Ecrivain dont l’imagination est en phase avec les phénomènes extra-naturels, et particulièrement avec les agissements des spectres. L’un des plus illustres auteurs de notre époque dans ce domaine particulier n’est autre que Mr. William D. Howells(2), qui entraîne le brave et crédule lecteur dans une compagnie de fantômes aussi courtoise et respectable que celle qu’on aurait aimé rencontrer. A l’effroi qu’inspire un directeur d’école communale, le fantôme d’Howells ajoute quelque chose de l’éprouvant mystère qui enveloppe le fermier d’un autre village.

Auto-évident adj. Evident pour une seule personne à l’exclusion de toute autre.

Autosatisfaction n. Evaluation erronée.

Autrement adv. Pas mieux.

Autruche n. Oiseau de belle taille à qui la nature a refusé (probablement pour ses péchés) l’implantation d’un pouce, ce qu’un bon nombre de pieux naturalistes a considéré comme le résultat d’un évident dessein. L’absence d’une bonne paire d’ailes en état de marche n’est en revanche pas un problème car, comme cela a été ingénieusement signalé, l’autruche ne vole pas.

Avaricieux adj. Excessivement désireux de conserver ce que de nombreuses personnes méritantes souhaiteraient obtenir.

« Vil avare d’Ecossais ! » dit Johnson

A l’économe J. Macpherson ;

« Voyez, moi je suis prêt à partager

Avec quiconque, s’il est convenable. »

Jamie répond : « Je vous crois sur parole,

Car les intentions ne trouent guère les poches ;

Et je sais que pour vous, quiconque est convenable

S’il possède justement la chose qui vous convient. »

Anita M. Bobe.

Averne (Lac d’) n. Lieu où les Anciens plaçaient l’entrée des Enfers. Le fait que l’accès aux régions infernales soit une étendue d’eau a été l’occasion pour Marcus Ansello Scrutator d’un rapprochement possible avec le rite Chrétien de baptême par immersion. Hypothèse qui a été récusée par Lactantius comme étant complètement dénuée de fondement.

Facilis descendus Averni,

Dit le poète ; et il est vrai

Que sur les pentes difficiles

On rencontre plus souvent

Des mains pour vous pousser

Que pour vous retenir.

Jehal Dai Lupe.

Avouer v. Confesser une faute. Dévoiler les fautes d’autrui est un grand devoir imposé par l’amour de la vérité.

1 En français dans le texte. Dans la suite de l’ouvrage, les mots français continueront de figurer en italique.

2 William Dean Howells (1837-1920) était romancier et directeur de revues. Ses premiers écrits étaient plutôt romantiques, mais il s’orienta ensuite vers un réalisme social à la Zola.

B

Baal n. Divinité ancienne que l’on adorait autrefois sous des noms divers. “Baal” était célébré chez les Phéniciens ; “Belus” ou “Bel” eut l’honneur d’être servi par le prêtre Berosus, celui qui fit le fameux récit du Déluge ; en tant que “Babel”, il eut l’hommage d’une tour partiellement érigée sur la Plaine de Shinar. Mais quel que soit son nom, Baal est le dieu-Soleil. En tant que “Beelzebub” il est le dieu des mouches, engendrées dans l’eau stagnante sous les rayons du soleil. De nos jours, Baal est toujours adoré sous le nom de Bakchich, et en tant que Bamboche il est adoré et célébré avec d’abondants sacrifices par les adeptes de la Bamboula.

Bacchus n. Divinité complaisante inventée par les anciens pour excuser leurs excès de boisson.

Comment serait-ce un péché

Quand c’est pour la dévotion

Que l’on doit au dieu Bacchus

Que l’alcool nous investit,

Et qu’il nous anéantit ?

Jorace.

Bâfrer v. Dîner.

Gloire à toi, Gastronome, apôtre de l’excès,

Habile à te bâfrer sans être indisposé !

Tu prouves par ton art du festin sans dommage

La supériorité de l’Homme sur la Bête.

John Boop.

Bain n. Sorte de cérémonie mystique remplaçant un culte religieux, bien que son efficacité spirituelle n’ait jamais été réellement prouvée.

L’homme qui prit un bain de vapeur

Y perdit la peau de son corps,

Et se voyant tout vermillon,

Dit que plus propre ne pouvait être,

Oubliant que dans ses poumons

Etait toute la vapeur du bain.

Richard Gwow.

Baiser n. Mot inventé par les poètes pour rimer avec “griser”. Cela semble se rapporter, dans un sens large, à quelque rite ou cérémonie qui entérine une mutuelle compréhension ; mais la manière dont cela se pratique reste un mystère pour le lexicographe.

Baptême n. Rite sacré d’une telle efficacité que celui qui trouve le chemin du Ciel sans l’avoir reçu sera plongé dans les affres de la détresse pour l’éternité. Le Baptême est administré avec de l’eau de deux manières, par immersion – ou plongeon, et par aspersion – ou arrosage.

Quant à savoir si l’immersion

Est préférable à l’aspersion,

Laissons-en décider,

De l’immergé,

De l’aspergé,

A la Version Autorisée,

Et à leurs rhumes comparés.

G J.

Barbe n. Poils qui sont habituellement coupés par ceux qui estiment à juste titre que la coutume chinoise de se raser la tête est absurde.

Baromètre n. Instrument ingénieux qui indique la sorte de temps que nous sommes en train de subir.

Basilic n. Serpent mythologique. Le seul reptile qui sort de l’œuf d’un coq. Le basilic porte le mauvais œil, et son regard est mortel. De nombreux païens doutent de l’existence de cet animal, mais Semprello Aurator en vit et en toucha un qui avait été aveuglé par un éclair foudroyant ; il fut en effet puni pour avoir osé jeter un regard fatal sur une dame que Jupiter aimait. Junon redonna par la suite la vision au reptile et le cacha dans une caverne. Rien n’est mieux attesté par les anciens que l’existence du basilic, mais depuis, les coqs ont cessé de pondre.

Bastonnade n. Manière de se promener dans les bois sans faire d’efforts.

Bataille n. Manière de défaire avec les dents un nœud politique qui ne veut pas céder avec la langue.

Bâton d’encens n. Petits bâtonnets que les Chinois brûlent au cours de leurs niaiseries païennes, en imitation des véritables rites sacrés de notre Sainte Religion.

Beauté n. Pouvoir qui permet à la femme de charmer un amoureux et de terrifier un mari.

Bébé n. Créature difforme à l’âge, au sexe et à la condition indéterminés, hautement remarquable par la violence des sympathies et des antipathies qu’elle provoque chez les autres, sans exprimer elle-même de sentiment ni d’émotion. Il y eut des bébés célèbres ; le petit Moïse par exemple, dont l’aventure dans le panier d’osier inspira très probablement les scribes égyptiens du septième siècle auparavant, qui en tirèrent l’assez médiocre histoire de l’enfant Osiris déposé sur une feuille de lotus flottante.

Lorsque les bébés n’étaient pas inventés,

Les jeunes filles étaient contentées.

Et l’homme se demande maintenant

S’il n’a pas gaspillé son argent

Quand il a acquis des bébés.

Et en pensant à tout cela,

Je me disais que peut-être

Aurait-il mieux valu

Que le Premier Bébé

Ait été bouffé

Par les

Rats.

Ro Amil.

Belladonna n. En italien, une jolie femme ; en anglais, un poison mortel. Exemple frappant de l’idiotisme de deux langues.

Bénédictins n. Ordre de moines, appelés aussi frocs noirs.

Elle pensa : une corneille, mais c’était finalement

Un moine de St.