À l’intérieur de l’église il y avait foule il faisait froid dehors et chaud à l’intérieur. Ida s’était trouvée séparée des tantes, elles étaient toutes petites et elle ne pouvait pas les voir, elle était grande aussi grande qu’une autre et elles pouvaient la voir, elle.

Il n’y avait rien de bizarre chez Ida mais il lui arrivait de drôles de choses. Elle se retrouvait là il y avait foule il ne faisait pas très clair, et elle était pressée de tant de côtés, et puis elle était restée pressée contre une ou deux personnes, il y avait peut-être de l’espace autour d’elle mais elle n’en avait pas l’impression, de toute façon ça lui faisait chaud d’être si près et elle ne les connaissait pas, elle ne les voyait pas, elle regardait plus loin, mais elle ressentait quelque chose, bon elle ressentait quelque chose, et puis la causerie ou n’importe quoi avait pris fin.

Elle était sortie, tout le monde était sorti, et elle avait vite retrouvé les cinq petites tantes, elles n’avaient pas l’air d’avoir beaucoup d’affection pour elle mais elles étaient parties ensemble, il faisait froid c’était en mars et il y avait presque de la neige. Il y avait des arbres naturellement il y avait un trottoir mais personne dessus sauf elles, et puis soudain quelqu’un un homme bien sûr avait surgi de derrière les arbres et il y en avait un autre avec lui. Ida avait dit aux tantes allez allez vite continuez je vais marcher derrière vous pour vous protéger, les tantes s’étaient dépêchées, Ida s’était dépêchée un peu moins vite, elle s’était retournée vers les hommes mais ils avaient disparu. Les cinq tantes et Ida avaient continué, elles lui avaient dit bonsoir mais elle ne les avait plus jamais revues. C’était les premières et dernières amies qu’elle avait jamais eues, et elle n’était plus jamais vraiment retournée à l’église plus vraiment.

Quand elle était rentrée son chien Amour l’avait accueillie et elle s’était mise à chanter une chanson sur sa jumelle et voici ce qu’elle chantait :

Oh mon cher mon cher Amour (c’était son chien), si j’avais une jumelle bon personne ne saurait laquelle des deux je serais et laquelle elle serait et s’il arrivait quelque chose personne ne serait sûr et un tas de choses vont se passer et oh Amour je le sens oui je le sais j’ai une jumelle.

Puis elle s’était mise à regarder au loin et à penser à ses parents. Devenue un peu plus grande elle s’en souvenait encore mais un tas de gens pouvaient s’occuper d’elle et ils le faisaient. (Pensez à tous les réfugiés qu’il y a dans le monde pensez-y.) Et puis un jour elle vit quelqu’un, elle en vit deux mais ce n’étaient pas ses parents. Elle apprenait à lire et à écrire et la première chose qu’elle apprit fut qu’il y avait des miracles et elle demandait à n’importe qui d’en faire un pour elle. Et puis un jour elle déclara que ça y était. Elle était assise toute seule et c’était l’été et soudain il s’était mis à neiger et pendant qu’il neigeait elle avait vu deux chiens un blanc et un noir des petits tous les deux et tandis qu’elle les regardait les petits chiens tous les deux tous les deux s’étaient enfuis et s’étaient enfuis ensemble. Ida s’était dit que c’était un miracle et c’en était un.

Ida graduellement prenait de l’âge et chaque fois qu’elle était plus âgée quelqu’un d’autre s’occupait d’elle. Elle aimait changer d’adresse parce que comme ça elle n’avait jamais besoin de se souvenir de son adresse et elle n’aimait pas être forcée de se souvenir. Il était facile d’oublier la dernière adresse et elle oubliait véritablement d’essayer de deviner ce que serait la prochaine.

Peu à peu elle avait su lire et écrire et vraiment disait-elle et elle avait raison il ne lui était pas nécessaire de rien savoir d’autre. Et ainsi peu à peu tout à fait graduellement elle prenait de l’âge.

Elle avait toujours un chien, à chaque adresse elle avait un chien et le chien avait toujours un nom et elle en eut un une fois qui s’appelait Iris. Ida à ce moment précis vivait à la montagne. Elle se plaisait là-haut. Mais Ida à l’époque se plaisait n’importe où. Elle avait vécu dans tant d’endroits et elle se plaisait partout.

Son chien Iris n’avait pas peur du tonnerre et de la foudre mais il avait peur de la pluie et quand il se mettait à pleuvoir il s’enfuyait en courant et revenait vers Ida en courant car après tout il ne pouvait fuir la pluie elle le suivait toujours. Et il revenait encore en courant vers Ida.

Et puis Ida était partie de là et s’en était allée vivre dans une ville. Elle vécut avec son vieux grand-père. Il était si vieux et si faible qu’on se demandait comment il pouvait aller plus loin mais il le pouvait toujours. Ida ne faisait aucune attention à son grand-père.

De drôles de choses lui arrivèrent pendant qu’elle était dans cette ville.

C’était le mois d’août. Août est un mois où il fait vraiment très chaud quand il fait chaud.

Il se passa alors de drôles de choses. Ida était dehors, elle était toujours dehors ou à l’intérieur, car les deux l’excitaient toujours.

Elle était dehors c’était vers le soir c’était l’heure où les jardins publics sont fermés et Ida regardait à travers les grilles, et juste en face au coin elle s’aperçut que quelqu’un d’autre regardait et la regardait. C’était un agent de police. Il se penchait et la regardait. Ça ne l’inquiétait pas mais elle se demandait pourquoi il s’était baissé en face pour la regarder. Et puis brusquement près d’elle elle avait vu une très vieille femme, bon était-ce ou n’était-ce pas une femme, elle portait tant de vêtements et tant de choses lui pendaient et elle portait tant de choses qu’elle aurait pu être n’importe quoi.

Ida s’éloigna car c’était l’heure de rentrer.

Le mois d’août finalement était passé et puis ce fut septembre.

Quelquefois dans un jardin public Ida voyait une vieille femme qui se fabriquait une vieille robe marron ou plutôt qui s’en servait pour se faire une autre robe.