Enfin, bon. Tenez, voilà un journal, si vous avez envie de savoir pourquoi nous sommes là. Je vais aller m’asseoir un peu, en attendant. Est-ce qu’on peut téléphoner d’ici, dans ce cas-là ?

LE CONCIERGE. —

Dans ce cas-là, vous pourrez utiliser ce téléphone.

(Ils s’assoient. Silence.)

LE CONCIERGE. —

Maintenant, tout est calme dans le bâtiment. Bientôt, tout le monde va dormir. Les lumières sont éteintes. Tous les bruits de pas ont cessé. Personne n’est en train de scier ses barreaux. Personne ne se met la tête en sang en se la cognant contre les murs. Personne n’écrit sur le blanc des murs avec un morceau de charbon ou bien avec ses ongles. Peut-être quelqu’un est-il encore en train de se tourner dans son lit, mais ça ne s’entend pas d’ici. Peut-être un insomniaque est-il agenouillé par terre en dessous des barreaux de sa cellule, en train de prier le ciel en silence de le libérer. Peut-être quelqu’un est-il en train de se rouler dans tous les sens sur le sol de sa cellule. Ça fait mal au dos mais ça ne s’entend pas d’ici.

(Silence.)

PREMIER JOURNALISTE. —

(S’adressant à Petrus.) Qu’est-ce que vous attendez, vous ?

PETRUS. —

Oh rien.

(Silence.)

LE CONCIERGE. —

Mais, qu’est-ce que c’est que ce bruit ? Vous n’entendez pas ? Vous n’entendez rien ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Silence de mort.

LE CONCIERGE. —

On vient. Quelqu’un est en train de descendre lentement l’escalier. Vous n’entendez donc pas le bruit que font ses chaussures sur les marches ?

SECOND JOURNALISTE. —

Franchement, je n’entends rien.

LE CONCIERGE. —

Celui qui vient est arrivé en bas de l’escalier. Oh, il vient par ici. Il longe le couloir. Vous n’entendez pas ses pas résonner contre les murs, là-dedans !

PREMIER JOURNALISTE. —

Si, c’est vrai, il y a quelqu’un qui vient.