Captain of Long distances — c’est bien cela, n’est-ce pas ?
— Yah, Sir. A highseaer. East India and Pacific Lines, Sir.
— Quel beau métier ! soupira Bondy. Je changerais bien avec vous, capitaine. Il faut me raconter tout ça.
— Ben, oui, c’est justement… s’écria le capitaine avec animation. Je voudrais vous raconter quelque chose, Monsieur Bondy. Une chose très intéressante, jeune homme.
Et le capitaine Van Toch examina la pièce d’un air inquiet.
— Vous cherchez quelque chose, capitaine ?
— Ja. Tu ne bois pas du tout de bière, Monsieur Bondy. Ça m’a donné drôlement soif de venir de Sourabaya.
Le capitaine commença à fouiller dans la poche de son pantalon et en sortit son mouchoir bleu, un petit sac de toile, une blague à tabac, un couteau, un compas et une liasse de billets de banque :
— J’enverrais bien quelqu’un chercher de la bière. On pourrait demander au steward qui m’a conduit dans votre cabine.
Bondy appuya sur la sonnette :
— Laissez cela, capitaine. Prenez plutôt un cigare.
Le capitaine prit un cigare à bande rouge et or et le renifla :
— Ça, c’est du tabac de Lombok. C’est des grands voleurs, là-bas, je ne vous dis que ça !
Puis, sous les yeux horrifiés de M. Bondy, il écrasa le précieux cigare dans sa grosse main et en bourra sa pipe.
— Ja, Lombok. Ou bien Sumba.
Entre-temps, Povondra était apparu sans bruit dans la porte.
— Apportez de la bière, ordonna M. Bondy.
Povondra haussa les sourcils.
— De la bière ? et combien ?
— Un gallon, dit le capitaine en écrasant son allumette éteinte sur le tapis. Il fait très chaud à Aden, mon gars. Ben, je vous en apporte des nouvelles Monsieur Bondy. Des Sunda-Islands, see ? Je connais une affaire en or, là-bas, Monsieur. A big business. Mais il faudrait que je vous raconte toute la… comment dites-vous, story ?
— Histoire.
— Ja. Ben, c’est une drôle de petite histoire, Monsieur. Patience. Le capitaine leva ses yeux couleur de myosotis au plafond. — Je ne sais pas maintenant où trouver le commencement.
(Encore une affaire, se disait G. H. Bondy. Grand Dieu, quelle barbe ! Il va m’expliquer qu’il pourrait importer des machines à coudre en Tasmanie ou bien des chaudrons et des épingles à Fiji. Je les connais, leurs affaires en or. C’est pour cela qu’on vient me trouver. Que diable, je ne suis pas un vulgaire boutiquier. Je suis un rêveur. Je suis poète à ma façon. Parle-moi donc de Sindbad le Marin, de Sourabaya ou des Îles Phénix. N’as-tu pas été attiré par la Montagne Magnétique, l’oiseau Noh ne t’a-t-il point emporté dans son nid ? Ne reviens-tu pas avec un bateau chargé de perles, de cannelle et de bézoard ? Vas-y, mon ami, mens !)
— Je m’en vais donc commencer par les scorpiaux, annonça le capitaine.
— Quels scorpiaux ? s’étonna le conseiller commercial Bondy.
— Ben, les scorpions. Comment dit-on, lizards ?
— Lézards ?
— Oui, parbleu, des lézards. Oui, il y a de drôles de lézards là-bas, Monsieur Bondy.
— Où ça ?
— Sur une de ces îles. Ça, je ne peux pas te dire le nom, mon gars.
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