Action
non agissante.
L’esclave est, en un sens, un modèle (le plus bas… le plus
haut… toujours la même loi). Matière aussi.
Transporter hors de soi les mobiles de ses actions. Être
poussé. Les motifs tout à fait purs (ou les plus vils : toujours la même
loi) apparaissent comme extérieurs.
Pour tout acte, le considérer sous l’aspect non de l’objet, mais
de l’impulsion. Non pas : à quelle fin ? Mais : d’où cela
vient-il ?
« J’étais nu et vous m’avez habillé. » Ce don est
simplement le signe de l’état où se trouvaient les êtres qui ont agi de la
sorte. Ils étaient dans un état tel qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher de
nourrir ceux qui avaient faim, d’habiller ceux qui étaient nus ; us ne le
faisaient aucunement pour le Christ, ils ne pouvaient pas s’empêcher de le
faire parce que la compassion du Christ était en eux. Comme saint Nicolas
allant avec saint Cassien à travers la steppe russe à un rendez-vous avec Dieu
ne pouvait pas s’empêcher de manquer l’heure du rendez-vous pour aider un
moujik à dégager sa voiture embourbée. Le bien accompli ainsi presque malgré
soi, presque avec honte et remords, est pur. Tout bien absolument pur échappe
complètement à la volonté. Le bien est transcendant. Dieu est le Bien.
« J’avais faim et vous m’avez secouru. » Quand
donc, Seigneur ? Ils ne le savaient pas. Il ne faut pas le savoir.
Il ne faut pas secourir le prochain pour le Christ, mais par
le Christ. Que le moi disparaisse de telle sorte que le Christ, au moyen de l’intermédiaire
que constituent notre âme et notre corps, secoure le prochain. Être l’esclave
que son maître envoie porter tel secours à tel malheureux. Le secours vient du
maître, mais il s’adresse au malheureux. Le Christ n’a pas souffert pour son
Père. Il a souffert pour les hommes par ta volonté du Père.
On ne peut pas dire de l’esclave qui va porter secours qu’il
fait cela pour son maître. Il ne fait rien. Quand même pour aller jusqu’au
malheureux, il marcherait sur des clous, pieds nus, alors il souffre, mais il
ne fait rien. Car il est un esclave.
« Nous sommes des esclaves inutiles. » c’est-à-dire :
nous n’avons rien fait.
D’une manière générale, pour Dieu est une mauvaise
expression. Dieu ne doit pas se mettre au datif.
Ne pas aller au prochain pour Dieu, mais être poussé par
Dieu vers le prochain comme la flèche vers le but par l’archer.
N’être qu’un intermédiaire entre la terre inculte et le
champ labouré, entre les données du problème et la solution, entre la page
blanche et le poème, entre le malheureux qui a faim et le malheureux rassasié.
En toutes choses, seul ce qui nous vient du dehors, gratuitement,
par surprise, comme un don du sort, sans que nous l’ayons cherché, est joie
pure. Parallèlement, le bien réel ne peut venir que du dehors, jamais de notre
effort. Nous ne pouvons en aucun cas fabriquer quelque chose qui soit meilleur
que nous. Ainsi l’effort tendu véritablement vers le bien ne doit pas aboutir :
c’est après une tension longue et stérile qui se termine en désespoir, quand on
n’attend plus rien, que du dehors, merveilleuse surprise, vient le don. Cet
effort a été destructeur d’une partie de la fausse plénitude qui est en nous. Le
vide divin, plus plein que la plénitude, est venu s’installer en nous.
La volonté de Dieu. Comment la connaître ? Si on fait
le silence en soi, si on fait taire tous les désirs, toutes les opinions et qu’on
pense avec amour, de toute son âme et sans paroles : « Que ta volonté
soit faite, » ce qu’on sent ensuite sans incertitude devoir faire (quand
même, à certains égards, ce serait une erreur) est la volonté de Dieu. Car si
on lui demande du pain, il ne sonne que des pierres.
Critérium convergent. Une action ou une attitude en faveur
de laquelle la raison trouve plusieurs motifs distincts et convergents, mais
dont on sent qu’elle dépasse tous les motifs représentables.
Il ne faut avoir en vue dans la prière aucune chose
particulière, à moins d’en avoir reçu surnaturellement l’inspiration. Car Dieu
est l’être universel.
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