Sgard, « Diderot et La Religieuse en chemise », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, 43, 2008, p. 49-56.
109- M. Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Gallimard, 1975, p. 137.
110- Diderot, Le Rêve de d’Alembert, éd. C. Duflo, GF-Flammarion, 2002, p. 173.
111- Diderot a placé dans la bouche de son personnage une célèbre formule de la dixième des Satires de Juvénal qui définit la sagesse comme capacité à une demande mesurée et simple : la santé du corps et de l’esprit. La mère de Moni est donc bien ici une figure de « philosophe ».
112- Voir le dépit affiché par cette dernière lorsque le médecin qui soigne Suzanne épuisée par les mauvais traitements annonce qu’elle « s’en tirera » (p. 113). On notera que Diderot a passé sous silence le fait que Saint-Eutrope accueillait, dans les faits, un ordre soignant, qui s’occupait des malades de l’hôpital annexé au monastère : il faut en sorte que tous ses couvents soient marqués du sceau de l’inutilité sociale et de son corollaire, l’absence de bienfaisance et de souci sanitaire.
113- Diderot, Correspondance, op. cit., p. 191.
114- Les religieuses en proie aux terreurs sataniques sont dignes de l’univers baroque des Histoires tragiques de François de Rosset (1614-1619), où la visée édifiante passe par une explication des fureurs du cloître en termes de possession par le malin : voir Des horribles excès commis par une religieuse à l’instigation du diable. Mais on comprend que, dans la perspective matérialiste et critique de Diderot, la folie furieuse ne peut recevoir une explication « magique ».
115- Voir Dossier, infra, p. 241 et 255.
116- Encyclopédie, Paris, 1765, vol. 14, p. 78.
117- « Séduction, essai sur La Religieuse de Diderot », Séductions. De Sartre à Héraclite, Paris, Galilée, 1990, p. 9-60.
118- M. Robert, Roman des origines et origines du roman, Gallimard, 1972, p. 74.
119- Topiques romanesques, là encore : c’est ce que n’hésite pas à faire la religieuse « possédée » de François de Rosset (voir supra, p. XLIV, note 3). Dans une nouvelle de Rétif de la Bretonne contemporaine de la première parution de La Religieuse, c’est le frère de l’héroïne qui prévient abruptement sa mère de son intention de délivrer sa sœur adorée : « Madame, je n’ai qu’un mot à dire : ou ma sœur sera libre, ou je mets le feu au couvent » (La Religieuse par force, dans Les Contemporaines, XI-XII, Slatkine Reprints, 1988, p. 14). Le frontispice de 1782 représentait l’héroïne se donnant la mort publiquement à l’aide d’un stylet au moment de la cérémonie des vœux : suicide « militant », dans une posture à l’antique, cependant éloigné dans son esprit des obsessions morbides de la mélancolique Suzanne.
120- Espaces du féminin dans le roman français du XVIIIe siècle, op. cit.
121- De là, aussi, les oscillations, parfois abruptes, entre mode singulatif et mode itératif, même si elles sont en partie attribuables aux conditions elles-mêmes heurtées de la gestation du roman.
122- Comme Mme de La Pommeraye dans une des célèbres histoires insérées de Jacques le Fataliste.
123- Contes et romans, op. cit., p. 552.
124- C. Duflo, « La nature pervertie. L’analyse des passions dans La Religieuse de Diderot », dans De Rabelais à Sade. L’analyse des passions dans le roman français de l’âge classique, dir. C. Duflo et L. Ruiz, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2003, p. 88.
125- Voir la scène de crise où, face à la supérieure de Longchamp, Suzanne ôte violemment sa coiffe et hurle son horreur de la tenue monastique.
126- L.S. Mercier, Tableau de Paris, op. cit., t. II, p. 79.
127- En 1783, il n’aurait pu le lire que dans la Correspondance littéraire (ce qui n’est pas impossible, du reste, si on lit la fin du texte, qui fait écho au roman (p. 83) : « Voilà ce que fait la profonde retraite. Toutes les passions s’y corrompent ; l’orgueil y prend un caractère encore plus dur. Point de milieu dans ces murs solitaires ; c’est là que l’âme s’anéantit, ou qu’elle monte au plus haut niveau de perversité »).
128- Baudelaire, « À Sainte-Beuve » (1844), Œuvres complètes, éd. C. Pichois, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, t. I, p. 207.
129- Robert Bresson, Le Procès de Jeanne d’Arc, France, 1962.
Note sur le texte
L’histoire du texte de La Religieuse, dont la rédaction s’est étendue sur vingt-deux ans, entre le début de l’année 1760 et le début du printemps 1782, est fort complexe.
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