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Pour la première fois en ce monde vil et misérable, je crus qu’un rayon de soleil illuminait ma vie.
Hélas ! ce ne fut qu’un éclat passager, un météore. Il se manifesta sous les apparences d’une femme, d’un ange plutôt. La clarté qui l’environnait me permit d’entrevoir, rien qu’un instant, l’espace d’une seconde, toute la misère de mon existence, d’en comprendre aussi la grandeur et la beauté. Mais cette lueur se perdit bientôt dans le gouffre des ténèbres où elle devait fatalement disparaître. Non, je n’ai su retenir ce rayon fugitif.
Depuis trois mois, non, deux mois et quatre jours, j’avais perdu sa trace… Pourtant, le souvenir de ses yeux magiques, de l’éclat mortel de ses yeux ne cessait de me hanter. Comment l’oublier, Elle, si étroitement liée à mon existence ?
Non je ne révélerai jamais son nom : silhouette éthérée, svelte, vaporeuse, avec deux yeux immenses, étonnés, éclatants, aux profondeurs desquels ma vie se consumait lentement, douloureusement. Elle n’a pas d’attaches avec ce monde vil et féroce. Non, il ne faut pas que je souille son nom du contact des choses terrestres.
Elle perdue, je me retirai tout à fait de la société des hommes, du cercle des crétins et des heureux. Je me réfugiai dans le vin et dans l’opium, afin d’oublier. Mes journées s’écoulaient, elles s’écoulent encore, entre les quatre murs de ma chambre.
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