Delon (Contes et romans, op. cit., p. 978-983) et le Dossier, infra, p. 258 sq.
91- Sur ce changement de « voix », voir C. Duflo, « Suzanne un instant philosophe. Amour, sexualité, violence à la lumière de quelques lignes de La Religieuse de Diderot », dans Amour, violence, sexualité. De Sade à nos jours. Hommage à Svein-Eirik Fauskevåg, L’Harmattan/Solum Forlag, 2007, p. 43-54.
92- La société est détruite par le célibat monastique : Diderot le dénonce vigoureusement dans l’article « Célibat » de l’Encyclopédie. Voir, sur ce thème, le Dossier, infra, p. 231 sq.
93- Diderot définit d’ailleurs le roman, dans ce texte, comme « morale en action ». Le mot « action » peut être entendu au sens de « mise en intrigue » qui structure la réception « morale » du lecteur, en lui proposant une vision du monde orientée par certaines valeurs qui n’existent pas dans la réalité, mais dont il désirera alors la doter.
94- J. Habermas, L’Espace public. Archéologie de la publicité comme constitutive de la société bourgeoise, Payot, 1992 [1962], p. 60-65.
95- Critère qu’on peut, comme Habermas, qualifier de « bourgeois », en tant qu’il s’affronte alors à la conception monarchique de la société, fondé sur des rapports hiérarchiques d’ordres, et non sur des rapports « horizontaux » entre individus se vivant d’abord comme membres d’une espèce commune.
96- Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1765, vol. 12, p. 510. La phrase latine se traduit ainsi : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Elle sert régulièrement de slogan aux Lumières : voir M. Delon, « Homo sum, humani nihil a me alienum puto : un vers de Térence comme devise des Lumières », Dix-Huitième Siècle, 16, 1984, p. 279-296.
97- Il semble difficile de considérer, ainsi que le fait R. Ellrich, la totalité du roman comme un mémoire judiciaire (« The Rhetoric of La Religieuse », Diderot Studies, no 3, 1961).
98- S. Maza, Vies privées, affaires publiques. Les Causes célèbres dans la France prérévolutionnaire, Fayard, 1977, p. 11.
99- Faisons aussi la part du biographique. Diderot a prêté à ses personnages (en particulier dans le mémoire de Manouri cité par Suzanne) les mots de son indignation face à son propre frère, prêtre janséniste intransigeant dont il récusait le fanatisme. Il est en conflit ouvert avec lui durant la première phase d’écriture du roman, en 1760 : « L’esprit ne peut acquiescer qu’à ce qui lui paraît vrai ; le cœur ne peut aimer que ce qui lui semble bon. La contrainte fera de l’homme un hypocrite s’il est faible, un martyr s’il est courageux. » (Lettre à l’abbé Diderot du 29 décembre 1760, Correspondance, op. cit., t. III, p. 283).
100- S. Maza, Vies privées, affaires publiques..., op. cit., p. 13-14.
101- Contes et romans, op. cit., p. 899.
102- Sur ce motif, voir le Dossier, infra, p. 235.
103- J.-P. Sermain, « Diderot et l’éloquence religieuse », dans Nicht allein mit den Worten, Festschrift fuer Joachim Dyck, dir. T. Mueller, J.G. Pankau et G. Ueding, Stuttgart-Bad Cannstatt, Frommann-Holzboog, 1995, p. 285. L’auteur montre à juste titre que ce transfert rhétorique correspond à un transfert de magistère moral à l’orateur-écrivain des Lumières, non sans que ce dernier préserve l’élément esthétique du religieux comme instrument de la fonction émotive.
104- De ce point de vue, Suzanne défend en général le droit à disposer de soi-même ; elle ne peut être motivée par un désir amoureux contrarié. Diderot semble s’être beaucoup souvenu de Brunet de Brou, La Religieuse malgré elle. Histoire galante, morale et tragique (1720), non pas pour les évasions multiples de Florence, l’héroïne, en compagnie de ses amants, mais parce qu’elle réclame officiellement, quoique en vain, contre ses vœux.
105- L’orientation sexuelle de la supérieure de Saint-Eutrope relève dans cette économie d’une perversion suscitée, et non d’une perversion native, parce que ce serait une contradiction dans les termes : la perspective philosophique du texte fait le départ de l’inné et de l’acquis pour mieux saisir le travail de « torsion » et de déformation que la culture disciplinaire impose despotiquement à la « nature », au regard de laquelle, pour le matérialiste, il n’y a ni bien ni mal, ni perversion ni transgression.
106- « La beauté convulsive de La Religieuse », dans L’Encyclopédie, Diderot, l’esthétique. Mélanges en hommage à J. Chouillet, PUF, 1991.
107- Il n’est pas indifférent de noter l’importance de ce calendrier dans le roman. On peut en outre superposer à ce contexte le souvenir de la sœur religieuse morte folle, Angélique, mais surtout songer à l’identification christique, qui joue un rôle si important dans le roman.
108- Voir sur ce point J.
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