A peu qu'il n'en grogne,
S'en va murmurant ;
Mais l'ange céleste
Lui dit, en dormant,
Qu'il ne s'en déhaite,
Par Dieu est l'enfant.
Joseph et Marie
Tous deux Vierges sont,
Qui par compagnie
En Bethléem vont.
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Là est accouchée
En pauvre déduit
La Vierge sacrée
Autour de minuit.
Y fut consolée
Des anges des cieux,
Y fut visitée
Des Pasteurs joyeux,
Y fut révérée
De trois nobles Rois,
Et fut rejetée
Des nobles bourgeois.
Or, prions Marie
Et Jésus, son fils,
Qu'après cette vie
Ayons Paradis
Et, notre voyage
Etant achevé,
Nous donne en partage
Le ciel azuré.
C'est à May-en-Multien que se chante encore sans doute ce Noël charmant dont voici un couplet:
Bergers qu'on s'assemble
Au signal donné
Pour aller ensemble
Saluer tourelourirette
Saluer louladerirette
Le roi nouveau né.
et aussi celui où
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Saint Liphard alla prendre
La Dame du Chemin
A dessein de s'y rendre
tenant tous en leurs mains
Hautbois, Luths et Guitares
Pour faire des fanfares,
Trompettes et tambours
Pour jouer tout le jour.
Voici un Noël que j’ai entendu chanter rue de Buci. Je n’en connais point la provenance. En tout cas, il est bien champêtre et plein de saveur :
Refrain : Laissez paître vos bêtes,
Pastoureaux par monts par vaux,
Laissez paître vos bêtes
Et venez chanter Nau.
J'ai ouï chanter le rossignol
Qui chantait un chant si nouveau
Si haut, si beau,
Si raisonneau,
Il m’y rompait la tête,
Tant il prêchait et caquetait,
Ai donc pris ma houlette
Pour aller voir Nolet (refrain).
Je m'enquis au berger Nolet ;
As-tu ouï le Rossignolet
Tant joliet
Qui gringottait
Là-haut sur une épine ?
Ah oui ! dit-il, je l’ai ouï,
J’en ai pris ma bucine
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Et m’en suis réjoui (refrain).
Nous dîmes tous une chanson,
Les autres sont venus au son.
Or, sus, dansons.
Prends Alizon !
Je prendrai Guillemette,
Margot prendra le gros Guillot.
Qui prendra Péronnelle ?
Ce sera Talebot (refrain).
Ne dansons plus, nous tardons trop ;
Allons tôt, courons le trot,
Viens-t’en bientôt.
Attends, Guillot,
J’ai rompu ma courette,
Il faut ramender mon sabot.
Or, tiens cette aiguillette,
Elle t’y servira trop (refrain).
Comment, Guillot, ne viens-tu pas ?
Eh oui, j’y vais tout le doux pas,
Tu n’entends pas
Trestout mon cas ;
J’ai aux talons les mules,
C'est pourquoi je ne puis trotter ;
Prises m’ont les froidures.
En allant estraquer (refrain).
Marche devant, pauvre Mulard,
Et t’appuye sur ton billart ;
Et toi, Coquard,
Vieux Loriquart,
Tu dois avoir grand honte
De rechigner ainsi les dents,
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Et dois n’en tenir compte
Au moins devant les gens (refrain).
Nous courûmes de telle roideur,
Pour voir Notre doux Rédempteur
Et créateur
Et formateur ;
Il avait, Dieu le sache,
De drapeaux assez grand besoin ;
Il gisait dans la crèche
Sur un petit de foin (refrain).
Sa mère avecque lui était
Un vieillard si lui éclairait
Point ne semblait
Au beau douillet
Il n'était pas son père
Je l'aperçus bien au museau
Ressemblait à la mère
Encor est-il plus beau (refrain).
Or, nous avions un grand paquet
De vivres pour faire un banquet ;
Mais le muguet
De Jean Huguet
Et une grande Levrière
Mirent le pot à découvert ;
Puis ce fut la bergère
Qui laissa l'huis ouvert (refrain).
Pas ne laissâmes de gaudir ;
Je lui donnai une brebis ;
Au petit fils
Une mauvis
Lui donna Péronnelle,
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Et Margot lui donna de lait
Une petite écuelle
Couverte d'un volet (refrain).
Or, prions tous le Roi des Rois
Qu'il nous donne à tous bon Noël
Et bonne paix
De nos méfaits,
Ne veuille avoir mémoire
De nos péchés, nous pardonner,
A ceux du Purgatoire
Leurs péchés effacer (refrain).
Voici un Noël délicat et délicieux dont je regrette de n'avoir noté
que ce passage :
Je me suis levé par un matinet
Que l'aube prenait son blanc mantelet.
Chantons Nolet, Nolet, Nolet,
Chantons Nolet encore.
Et ce Noël farci :
Célébrons la naissance
Nostri salvatoris
Qui fait la complaisance
Dei sui patris.
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