Vaniteux de cette vanité puérile des imbéciles, affamé de
luxe, de plaisir, d’éclat, dévoré de convoitises malsaines,
besogneux avec les apparences d’une fortune princière,
M. Philippe devait fatalement être le complice et la dupe de
quiconque ferait miroiter les millions à ses yeux éblouis.
Il y avait mille à parier qu’en agissant comme
il venait de le faire, il n’avait pas obéi à ses propres
inspirations.
Ici, à l’angle de la rue de Grenelle, aussi
bien que dans les ruines du château de Maillefert, il n’était
évidemment que l’outil sacrifié d’une intrigue dont les plus clairs
bénéfices, en cas de succès, ne seraient pas pour lui.
De ses propos, cependant, de la leçon qu’il
venait de débiter, une lueur se dégageait, indécise et vague
assurément, mais enfin une lueur qui éclairait les ténèbres
jusqu’alors si épaisses de l’avenir.
– Nous avons pour Simone des projets
d’alliance, avait dit M. Philippe.
Était-ce donc le mot de l’énigme, le mot des
événements qui se succédaient si rapides et si imprévus depuis
trois jours ? Était-ce l’explication de l’inexplicable
conduite de Mlle Simone ?
Mais quoi ! il ne pouvait y avoir de
projets sérieux sans son consentement. Elle n’était pas de celles
qu’on traîne à l’autel contre leur volonté, et à qui on arrache à
force de caresses ou de menaces l’irrévocable oui. Ce n’était pas,
elle l’avait prouvé, l’énergie qui lui manquait.
Elle consentirait donc, elle, après ses
promesses, après ses serments… Était-ce possible ? était-ce
même probable !…
D’un autre côté, pourtant, qui disait que la
duchesse de Maillefert, conseillée par Combelaine, aidée par
Mme de Maumussy, n’avait pas enfin trouvé une
combinaison diabolique pour décider sa fille au plus odieux des
sacrifices !
Une phrase de M. Philippe dans les ruines
était, en ce sens, une indication.
– Nous avons avait-il dit en entraînant
sa sœur, du linge sale à laver en famille.
Ne pouvait-on pas en conclure qu’il avait
quelque aveu pénible et honteux à faire, qu’il avait à s’adresser
encore au dévouement de Mlle Simone !
Or le passé était là pour révéler de quel
excès d’abnégation la malheureuse jeune fille était capable, dès
qu’on s’adressait à la grande idée qu’elle avait du devoir.
C’était si plausible, cela, que Raymond, en y
réfléchissant, tressaillit d’espérance.
Et cependant, à toutes ces conjectures, il y
avait une objection terrible.
Comment la duchesse de Maillefert et
M. Philippe, vivant uniquement de la fortune personnelle et
des revenus de Mlle Simone, pouvaient-ils songer à
la marier ? Ils ne le voulaient pas, autrefois, absolument
pas, à aucun prix. Leurs idées avaient donc bien changé, du jour au
lendemain. Pourquoi ? Quel calcul abject, quelle infamie
nouvelle cachait ce brusque revirement ?…
– Ah ! n’importe ! se disait
Raymond, je sauverai Mlle Simone en dépit
d’elle-même, je la sauverai, je le veux… Mais il me faut arriver
jusqu’à elle, la voir, lui parler…
Puis après un moment :
– Peut-être est-il un moyen,
ajouta-t-il.
La nuit venait, les boutiques se fermaient… Il
remonta la rue de Grenelle jusqu’à la hauteur de l’hôtel de
Maillefert.
En face, plusieurs maisons s’élevaient, de
celles qu’on appelle des maisons de produit, et à la porte de l’une
d’elles pendait un écriteau annonçant aux passants de « jolis
appartements fraîchement décorés à louer présentement ».
– Voilà mon affaire, se dit Raymond.
Et traversant la rue, il entra bravement.
– Hein ! de quoi !… vous voulez
visiter des appartements à cette heure-ci !… lui répondit la
concierge, à laquelle il s’était poliment adressé. Jamais de la
vie !… Demain, je ne dis pas, il fera jour…
Mais Raymond avait en poche de ces arguments
qui dissipent la mauvaise humeur des concierges comme un rayon de
soleil le brouillard.
Celle-ci, à la vue d’une belle pièce de dix
francs toute neuve, se leva, souriante, et, allumant une bougie,
elle conduisit l’aspirant locataire à un petit appartement du
troisième étage qu’elle lui déclara valoir mille francs.
C’était hors de prix, car l’appartement
« fraîchement décoré » était d’une malpropreté rare. Les
plafonds enfumés s’écaillaient de tous côtés. Le papier graisseux
gardait les traces de tous les locataires qui s’y étaient succédé
depuis la première révolution.
Oui, mais il suffit à Raymond d’ouvrir une des
fenêtres pour s’assurer que de ce troisième étage il planerait en
quelque sorte au-dessus de l’hôtel de Maillefert, et que personne
n’y entrerait ni n’en sortirait, qu’il n’aperçût et ne
reconnût.
– Décidément l’appartement me convient et
je l’arrête, déclara-t-il en tirant de son gousset le denier à
Dieu, une belle pièce de vingt francs…
Alors, commencèrent les questions de la
portière.
Qui était monsieur ? Quel était son
nom ? Était-il marié ? Avait-il des enfants ? Où
pouvait-on aller aux renseignements afin de s’assurer qu’il
possédait assez de meubles pour garantir le paiement du
loyer ?
Toutes ces questions, heureusement, qui se
suivaient comme les grains d’un chapelet, avaient laissé à Raymond
le temps de préparer ses réponses.
Comprenant bien que le nom de Delorge ne
devait pas être prononcé dans les environs de l’hôtel de
Maillefert, il s’empara du nom de jeune fille de sa mère et déclara
qu’il s’appelait Paul de Lespéran.
Il répondit encore qu’il était employé dans un
ministère et garçon ; que jusqu’ici il avait habité chez un de
ses parents et que par conséquent il ne possédait pas de meubles,
mais qu’il allait en acheter qu’on apporterait le lendemain.
Pour plus de sûreté, d’ailleurs, il offrait de
payer et il paya, en effet, un terme d’avance…
Restait à se procurer les meubles
annoncés.
Sans perdre une minute, Raymond se fit
conduire chez un marchand de la rue Jacob, lequel, moyennant une
gratification de cent francs qu’il demanda pour ses ouvriers, et
qu’il mit généreusement dans sa poche, jura ses grands dieux que le
soir même, avant minuit, il aurait mis en place un modeste mobilier
de salon et de chambre à coucher qu’il ne s’était fait payer que le
double de sa valeur.
– Mais il ne m’aura pas tenu parole,
assurément, se disait Raymond, lorsqu’il sortit de chez sa mère, le
lendemain matin, pour se rendre rue de Grenelle.
C’était le 30 décembre, vers les huit
heures…
Encore bien qu’il ne plût pas, le temps était
détestable, il faisait froid, et à chaque pas on glissait sur le
pavé boueux.
Pourtant, devant toutes les boutiques de
marchands de journaux, des gens stationnaient qui discutaient avec
une certaine animation.
Machinalement, Raymond s’arrêta près d’un de
ces groupes.
On s’y entretenait de Tropmann, dont le
sinistre procès se déroulait devant la cour d’assises de la Seine,
mais on s’y préoccupait bien plus de la situation politique.
Il y avait alors quarante-huit heures que
l’empereur avait chargé M. Émile Ollivier de constituer un
ministère « d’ordre et de liberté », et comme on était
sans nouvelles précises de cette mission, dame ! on
s’inquiétait.
Les bruits les plus saugrenus – de ces bruits
comme il n’en éclôt qu’à Paris, aux environs de la Bourse –
circulaient. Selon les uns, M. Émile Ollivier avait échoué,
toutes ses avances avaient été repoussées, et il venait de donner
sa démission. Selon les autres, il avait fait accepter à l’empereur
un cabinet composé de ses anciens amis de la gauche. D’autres
encore, qui se prétendaient les mieux informés, affirmaient que
M. Rouher allait revenir aux affaires avec un ministère à
poigne.
Il était manifeste qu’il régnait dans tous les
esprits une certaine inquiétude.
Depuis les dernières élections, l’incertitude
de l’avenir avait paralysé toutes les grandes affaires, ralenti le
mouvement de la haute industrie et intimidé les capitaux, poltrons
de leur nature et toujours prêts à rentrer sous terre à la moindre
alerte.
Mais cette incertitude n’entravait en rien le
petit commerce, le commerce des étrennes surtout.
Jamais premier de l’an ne s’était mieux
annoncé.
Si matin qu’il fût encore, Paris était bien
éveillé. Les carreaux des boutiques étincelaient. Tous les étalages
étaient terminés, étalages merveilleux où, parmi les
« articles » du plus haut prix, s’accumulaient les milles
produits de l’industrie parisienne, véritables objets d’art qui
tirent toute leur valeur de l’habileté de l’ouvrier.
Constatant de ses yeux cette prospérité de
surface, comment Raymond eût-il pu ajouter foi aux sombres
prophéties de Me Roberjot ?
– Toujours les mêmes illusions,
pensait-il, tout en suivant la rue de Richelieu ; toujours les
gens prendront leurs désirs pour la réalité, et fou je serais de
compter sur la dégringolade de l’Empire pour écraser mes
ennemis…
Mais il eut un tressaillement de plaisir,
quand, arrivant rue de Grenelle, il constata que son marchand de
meubles lui avait tenu parole. Son appartement était prêt et c’est
avec un soupir de satisfaction qu’il s’y enferma, sûr d’être à
l’abri des importuns.
Il savait, pour s’en être assuré la veille,
que c’était de la fenêtre de la chambre à coucher qu’il avait sur
l’hôtel de Maillefert la vue la plus complète. Il y courut, et
après avoir fermé les persiennes, il en arracha bravement une lame,
se ménageant ainsi un jour d’où il pouvait voir à l’aise, sans être
aperçu du dehors.
Attirant alors une vieille chaise dépaillée,
abandonnée par le précédent locataire, il s’assit, et tirant de sa
poche une jumelle dont il avait eu le soin de se munir, il
regarda.
Plus paresseux que Paris, l’hôtel de
Maillefert s’éveillait seulement.
Dans la cour, sous la direction de monsieur le
cocher de service, les gens des écuries et des remises allaient et
venaient, étrillant les chevaux, lavant les voitures et cirant les
harnais…
Au premier étage, toutes les fenêtres étaient
ouvertes, et presque à chacune d’elles des valets apparaissaient en
veste rouge du matin, avec d’immenses tabliers à pièce, qui
secouaient des tapis, battaient des coussins, ou époussetaient ces
mille bibelots coûteux qui constituaient le luxe du second Empire
et qui, par leur fragilité et leur éclat, en étaient comme
l’emblème.
– Tout ce luxe est-il payé,
seulement ! se disait Raymond, songeant au désordre de la
duchesse et de M. Philippe, et à ces dettes dont ils ne
cessaient de tourmenter Mlle Simone…
Mais les fers d’un cheval sonnant sur le pavé
interrompirent brusquement ses réflexions et ramenèrent ses regards
du premier étage à la cour de l’hôtel de Maillefert.
Un cavalier y entrait monté sur une bête de
prix qu’il maniait avec une rare aisance.
Il sauta lestement à terre, jeta la bride aux
mains des valets et entra dans l’hôtel, pendant que le suisse
frappait deux coups sur un énorme timbre.
Ce cavalier était le comte de Combelaine.
Que voulait-il si matin, le misérable ?
quel motif pressant l’attirait ? quelle infamie nouvelle
tramait-il ?
Et Raymond regardait avidement les fenêtres du
second étage de l’hôtel, toutes hermétiquement closes, espérant que
les persiennes de l’une d’elles allaient s’ouvrir et lui fournir
quelque indication.
Son attente ne fut pas déçue.
Moins d’une minute après l’entrée de
M. de Combelaine, les deux dernières croisées à gauche de
l’hôtel furent ouvertes par un domestique que Raymond reconnut pour
l’avoir vu maintes fois aux Rosiers, et qui n’était pas un moindre
personnage que le propre valet de chambre du jeune duc de
Maillefert.
Et dans le court espace de temps où les
fenêtres demeurèrent ouvertes, Raymond distingua nettement, dans la
vaste chambre qu’elles éclairaient, M. Philippe, d’abord, en
veste du matin de velours noir, debout devant une glace ; puis
M. de Combelaine étendu sur un immense fauteuil.
Mais Raymond n’eut guère de temps à donner à
ses réflexions.
Un grand bruit de roues attirait son
attention. C’était un coupé marron, attelé d’un cheval de cinq
cents louis, qui entrait dans la cour de l’hôtel de Maillefert, et
qui, après le plus savant demi-cercle, venait s’arrêter devant le
perron.
De même que l’instant d’avant, le suisse avait
frappé deux coups.
Et cette visite devait être attendue, car le
timbre vibrait encore, qu’une des fenêtres de l’appartement de
M. Philippe s’ouvrait, et que M. de Combelaine y
apparaissait, se penchant très en avant pour voir qui arrivait.
Justement, un des valets de pied venait
d’ouvrir respectueusement la portière du coupé.
Et un gros homme en descendait, qu’il était
impossible de ne pas reconnaître quand on l’avait vu une fois,
M. Verdale, c’est-à-dire M. le baron de Verdale.
Il adressa quelques mots à son cocher, et, de
même que M. de Combelaine, entra dans l’hôtel.
– Eh quoi ! pensait Raymond,
M. Verdale aussi !… Allons, M. de Maumussy ne
va pas tarder à paraître…
Il se trompait…
Celui qu’il aperçut, dix minutes plus tard, ce
fut M. Philippe de Maillefert sortant de l’hôtel.
Contre son ordinaire, le jeune duc était vêtu
de noir, des pieds à la tête, et autant qu’en pouvait juger
Raymond, de son observatoire, extraordinairement pâle.
Derrière lui, venaient
M. de Combelaine et M. Verdale, graves, mais d’une
gravité que Raymond jugea plus que suspecte, car il lui sembla les
voir échanger un regard d’intelligence, et dissimuler à grand peine
une grimace d’ironique satisfaction.
Ils parlaient, du reste, alternativement, et,
à les voir ainsi de loin, debout sur le perron, l’un à droite,
l’autre à gauche du jeune duc, on les eût pris pour deux
chirurgiens réconfortant un malade et l’exhortant à se résigner à
quelque terrible, mais indispensable opération.
– Qu’espèrent-ils de lui ? Qu’en
veulent-ils obtenir ? pensait Raymond, qui eût donné tout ce
qu’il possédait pour entendre aussi bien qu’il voyait.
Non moins que lui, les vingt domestiques
témoins de cette scène paraissaient intrigués et intéressés. Ils se
tenaient respectueusement à l’écart, et semblaient absorbés par
leur besogne ; mais les oreilles étaient tendues et les yeux
aux aguets.
– S’agirait-il d’un duel ? se disait
Raymond. Non, il n’hésiterait pas, car ce mérite, du moins, lui
reste, de tenir aussi peu à la vie qu’à l’argent…
Du reste, M. Philippe n’hésitait
plus.
À une dernière observation de
M. de Combelaine, il se redressa, faisant claquer ses
doigts au-dessus de sa tête, geste qui dans tous les pays du monde
signifie :
– Le sort en est jeté ! Advienne que
pourra !
Sur un signe, un valet avait ouvert la
portière du coupé. M. Verdale et le jeune duc de Maillefert y
prirent place. M. de Combelaine sauta lestement en
selle.
Et cheval et voiture sortirent au grand trot
de l’hôtel.
Mais c’est inutilement que Raymond épia leur
retour…
Une à une les fenêtres du second étage
s’ouvrirent, l’hôtel reprit sa physionomie de la veille ; de
même que la veille les équipages, dans la cour, se succédèrent sans
interruption ; M. Philippe ne reparut pas ; la
duchesse de Maillefert et Mlle Simone demeurèrent
invisibles…
De guerre lasse, après de longues heures
d’observation, et comme déjà la nuit tombait, Raymond songeait à
rentrer chez sa mère, lorsque tout à coup, dans la cour de l’hôtel,
et se disposant à sortir, il aperçut une femme dont la tournure,
plus d’une fois, l’avait fait sourire. Oh ! il n’y avait pas à
s’y tromper…
– Miss Lydia Dodge !… s’écria-t-il.
Ah ! si je pouvais lui parler !…
Et il s’élança dehors…
C’était bien miss Lydia, en effet. Seule
d’ailleurs, elle pouvait avoir cette grande taille, ces vêtements
d’une coupe exotique et cette démarche d’une raideur étrange.
Elle venait de tourner le coin de la rue de la
Chaise, lorsqu’elle s’entendit appeler doucement par son
nom :
– Miss Lydia ! miss
Lydia !…
Elle s’arrêta court, se retourna vivement tout
d’une pièce, et apercevant Raymond :
– Vous ! s’écria-t-elle, d’un air
d’immense stupeur.
– Oui, moi, dit-il. Pensiez-vous donc que
j’étais resté aux Rosiers !
Et comme elle ne répondait pas :
– Où est
Mlle Simone ? interrogea-t-il brusquement.
– Ici, à l’hôtel, fit la gouvernante.
Mais permettez-moi de vous quitter. Il n’est pas convenable…
Elle saluait, elle allait s’éloigner… Raymond
la retint par la manche de son manteau.
– Chère miss Dodge, disait-il d’une voix
suppliante, je vous en conjure, ne m’abandonnez pas ainsi…
Mais il avait expérimenté l’ombrageuse
susceptibilité de la gouvernante anglaise, et c’est presque
timidement qu’il ajouta :
– Ce serait me sauver la vie que de
m’apprendre ce qui s’est passé…
Miss Dodge réfléchissait, et la contraction de
sa longue figure, et l’expression de ses gros yeux trahissaient un
rude combat intérieur.
Parler !… c’était manquer aux principes
de toute sa vie.
D’un autre côté, elle avait pour Raymond une
sincère affection. Toujours il avait eu pour elle des attentions
délicates auxquelles on ne l’avait guère accoutumée. Puis il
parlait anglais. C’est en anglais qu’il la suppliait en ce
moment.
– Hélas ! murmura-t-elle, avec un
gros soupir, que voulez-vous que je vous dise ?
– Pourquoi Mlle Simone
a-t-elle si brusquement quitté Maillefert ?
– Je ne le sais pas.
– Elle ne vous l’a pas dit ? vous ne
l’avez pas deviné ?
– Non.
– Venir à Paris devait lui coûter.
– Oh ! horriblement.
C’est debout, devant la grande porte d’un
vieil hôtel de la rue de la Chaise, que causaient miss Dodge et
Raymond. L’endroit leur était propice. Il faisait assez sombre déjà
pour qu’on ne les remarquât pas, et d’ailleurs les passants sont
rares dans ces parages, où l’herbe pousse entre les pavés.
– Cependant, chère miss, insista
doucement Raymond, il a dû y avoir une explication entre
M. Philippe et sa sœur, après qu’ils m’ont eu laissé seul dans
les ruines…
– Il y en a eu une, en effet, répondit
miss Dodge, seulement…
Mais la digne gouvernante venait de prendre
une grande résolution.
– Je vais vous dire tout ce que je sais,
monsieur Delorge, reprit-elle, et vous allez voir que ce n’est pas
grand’chose. En quittant les ruines, monsieur le duc et sa sœur se
donnaient le bras.
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