Il dévore les classiques allemands : Jean-Paul, Schiller et Goethe, ainsi que d’autres auteurs : Tourgueniev et Shakespeare.
1878. – Après ces années bavaroises, Svevo retourne à Trieste où il s’inscrit à l’institut supérieur de commerce « Pasquale Revoltella ». Mais il caresse déjà l’idée de devenir écrivain de langue italienne.
1880. – Il compose ses premières œuvres pour la scène (un public nombreux se pressait alors dans les cinq théâtres de Trieste) : Ariosto govematore (L’Arioste gouverneur), Il Primo Amore (Le Premier Amour), Le Roi est mort vive le roi !, I Due Poeti (Les Deux Poètes). La faillite de l’entreprise de verrerie de son père l’oblige à prendre un emploi. Il entre à la Banca Union comme correspondant en allemand et en français, sans cesser de fréquenter assidûment la bibliothèque municipale où il lit les classiques italiens (Boccace, Machiavel, Guichardin) et des auteurs français (Balzac, Flaubert, Renan, Zola, Daudet). Il collabore aussi au journal triestin de langue italienne, L’Indipendente, de tendances irrédentistes (la feuille la plus censurée de Trieste), y publiant des articles de critique (Nordau, Verga, Zola, Renan, Wagner, Schopenhauer), sous le pseudonyme d’Ettore Samigli. Au cours de ces mêmes années, Svevo écrit aussi des nouvelles dont aucune ne nous a été conservée.
1886. – Il perd Elio, pour lui le plus cher de ses trois frères. Il fait la connaissance du peintre triestin Umberto Veruda avec lequel il se liera d’une amitié durable.
1890. – Il publie dans L’Indipendente sa première grande nouvelle : L’Assassinio di via Belpoggio (L’Assassinat de la rue Belpoggio). Outre Schopenhauer, il lit à cette époque Marx et Darwin.
1892. – Mort de son père Francesco Schmitz. Svevo publie son premier roman : Una vita (Une vie), qui sombre dans une indifférence à peu près totale, il a adopté alors définitivement le pseudonyme d’italo Svevo (Italien Souabe).
1895. – Svevo perd sa mère et se fiance à sa cousine Livia dont le père, Gioacchino Veneziani, est l’inventeur d’une formule chimique de peinture pour coques de navires. Tenue jalousement secrète, la formule est destinée à faire la fortune de la famille.
1896. – Svevo épouse Livia. En plus de son travail à la banque, il donne des cours du soir en allemand et en français à l’institut Revoltella.
1897. – Naissance de sa fille Letizia. Svevo publie dans le journal socialiste de Filippo Turati, Critica sociale, une fable allégorique : La Tribu.
1898. – Publication de son deuxième roman : Senilità. Sans plus de succès que le premier. Svevo poursuit ses lectures : Ibsen, Dostoïevski, Tolstoï.
1899. – Ses échecs littéraires l’incitent à entrer dans l’affaire de son beau-père dont il va devenir le représentant à l’étranger.
1901. – Après une tentative infructueuse en France, Svevo propose la peinture Veneziani à l’amirauté anglaise qui l’accepte. Il est autorisé à implanter à Charlton (Londres) une filiale de la maison mère triestine. Il fait en Angleterre des séjours prolongés et commence à apprendre l’anglais. Malgré son renoncement de principe à la création littéraire, Svevo continuera à écrire nouvelles et pièces de théâtre dont Un marito (Un mari) continue à être représentée. Il réussit excellemment dans le commerce et y fait fortune.
1906-1907. – Il rencontre à Trieste James Joyce qui enseignait l’anglais à l’Ecole Berlitz et qui accepte de lui donner des leçons. C’est le début d’une amitié littéraire très forte. Joyce lit les deux premiers romans de son élève quadragénaire et se déclare enthousiasmé. Il incite Svevo à lire Swift et Dickens.
1908-1910. – Premières lectures par Svevo des œuvres de Freud.
1914. – Svevo rencontre plus directement la psychanalyse à l’occasion de la maladie de son jeune beau-frère qui suit à Vienne une cure dont les résultats seront jugés catastrophiques par la famille. Première Guerre mondiale. L’industriel, sujet autrichien, doit quitter Londres. Il se rend en Allemagne pour y implanter une nouvelle filiale de la maison Veneziani. Selon lui, la victoire de ce pays est assurée.
1915. – L’Italie entre dans le conflit aux côtés de l’Entente. Joyce quitte Trieste pour Zurich. La famille de Svevo subit le contrecoup des événements. Letizia suit à Florence son fiancé, patriote istrien, qui s’engage dans l’armée italienne. Les beaux-parents Veneziani se réfugient en Suisse tandis que les Autrichiens séquestrent à Trieste le Viatériel de l’usine de peinture et essaient d’arracher à Svevo le fameux secret de fabrication. Ce dernier, réduit à l’inaction, ébauche un traité : Per la pace perpetua (Pour une paix perpétuelle). Il se plonge dans la lecture de Swift et s’adonne à l’étude du violon dont il avait commencé à jouer dans sa jeunesse.
1918. – Avec son neveu Aurelio Finzi, il commence à traduire l’ouvrage de Freud, Le Rêve et son interprétation (Über den Traum, 1901, réduction de Traumdeutung, 1900).
1919. – Trieste est rendue à l’Italie. Svevo entreprend son troisième roman : La Coscienza di Zeno (La Conscience de Zeno). Il retrouve Joyce à Paris. Réduisant quelque peu ses activités commerciales qu’il délègue à son gendre, il collabore au quotidien La Nazione (Trieste), avec des considérations sur Trieste, des comptes rendus et divers articles.
1922. – Il termine La Conscience de Zeno.
1923. – Il publie son troisième roman que la critique ignore.
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