Ce mot semble avoir été utilisé avec un sens quelque peu élargi par le Dr. Jamrach Holobom dans la traduction qu’il propose de l’extrait suivant du Dies Irœ :

Recordare, Jesu pie,

Quod sum causa tuœ vice.

Ne me perdas illa die.

Souviens-toi, Saint Sauveur,

De celui dont la main irréfléchie te porta

Le coup mortel ; pardonne un tel comportement.

Compréhension n. Sorte de sécrétion cérébrale qui permet à celui qui en est doté de reconnaître une maison d’un cheval grâce au toit de la maison. Sa nature et ses lois ont été intégralement explicités par Locke, qui chevauchait une maison, et par Kant, qui vivait dans un cheval.

Son génie de la compréhension était tel

Qu’il pouvait infailliblement interpréter

Toutes choses qu’il avait vues, entendues, senties,

Alors qu’il était ou n’était pas en prison.

Il écrivit sous l’appel de l’Inspiration

Sur tous les thèmes de profondes dissertations,

Puis, recueilli finalement par un asile,

Il rédigea une suprême compilation.

Jamais, jura-t-on, n’exista plus grand auteur

Qu’on ne pourra au grand jamais lire de sitôt.

Jorrock Wormley

Compromis n. Sorte d’ajustement d’intérêts divergents qui consiste à donner à chaque adversaire la satisfaction de penser qu’il a eu ce qu’il ne devait pas obtenir, et qu’il n’est privé de rien, sinon de ce qui lui était véritablement dû.

Concessions fractionnées n.p. Espaces gérés individuellement, et non plus regroupés en propriétés collectives. Certaines tribus d’Indiens sont aujourd’hui considérées comme suffisamment civilisées pour posséder en concessions fractionnées des territoires qu’elles avaient jusque-là gérés dans des organisations tribales, et qu’elles ne pouvaient pas vendre aux Blancs contre de la verroterie et de l’alcool de patate.

Pauvre, pauvre Indien, dont l’esprit malade

Connut la vision du grand au-delà,

De la tombe, du trépas, et que les terres

Arides des réserves n’ont su fixer –

Ses petites possessions devinrent leur proie ;

Dont la Dépossession, fort habilement,

Fut troquée contre de maigres espoirs !

Son feu ténu, son éternelle errance,

Par les riantes “concessions fractionnées”

Furent respectivement étouffés et tués,

Et lui avec, ancré provisoirement

Sur son lopin de terre américaine !

Conditions atmosphériques n.p. Climat d’une heure. Sujet permanent de conversation de la part de personnes qui ne s’y intéressent pas vraiment, mais qui tiennent cette tendance à discourir sans cesse sur le temps de leurs ancêtres primitifs, lesquels vivaient nus, et s’en trouvaient beaucoup plus concernés. L’existence d’organismes officiels de météorologie qui reçoivent des subsides prouve que les gouvernements eux-mêmes n’échappent pas au puissant ascendant de nos barbares aïeux.

Je plongeai un jour dans le futur aussi loin qu’il m’était possible de voir,

Et je vis le Grand Augure, aussi mort que l’on peut l’être,

Mort, damné, jeté dans l’Hadès pour une vie de mensonges,

La sentence témoignant d’une déraison rarement égalée.

Comme je regardais, il se dressa lentement, transmué dans une irradiante Jeunesse,

Fruit d’un pacte, et qu’il avait préférée à la froide Vérité,

Il porta ses regards tout autour et vers le ciel ; puis il écrivit

Sur une mince plaquette d’amiante les mots que j’ose à peine répéter ici,

Et que je lus dans la rougeâtre lueur des feux immémoriaux –

« Nuageux ; vents variables avec averses locales ; rafraîchissement ; neige. »

Halcyon Jones.

Condoléances n.p. Manière de démontrer que le deuil est un moindre mal à côté de la sympathie.

Conférencier n. Homme qui met sa main dans sa poche, sa langue dans votre oreille et sa foi dans votre patience.

Confident(e) n. Personne instruite par A des secrets de B, confiés personnellement par ce dernier à C.

Congrès n. Assemblée d’hommes qui se rassemblent pour révoquer des lois.

Connaisseur n. Spécialiste qui sait tout à propos d’une chose et rien à propos de tout le reste.

Un vieil amateur de vin avait été sérieusement blessé lors d’une collision ferroviaire, un peu de vin lui fut donné à boire pour le ranimer. “Pauillac 1873,” murmura-t-il dans son dernier soupir.

Conseil n. Petite monnaie d’usage courant.

« L’individu

Se trouvait dans

Une telle détresse, »

Déclara Tom,

« Je ne pouvais

Pas faire moins que

De lui donner

Un bon conseil. »

« Mais s’il avait

Eté possible

De faire moins, »

Répondit Jim,

« Je te connais

Suffisamment

Pour savoir que

Tu l’aurais fait. »

Jebel Jocordy.

Consentement n. Harmonie.

Conséquence n. Forme particulière de déception. Avec ce type d’intelligence qui estime que l’exception est preuve de la règle, la sagesse d’un acte est jugée par sa conséquence, son résultat. C’est d’une monumentale idiotie ; la sagesse d’un acte doit être jugée aux facultés de l’exécutant au moment où il agit.

Conservateur n. Politicien qui affectionne les maux existants, qu’il ne faut pas confondre avec le Libéral qui souhaite les remplacer par d’autres.

Consolation n. Lorsque l’on constate qu’un homme meilleur est plus infortuné que soi.

Consul n. En politique américaine, personne qui a failli dans l’exercice d’une fonction publique, et qui en reçoit une autre de l’Administration à la condition de quitter le pays.

Consulter v. Rechercher l’approbation d’autrui pour un projet déjà bien arrêté.

Contes traditionnels n.p. Histoires qui embrassent des mythes et des superstitions populaires. Dans l’ouvrage de Baring-Gould, Mythes curieux du Moyen Age, le lecteur est amené à découvrir un bon nombre d’histoires qui remontent, à travers différents peuples et sur des lignes convergentes, jusqu’à une origine commune dans la plus haute antiquité. On trouve parmi celles-ci les légendes de “Teddy le Tueur de Géant”, “John Williams le Matois”, “Le Petit Chaperon Rouge et le Trust du Sucre”, “La Belle et Brisbane”, “Les Sept Aldermen d’Ephèse”, “Van Fairbanks le coquin”, et ainsi de suite. “Le Roi des Aulnes”, ce conte que Gœthe relata de façon si touchante, était déjà connu deux mille ans auparavant en Grèce sous le nom de “Le Peuple Démoniaque et l’Enfant-Industrie”. L’un des plus anciens et des plus universels de ces mythes est un conte arabe intitulé “Ali Baba et les Quarante Rockefellers”.

Contrainte n. Eloquence du pouvoir.

Controverse n. Bataille dans laquelle la salive ou l’encre remplacent l’injurieux boulet de canon et l’impertinente baïonnette.

Dans une vigoureuse controverse –

Ce qui n’est pas moins l’apanage

De l’âge mûr que de la jeunesse –

Entraînez donc votre adversaire

A adopter les arguments

Contre lesquels il combattait

Et qui provoquaient sa colère ;

Et, tel un scorpion terrassé,

Laissez-le de son propre dard

S’infliger la blessure fatale.

Comment, me direz-vous, réussir ce miracle ?

Adoptez pas à pas ses propres opinions,

Portez-le au défi d’oser les réfuter ;

Il les écartera sans pitié de sa route.

Puis énoncez les points de l’argumentation,

Avec en commentaire : « Comme très justement

Vous le faisiez si bien tout à l’heure remarquer, »

Ou bien « Précisément, et je n’ai rien à dire

Contre cela, » ou bien « Ce point de vue,

Qui découle de votre argument. » Puis laissez faire,

Lancé sur ce chemin, soyez-en assuré,

Il fera maintenant de son mieux pour prouver

Ce qui est devenu sa vérité nouvelle :

Vos propres opinions pertinentes et justes.

Conmore Apel Brune.

Convenable adj. Comme il faut, qui se rapporte aux manières d’une personne de bonne compagnie.

Je te prie de bien observer, mon fils, la nuance que voilà :

Un gentleman est distingué, et un monsieur est convenable.

Et garde-toi de t’en remettre à l’opinion des dictionnaires,

Car vois-tu bien souvent leurs rédacteurs sont des messieurs.

GJ.

Conversation n. Foire où chacun propose ses petits articles mentaux, chaque exposant étant trop préoccupé par l’arrangement de ses propres marchandises pour s’intéresser à celles de ses voisins.

Coran n. Livre dont les Mahométans croient sottement qu’il a été écrit sous l’inspiration divine, mais dont les Chrétiens savent qu’il ne s’agit que d’une imposture coupable en contradiction avec les Saintes Ecritures.

Corbeau n. Fonctionnaire besogneux, chez qui il n’est pas rare de découvrir une petite activité de publication. Dans son rôle de journaliste, il se rapproche étroitement du maître-chanteur, dont il emprunte quelquefois l’identité ; en fait, le corbeau n’est qu’une sorte de maître-chanteur sous un autre aspect, quoique ce dernier soit assez jaloux de son indépendance. L’activité du corbeau est plus détestable que celle du maître-chanteur, de la même manière que l’industrie d’un homme de confiance et de confidence est plus détestable que celle d’un voleur de grand chemin ; car, s’il faut poursuivre la comparaison, assez peu de voleurs s’abaissent à la médisance, tandis que les baveurs de l’ombre pratiqueraient la rapine s’ils en avaient le courage.

Corbillard n. Voiture d’enfant de la Mort.

Corde n. Instrument que l’on utilisait pour rappeler à l’assassin qu’il était également mortel. Elle était disposée autour de son cou et restait en place pour le restant de ses jours. Elle a été largement supplantée par une invention électrique beaucoup plus complexe, agissant sur d’autres parties de la personne ; et celle-ci est en train de laisser la place à un système connu sous le nom d’admonestation.

Corporation n. Ingénieux système qui permet d’obtenir des profits personnels sans responsabilité individuelle.

Corsaire n. Politicien des mers.

Courroux n. Colère d’un niveau et d’une qualité supérieurs, qui convient à des personnes exaltées ou à des occasions particulières ; tels “le divin courroux”, “le jour du courroux”, etc. Selon les anciens, le courroux des rois avait également une dimension sacrée, car il pouvait aisément faire intervenir dans ses manifestations quelque divinité, et ceci était également possible pour un prêtre. Les Grecs devant Troie furent harcelés à un tel point par Apollon qu’ils sautèrent du creuset courroucé de Chrysis dans les flammes courroucées d’Achille, quoique Agamemnon, l’unique offenseur, n’en fut ni cuit ni brûlé. Une similaire et remarquable immunité protégea David quand il encourut le courroux de Jéhovah en dénombrant son peuple, ce que soixante-dix mille hommes d’Israël payèrent de leur vie. Dieu, aujourd’hui, est Amour, et le directeur du recensement peut accomplir sa tâche sans vivre dans l’appréhension d’un malheur.

Couvent n. Lieu de recueillement pour les femmes qui aspirent à méditer dans la paix sur le vice de l’oisiveté.

Créancier n. Personne guérie de la maladie des Plaies d’Agent, mais qui continue à redouter une rechute.

Crémone n. Violon de grande valeur fabriqué dans le Connecticut.

Crétin n. Membre d’une dynastie régnante dans les lettres et dans la vie. Les Crétins firent leur apparition avec Adam puis, croissant en force et en nombre, ils se répandirent dans tous les lieux habitables. Le secret de leur pouvoir réside en leur insensibilité aux coups ; chatouillez-les avec un gourdin et ils se contenteront de rire sottement. Les Crétins sont originaires de la Béotie d’où ils furent chassés par les privations, les récoltes ayant été perdues par leur stupidité. Ils infestèrent les Philistins pendant un certain nombre de siècles, et c’est la raison pour laquelle certains d’entre eux sont encore de nos jours appelés philistins. Ils se répandirent aux temps troublés des Croisades, et couvrirent progressivement le territoire de l’Europe, occupant de nombreuses places élevées en politique, art, littérature, science et théologie. Par la suite, un détachement de Crétins prit place à bord du Mayflower parmi les Pèlerins, et fit un rapport favorable sur la nouvelle contrée ; il s’ensuivit une rapide et nouvelle implantation, ainsi qu’un accroissement de leur nombre par les naissances, l’immigration et les conversions. Suivant les statistiques les plus fiables, le nombre de Crétins adultes aux Etats-Unis atteint les treize millions, chiffre qui inclut les statisticiens.