“– Chère Céleste, cet homme m’a dit : ‚Mon pauvre Marcel, tu perds ton temps à vouloir interdire ces publications. Toute lettre de toi qui est entre les mains de son destinataire, est la propriété de celui-ci. Il peut en faire ce qu’il veut’” » (Céleste Albaret, Monsieur Proust, souvenirs recueillis par Georges Belmont, Paris, Robert Laffont/Opera Mundi, 1973, p. 245-246). On notera que d’un point de vue juridique, l’analyse ici exposée concernant la propriété des textes des lettres est erronée, l’auteur d’une lettre pouvant s’opposer, comme son destinataire, à sa publication, et ce quel qu’en soit le détenteur matériel.

59- Lucien Daudet, Autour de soixante lettres de Marcel Proust, Paris, Gallimard, « Les Cahiers Marcel Proust », V, 1928, p. 12-13.

60- Kolb, XIII, 328.

61- Kolb, XVI, 102.

62- Kolb, XX, 67.

63- Kolb, XIII, 50 ; lettre d’André Gide à Marcel Proust, [10 ou 11 janvier 1914].

64- Samuel Beckett, Proust, Paris, Minuit, 1990, p. 19.

65- Chaque numéro du Bulletin d’informations proustiennes (Paris, Éditions rue d’Ulm) comprend une rubrique « Ventes » où sont rappelés, pour l’année écoulée, les mouvements de lettres de Marcel Proust sur le marché.

66- Sur la succession de Philip Kolb, voir « L’avenir de la collection Kolb à l’université de l’Illinois », par Katherine Reeve-Kolb, Bulletin Marcel Proust, no 43, 1993.

67- Loïc Chotard, « Correspondances : une histoire illisible », Romantisme, revue du dix-neuvième siècle, no 90 (« J’ai toujours aimé les correspondances »), SEDES, 1995, p. 36.

68- Kolb, XXI, 553.

69- Voir Écrits de jeunesse, textes rassemblés, établis, présentés et annotés par Anne Borrel, Illiers-Combray, Institut Marcel Proust international, 1991, p. 225-271.

70- Kolb, IV, 418.

71- Écrits de jeunesse, 251.

72- Ferdinand Brunetière, « Le naturalisme français » [1880], repris dans Le Roman naturaliste (nouvelle édition), Paris, Calmann-Lévy, 1896, p. 161, 164.

73- Jean-Yves Tadié, Proust et le roman, Paris, Gallimard, 1971 (rééd. collection « Tel », 1986), p. 22.

74- Kolb, XXI, 244.

75- « Sur la lecture », La Renaissance latine, 15 juin 1905 ; cf. Écrits sur l’art, 217.

76- La transcription exacte et complète de ce fragment de texte est la suivante : « Musset On voi On sent dans sa vie, dans ses lettres comme dans un minerai où elle est à peine reconnaissable quelques linéaments de son œuvre, dont sa vie, ses amours, sont la ce qui en reste qui n’existent que dans la mesure où ils en sont les matériaux, qui tendent vers elle et n resteront qu’en elle. Dans sa lettre corre qui, sont les comme les coulisses de son œuvre je vois traîner la petite bourse du Caprice et dans un coin la perruque qui au bout d’un hameçon doit traverser la scène de Fantasio » (Carnets, 109).

77- RTP, I, 94-95.

78- Contre Sainte-Beuve, 266.

79- Voir toutefois Luc Fraisse, La Correspondance de Proust, Besançon, Annales littéraires de l’université de Franche-Comté, 1998, p. 61-62.

 Kolb, XVIII, 290 ; Kolb, XIX, 68 ; Kolb, XIX, 99.

80- Kazuyoshi Yoshikawa (collectif, sous la direction de), Index général de la correspondance de Marcel Proust, Kyoto, Presses de l’université de Kyoto, 1998. Pour une approche de type biographique de la correspondance, voir aussi l’ouvrage de Luc Fraisse, Proust au miroir de sa correspondance, SEDES, 1996.

81- Kolb, III, 182 ; à rapprocher de la voix de la grand-mère du Narrateur de la Recherche, « fêlée » (RTP, II, 433) – voir infra, p. 93-94, note 4.

82- Kolb, XIV, 71 ; à rapprocher du tableau de Paris assiégé, dans la Recherche (RTP, IV, 380).

83- Kolb, XVI, 196 ; à rapprocher des impressions de guerre du baron de Charlus, dans la Recherche (RTP, IV, 337) – voir infra, p. 258, note 1.

84- Kolb, I, 238 – voir infra, p. 53.

85- Kolb, II, 137 – voir infra, p. 73.

86- Jean Santeuil, 358. L’emprunt est d’autant plus saisissant que Proust néglige de mentionner, dans le brouillon de son roman, les rideaux qu’il faudrait pouvoir « enlever » et qui « t[ienn]ent au mur et au plafond ».

87- Kolb, XI, 188 – voir infra, p. 193-194.

88- RTP, I, 285.

89- Kolb, III, 190 – voir infra, p. 98.

90- Kolb, III, 265 – voir infra, p. 102-103.

91- Kolb, V, 119-120 – voir infra, p. 130.

92- Kolb, XVI, 163 ; Kolb, XVII, 194 – voir infra, p. 255-256 et 275.

93- Kolb, XVI, 196-197 – voir infra, p. 257-261.

94- Kolb, XV, 49, 50 – voir infra, p. 240-241.

95- La question peut se poser, s’agissant de regroupements de motifs, de l’antériorité de la correspondance sur le roman. L’observation vaut aussi pour telle « première étape de détachement de mon chagrin » (Kolb, XIII, 311) dont Proust témoigne en 1914, six mois après la mort d’Agostinelli, et qui pourrait être influencée par des développements contemporains d’Albertine disparue ; voir là-dessus Kazuyoshi Yoshikawa, « Correspondance », in Annick Bouillaguet et Brian Rogers (collectif, sous la direction de), Dictionnaire Marcel Proust, op. cit., p. 245.

96- Kolb, XVIII, 290 ; Kolb, XIX, 68 ; Kolb, XIX, 99.

97- Amusé, Proust rapporte le jugement de Robert de Montesquiou sur son écriture qui unit « la laideur et l’illisibilité » (Kolb, XIII, 340).

98- Kolb, X, 309.

99- Kolb, X, 338.

100- Kolb, IV, 280.

101- Kolb, X, 220. Voir aussi : « c’est quand vous écrivez que vous semblez parler. Quelle belle conversation que vos lettres ! » (Kolb, XVII, 334 ; à la princesse Dimitri Soutzo).

102- Kolb, XVIII, 240.

103- Voir par exemple infra, p. 62 et 123-124.

104- Kolb, X, 340 – voir infra, p. 181.

105- Kolb, XV, 251.

106- Kolb, XVII, 113.

107- Kolb, XVI, 237-242 – voir infra, p. 265.

108- Kolb, XVII, 112-114.

109- Françoise Leriche, introduction à son édition des Lettres de Marcel Proust, Paris, Plon, 2004, p. 15.

110- Kolb, XV, 140 (il est question de Louis d’Albufera).

111- Lettre à Louisa de Mornand, [vers juin 1917] (Kolb, XVI, 162-164 – voir infra, p. 254-256).

112- Kolb, III, 196.

113- Kolb, XVII, 295.

114- Kolb, I, 320-322 (fragments). Voir aussi Les Plaisirs et les Jours, in Marcel Proust, Jean Santeuil, 62-65.

115- Kolb, I, 338 ; voir notamment la note 4, p. 339, appelée p. 338.

116- Kolb, XIV, 280-286 – voir infra, p. 229-235.

117- Kolb, XVII, 193-197 – voir infra, p. 273-276.

118- Contre Sainte-Beuve, 566-568.

119- Contre Sainte-Beuve, 601.

120- Contre Sainte-Beuve, 604-605 ; 605-606.

121- Écrits sur l’art, 342-343.

122- Écrits sur l’art, 344-365.

123- Écrits sur l’art, 314-329.

124- Kolb, XVIII, 552 ; lettre de Jacques Rivière à Marcel Proust, 22 [décembre 19]19.

125- Kolb, XX, 207.

126- Kolb, XX, 192.

127- Kolb, I, 116 – voir infra, p. 49.

128- Kolb, III, 280.

129- Kolb, V, 307.

130- « Je ne sais pas si je vous ai dit que ce livre était un roman. Du moins, c’est encore du roman que cela s’écarte le moins. Il y a un monsieur qui raconte et qui dit : Je » (Kolb, XII, 91, 92 ; à René Blum, [23 février 1913]).

131- Voir infra, p. 50-51, 254-256 et 271-273.

132- Kolb, XIX, 266.

133- Kolb, VII, 249 – voir infra, p. 148.

134- Kolb, IX, 200.

135- Jean-Yves Tadié, Proust et le roman, op. cit., p. 32. Voir aussi Brian G. Rogers, Proust’s Narrative Techniques, Genève, Droz, 1965, ainsi que la nouvelle édition de cet ouvrage, sous le titre The Narrative Techniques of À la recherche du temps perdu, Paris, Honoré Champion, 2004.

136- Kolb, XIII, 160.

137- Kolb, XXI, 494 [début octobre 1922] ; à Gaston Gallimard – voir infra, p. 347.

NOTE SUR LA PRÉSENTE ÉDITION

Les presque cent vingt lettres figurant dans la présente anthologie représentent à peine deux pour cent de toutes celles, aujourd’hui connues, qu’écrivit Marcel Proust. Comme aperçu de cette masse considérable, elles ont été choisies sans préférence ni exclusive de période, de longueur, de ton ou de destinataire, et sont classées suivant l’ordre chronologique présumé.

Le texte des premières éditions a servi de référence : dans les rares cas où il existe des différences importantes avec celui établi par Philip Kolb pour l’édition de la Correspondance de Marcel Proust (Paris, Plon, 1970-1993, 21 volumes), les écarts ou les lacunes sont indiqués en notes. Des précisions ou corrections de dates ont été opérées autant que possible, chaque fois que la datation proposée dans la première édition était par trop lacunaire ou douteuse.

La ponctuation a été le plus souvent respectée. Pour la commodité de la lecture, il est apparu nécessaire de rectifier l’orthographe chaque fois que celle-ci était erronée ou archaïque, et de rétablir au long certains mots ou expressions abrégés (par exemple « grand » pour « Gd », « première » pour « 1re », « dix-huitième siècle » pour « XVIIIe siècle »). Nous avons rétabli l’italique et les majuscules pour les titres d’œuvres, ainsi que pour les expressions en latin. Enfin nous avons renoncé aux majuscules qui apparaissaient de façon irrégulière à l’initiale de certains noms communs, de mois de l’année ou de jours de la semaine, et, à de rares exceptions près, unifié en toutes lettres les nombres qui apparaissaient sous forme de chiffres arabes (par exemple « cinq heures » pour « 5 heures », « trois mille personnes » pour « 3 000 personnes »).

Les modifications de notre fait, datation et intégration de mots manquants, sont signalées par des crochets. Le signe « [...] » indique qu’un fragment de texte est manquant.

Le lecteur se reportera à la Bibliographie (p. 357-360) pour trouver les références complètes des ouvrages mentionnés dans les notes sous forme abrégée, et à l’Index (p. 361-377) pour plus de précisions sur les destinataires des lettres ainsi que sur les personnes citées.

CORRESPONDANCE

à madame Nathé Weil1

Hôtel de la Paix [septembre 1886]2

Ma chère Grand-mère

 

Ne me sache pas gré de cette lettre. D’ailleurs depuis le savon de l’autre jour, j’ai très peur de me faire étriller à nouveau. Mais Mme Catusse3 m’a promis un petit air si je commençais à faire son portrait, un grand air si je le finissais et pour le tout, tous les airs que je voudrai. Ceci ne te dit rien n’est-ce pas ? Mais si tu avais entendu hier une certaine voix délicieusement pure et merveilleusement dramatique, toi qui sais toutes les émotions que le chant me procure, tu comprendrais que, pressé d’aller rejoindre des camarades qui jouent au croquet, je m’assieds au bureau de Mlle Biraben4 notre hôtesse pour te décrire Mme Catusse.

Je suis fort embarrassé. Mme Catusse doit voir ce portrait et bien que je le fasse, je te le jure par Artémis la blanche déesse et par Pluton aux yeux ardents, comme si jamais elle ne devait le voir, j’éprouve une certaine pudeur à lui dire que je la trouve charmante. C’est pourtant la triste réalité. Mme Catusse doit avoir de vingt-deux à vingt-cinq ans. Une tête ravissante, deux yeux doux et clairs, une peau fine et blanche, une tête digne d’être rêvée par un peintre amoureux de la beauté parfaite, encadrée de beaux cheveux noirs (Oh ! la tâche insupportable de braver Musset et de dire, surtout quand on le pense, Madame, vous êtes jolie, extrêmement jolie.