
Les cailloux qu’un pauvre brise;
Les vieilles pierres d’élises,
Les galets, fils des déluges,
Pains couchés aux vallées grises!
Mes faims, c’est les bouts d’air noir;
L’azur sonneur;
—C’est l’estomac qui me tire.
C’est le malheur.
‘Does she dance?…’
Does she dance?… in the first blue hours
Will she perish like dead flowers…
Before this stretch of splendour where we should feel
The breath of the city in bloom!
Too beautiful! Too beautiful! but needed
—For the Fishermaid and the Corsair’s song,
And because since the last masks still wanted
Midnight carnivals on pure seas!
July 1872
Festivals of Hunger
Anne, Anne, my hunger,
Flee on your donkey.
If I have a taste, it’s for scarcely more
Than earth and stones.
Dinn! dinn! dinn! dinn! I eat air,
Rock, earth, iron.
Turn, my hungers! Hungers, feed,
Field of bran!
Then the vibrant humble poison
Of bindweed;
Stones a poor man breaks,
Old stones of churches,
Pebbles, children of floods,
Loaves lying in grey valleys!
My hungers, scraps of black air;
Ringing blue;
—Pullings of my stomach.
Misery.
Sur terre ont paru les feuilles!
Je vais aux chairs de fruit blettes.
Au sein du sillon je cueille
La doucette et la violette.
Ma faim, Anne, Anne!
Fuis sur ton âne.
‘Ô saisons, ô châteaux’
Ô saisons, ô châteaux
Quelle âme est sans défauts?
Ô saisons, ô châteaux,
J’ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n’élude.
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq Gaulois.
Mais! je n’aurai plus d’envie,
Il s’est chargé de ma vie.
Ce Charme! il prit âme et corps
Et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole?
Il fait qu’elle fuie et vole!
Ô saisons, ô châteaux!
[Et, si le malheur m’entraîne,
Sa disgrâce m’est certaine.
Il faut que son dédain, las!
Me livre au plus prompt trépas!
On earth leaves have appeared!
I’m for the soft mush of fruit.
In the furrow’s heart I pluck
Lamb’s lettuce and violets.
Anne, Anne, my hunger!
Flee on your donkey.
‘O seasons, o chateaux…’
O seasons, o chateaux…
Which soul has no flaw?
O seasons, o chateaux…
I’ve made the magic study
Of Happiness, no one evades.
Long live happiness, each time
The Gallic cockerel crows.
But! I’ve finished with wanting,
It’s taken my life over.
That Spell! took soul and body,
And wasted all effort.
What to make of my words?
It would have them take flight.
O seasons, o chateaux!
[And, if I’m unlucky,
I’ll surely know ruin.
Its disregard, alas!
Must bring me instant death!
—Ô Saisons, ô Châteaux!
Quelle âme est sans défauts?]
‘Entends comme brame’
Entends comme brame
près des acacias
en avril la rame
viride du pois!
Dans sa vapeur nette,
vers Phœbé! tu vois
s’agiter la tête
de saints d’autrefois…
Loin des claires meules
des caps, des beaux toits,
ces chers Anciens veulent
ce philtre sournois…
Or ni fériale
ni astrale! n’est
la brume qu’exhale
ce nocturne effet.
Néanmoins ils restent,
—Sicile, Allemagne,
dans ce brouillard triste
et blêmi, justement!
—O Seasons, o Chateaux!
Which soul has no flaw?]
‘Hear the bellow’
Hear the bellow
Of vivid stakes
for peas, in April,
by the acacias.
In its neat haze
by Phoebe! You can see
Early saints’
heads moving…
Far from bright headland
stacks, fine rooftops,
these dear Ancients desire
this cunning philtre…
Now, the mist-breath
of this nocturne
is neither of stars
nor festive days.
But still they stay
—Sicily, Germany,
in this sad, bland
fog, just so!
Honte
Tant que la lame n’aura
Pas coupé cette cervelle,
Ce paquet blanc vert et gras
À vapeur jamais nouvelle,
(Ah! Lui, devrait couper son
Nez, sa lèvre, ses oreilles,
Son ventre! et faire abandon
De ses jambes! ô merveille!)
Mais, non, vrai, je crois que tant
Que pour sa tête la lame
Que les cailloux pour son flanc
Que pour ses boyaux la flamme
N’auront pas agi, l’enfant
Gêneur, la si sotte bête,
Ne doit cesser un instant
De ruser et d’être traître
Comme un chat des Monts-Rocheux;
D’empuantir toutes sphères!
Qu’à sa mort pourtant, ô mon Dieu!
S’élève quelque prière!
Shame
So long as the blade has
Not sliced that brain,
That white and green parcel of grease,
Full of stale steam,
(Ah, it is He* who should cut off
His nose, lip, ears,
Cut out his stomach, abandon
His legs! Marvel!)
But no: I believe that so long
As the blade hasn’t done its work
On his head, the stones
On his body, the flame
On his guts, the troublesome
Child, that so stupid creature
Must not stop for one moment
His cheating, his lies, his betrayal,
And like a Rocky Mountain cat,*
Must make every place stink!
But when he dies, dear God,
Let at least some prayers be said!
La Chambrée de nuit
Rêve
On a faim dans la chambrée—
C’est vrai…
Émanations, explosions. Un génie:
‘Je suis le gruère!’—
Lefêbvre: ‘Keller!’
Le génie: ‘Je suis le Brie!’—
Les soldats coupent sur leur pain:
‘C’est la vie!’
Le génie.—’Je suis le Roquefort!’ —
’Ça s’ra not’ mort!…’
Je suis le gruère
Et le Brie!… etc.
Valse
On nous a joints, Lefêbvre et moi, etc.
Mess-room by Night
Dream
Hunger stalks the mess—
Oh, yes…
Emanations, explosions. A genie:
‘I’m gruyère’—
Lefêbvre: ‘Keller!’
Genie: ‘I’m Brie!’—
Soldiers grab bread, wield knife:
‘That’s life!’
Genie—’I’m Roquefort!’
—’We’re done for!…’
I’m Gruyère
And I’m Brie!… etc.
Waltz
We’re as one, Lefêbvre and me, etc.
Les Déserts de l’amour
AVERTISSEMENT
Ces écritures-ci sont d’un jeune, tout jeune homme, dont la vie s’est développée n’importe où; sans mère, sans pays, insoucieux de tout ce qu’on connaît, fuyant toute force morale, comme furent déjà plusieurs pitoyables jeunes hommes. Mais, lui, si ennuyé et si troublé, qu’il ne fit que s’amener à la mort comme à une pudeur terrible et fatale. N’ayant pas aimé de femmes,—quoique plein de sang!—il eut son âme et son cœur, toute sa force, élevés en des erreurs étranges et tristes. Des rêves suivants,—ses amours!—qui lui vinrent dans ses lits ou dans les rues, et de leur suite et de leur fin, de douces considérations religieuses se dégagent. Peut-être se rappellera-t-on le sommeil continu des Mahométans légendaires,— braves pourtant et circoncis! Mais, cette bizarre souffrance possédant une autorité inquiétante, il faut sincèrement désirer que cette Ame, égarée parmi nous tous, et qui veut la mort, ce semble, rencontre en cet instant-là des consolations sérieuses et soit digne!
A. Rimbaud.
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C’est certes la même campagne. La même maison rustique de mes parents: la salle même où les dessus de porte sont des bergeries roussies, avec des armes et des lions.
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