Et on lave le sable. Je t’avais bien dit qu’il y a plein de perles ici.
— Les perles poussent dans des espèces de coquillages sous l’eau, dit Abe, à peu près sûr de ce qu’il avançait. Je te jure, Li, ce sont ces Tritons qui te les ont apportées. C’est parce qu’ils t’ont vue quand tu te baignais. Ils voulaient te les remettre en personne, mais puisque tu as eu si peur…
— Ils sont tellement laids, hoqueta Li. Abe, elles sont merveilleuses ces perles. J’adore les perles !
(Maintenant, elle est jolie, nota la voix critique. Agenouillée là, avec ces perles dans le creux de la main – enfin, elle est bien, il n’y a rien à dire.)
— Abe, et c’est vraiment ces… ces bêtes qui me les ont apportées ?
— Ce ne sont pas des bêtes, chérie. Ce sont les dieux de la mer. On les appelle Tritons.
La chérie ne s’en étonna point :
— C’est gentil de leur part, hein ? Ils sont vraiment charmants. Qu’est-ce que tu crois, Abe, je dois les remercier ?
— Tu n’as plus peur à présent ?
La chérie frémit :
— Si, j’ai peur, Abe, je t’en prie emmène-moi d’ici.
— Alors, écoute, dit Abe. Il faut aller jusqu’au bateau. Viens et n’aie pas peur.
— Mais… mais ils sont sur notre chemin. Les dents de Li s’étaient remises à claquer. — Abe, tu ne pourrais pas y aller tout seul ? Mais ne me laisse pas seule ici !
— Je te porterai dans mes bras, proposa héroïquement Monsieur Abe.
— Ça irait, soupira la chérie.
— Mais il faut mettre ton peignoir, grommela Abe.
— Tout de suite. Miss Li recoiffait de ses deux mains ses célèbres cheveux blonds. — Est-ce que je ne suis pas terriblement décoiffée ? Abe, tu n’as pas de rouge à lèvres sur toi ?
Abe posa le peignoir sur ses épaules :
— Allons, Li, viens.
— J’ai peur, fit la chérie.
Abe la souleva dans ses bras. Li se sentait légère comme un nuage. Bon sang, c’est plus lourd que tu ne croyais, n’est-ce pas, dit à Abe la voix froide et critique. Et maintenant, mon vieux, tu as les deux mains pleines. Et si ces bêtes nous attaquaient, alors ?
— Tu ne voudrais pas aller au pas de course ? proposait la chérie.
— Oui, haleta Abe, à peine capable de se traîner.
Maintenant la nuit tombait rapidement. Abe approchait du vaste demi-cercle formé par les bêtes.
— Vite, Abe, cours, chuchotait Li.
Les bêtes se mirent à s’agiter d’un mouvement étrange, onduleux et à balancer leurs torses.
— Cours, fais vite, gémit la chérie en agitant hystériquement ses jambes tandis que ses ongles couverts d’un vernis argenté s’enfonçaient dans le cou d’Abe.
— Bon sang, Li, fiche-moi la paix, cria Abe.
— Naïf, aboyait-on à ses côtés. Naïf. Li. Naïf. Naïf. Naïf. Li.
Ils étaient déjà sortis du demi-cercle et Abe sentait ses jambes s’enfoncer dans le sable humide.
— Tu peux me mettre par terre, soupira la chérie, alors qu’il sentait fléchir ses jambes et ses bras.
Abe haletait et essuyait de son avant-bras la sueur qui couvrait son front.
— Va vite au bateau, commandait Li chérie.
Le demi-cercle d’ombres noires s’était maintenant retourné vers Li et s’approchait d’elle.
— Ts-ts-ts. Naïf. Naïf.
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