Mon interprétation est la suivante. Ou bien la fatigue de dormir peu et d’être peu couché sur le bateau m’avait donné un peu d’albumine et de sucre3. Mais à vrai dire je ne le crois pas, car en somme j’avais bien du repos tout de même et c’était si compensé par l’air etc. Ou bien de faire deux repas au lieu d’un m’en avait donné et je ne le crois pas non plus car nos deux repas étaient fort légers et très « huilés ». En un mot je ne crois pas que j’étais moins bien à ce moment-là qu’en ce moment où je suis souffrant. Resterait donc l’hypothèse (mais ceci c’est peut-être anti-physiologique un médecin seul pourrait nous le dire) où le sucre et l’albumine peuvent ne pas être éliminés en ce moment où je prends peu d’air, et me donner d’autant plus de malaise, et l’avoir été sur le bateau (mais c’est peut-être impossible et fantaisiste). Ou l’air rendant la transpiration difficile le sucre et l’albumine pouvaient être obligés de passer par l’urine et actuellement sortiraient par la peau4. Mais je ne suppose pas que cela se passe ainsi. – . Je suis toujours fort patraque. Je suis rentré sans crise hier soir et me suis couché en somme dans le même état que si je n’étais pas sorti. J’ai eu en revanche une longue crise sans spasme aucun dans la matinée qui m’a obligé à me rendormir fort tard, à me lever un peu précipitamment ce qui m’a rendu mon malaise et n’a servi à rien car wird später gesagt5 tout a été fort long. Pour tâcher de mettre fin à mon mal de tête constant, à mon mal de gorge etc. etc. j’ai pris fortement du cascara ce soir et j’espère que cela me retapera. En tous cas je suis décidé à aboutir coûte que coûte. Et comme je trouve que cela traîne trop ainsi, maintenant que je suis désénervé tout à fait, je resterai tout bonnement un soir couché et me lèverai le lendemain matin. Je ne pouvais pas le faire ce soir parce qu’après une crise (même peu forte mais enfin ayant assez duré) je me dégage mieux en mangeant debout. Du reste si j’avais su que je prendrais ce système je n’aurais pas ainsi avancé mes heures, car quand je me réveillais à sept ou huit heures il m’était beaucoup plus facile de rester couché que maintenant où je me réveille vers deux ou trois heures et où cela me paraît plus triste de rester couché. Hier soir quoique ayant dîné avant cinq heures je ne me suis couché que tard relativement (trois heures et demie) parce que j’avais été obligé d’ouvrir ma fenêtre comme je t’ai écrit hier et que j’étais resté tard à t’écrire. Comme j’ai fumé la matinée, je me suis rendormi jusqu’à quatre heures et demie, le temps de me lever, wird später gesagt warum6 etc. le dîner n’a été prêt qu’à six heures et demie7. J’ai admiré Emmanuel Arène cédant la présidence du Conseil Général corse pour ne pas voter un buste de Napoléon comme grand homme corse dans la salle du Congrès. – Hier j’ai lu un Beaunier sur la séparation, toujours mêmes plaisanteries, des citations d’Henri Maret, de L’Action, de Ranc etc. Des nouvelles mondaines quelconques, M. de Nédonchel en villégiature chez les Ligne etc. et une où j’ai cru relever une erreur « une fille de M. Legrand dont la sœur est fiancée à M. Georges Menier » (or elle est non fiancée, mais mariée). Or le hasard m’a fait voir que c’était un vieux Figaro de 1903. Tout était pareil et je t’assure qu’on aurait pu le lire d’un bout à l’autre sans s’apercevoir de rien. Seule la date différait. – .