Besace.
13.
Vies, voies, chemins.
14.Peut : vilain.
Tension Diplomatique
Les ambassadeurs des deux puissances
ont échangé des vues au sujet de la question du Maroc.
Les journaux (été 1911).
quand " le second " eut sonné au clocher du village, une demi-heure avant le dernier coup de cloche annonçant la messe du dimanche, le grand Lebrac, vêtu de sa veste de drap taillée dans la vieille anglaise de son grand-père, culotté d'un pantalon de droguet neuf, chaussé de brodequins ternis par une épaisse couche de graisse et coiffé d'une casquette à poil, le grand Lebrac, dis-je, vint s'appuyer contre le mur du lavoir communal et attendit ses troupes pour les mettre au courant de la situation et les informer du plein succès de l'entreprise.
Là-bas, devant la porte de Fricot l'aubergiste, quelques hommes, le br˚le-gueule aux dents, se préparaient à aller " piquer une larme " avant d'entrer à l'église.
Camus arriva bientôt avec son pantalon limé aux jarrets et sa cravate rouge comme une gorge de bouvreuil : ils se sourirent ; puis vinrent les deux Gibus, l'air flaireur ; puis Gambette, qui n'était pas encore. au courant, et Guignard et Boulot, La Crique, Guerreuillas, Bombé, Tétas et tout le contingent au grand complet des combattants de Longeveme, en tout une quarantaine.
Les cinq héros de la veille recommencèrent au moins dix fois chacun le récit de leur expédition, et, la bouche humide et les yeux brillants, les camarades buvaient leurs paroles, mimaient les gestes et applaudissaient à
chaque coup frénétiquement.
Ensuite de quoi Lebrac résuma la situation en ces termes :
- Comme ça ils verront si on en est des couilles molles !
Alors, s˚rement, cette après-midi ils viendront se rétrainer?
par les
buissons de la Saute, histoire de chercher rogne, et on y sera tous pour les recevoir " un peu
".
Faudra prendre tous les lance-pierres et toutes les frondes. Pas besoin de s'embarrasser des triques, on veut pas se colleter. Avec les habits du dimanche il
faut faire attention et ne pas trop se salir, parce que, on se ferait beigner, en rentrant.
Seulement on leur dira deux mots.
Le troisième coup de cloche (le dernier) sonnant à toute volée, les
mit en branle et les ramena lentement
à leur place accoutumée dans les
petits bancs
de la chapelle de saint Joseph, symétrique à celle de la Vierge, o˘
s'installaient les gamines.
- Foutre! fit Camus en arrivant sous les cloches ; et moi que je dois servir la messe aujord'hui, j'vas me faire engueuler par le noir!
Et sans prendre le temps de plonger sa main dans le grand bénitier de pierre o˘ les camarades gavouillaient en passant, il traversa la nef en filant tel un zèbre pour aller endosser son surplis de thuriféraire ou d'acolyte.
quand, à l'Asperges me, il passa entre les bancs, portant son baquet d'eau bénite o˘ le curé faisait trempette avec son goupillon, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil sur ses frères d'armes.
Il vit Lebrac montrant à Boulot une image que lui avait donnée la soeur de Tintin, une fleur de tulipe ou de géranium, à moins que ce ne f˚t une pensée, soulignée du mot " souvenir " et il clignait de l'oeil d'un air don juanesque.
Alors Camus songea lui aussi à la Tavie, sa bonne amie, à qui il avait offert dernièrement un pain d'épices, de deux sous s'il vous plaît, qu'il avait acheté à la foire de Vercel, un joli pain d'épices en coeur, saupoudré de bonbonnets rouges, bleus et jaunes, orné d'une devise qui lui avait semblé tout à fait très bien :
Je mets mon coeur à vos genoux,
Acceptez-le, il est à vous!
Il la chercha de l'oeil dans les rangs des petites filles et vit qu'elle le regardait. La gravité de son office lui interdisait le sourire, mais il eut un choc au coeur et, légèrement rougissant, se redressa, le bidon d'eau bénite à son poignet raidi.
Ce mouvement n'échappa point à La Crique, qui confia à Tintin :
- " Ergarde " donc Camus s'il se rebraque ! On voit bien que la Tavie le reluque.
Et Camus en lui-même pensait : Maintenant que c'est l'école, on va se revoir plus souvent!
Oui... mais la guerre était déclarée !
A la sortie de l'office de vêpres, le grand Lebrac réunit toutes ses troupes et parla en chef :
- Allez mettre vos blousons, prenez un chanteau de pain et rappliquez au bas de la Saute à la Carrière à Pepiot.
Ils s'écampillèrent comme une volée de moineaux et, cinq minutes après, l'un courant derrière l'autre, le quignon de pain aux dents, se rejoignirent à l'endroit désigné par le général.
.
- Faudra pas dépasser le tournant du chemin, recommanda Lebrac, conscient de son rôle et soucieux de sa troupe.
- Alors tu crois qu'ils vont venir?
- Autrement, ça serait rien foireux de leur part, et il ajouta pour expliquer son ordre :
- Il y en a qui sont lestes, vous savez, les culs lourds : t'entends, Boulot ! hein ! s'agit pas de se faire chiper.
Prenez des godons " dedans " vos poches; à ceusses qu'ont des frondes à "
lastique " donnez-y les beaux cailloux et attention de pas les perdre.
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