Sûrement le pilote et son assistant. De sa cachette, il les entend procéder méthodiquement aux manœuvres, mille fois répétées, de mise en marche du bateau. Un véhicule vient de monter à bord. Un autre le suit. L’homme abrité sous la toile écoute et se tait, chasseur embusqué.
Un grincement de métal. La rampe d’accès est levée. Le moteur rugit, le bateau tressaute et bouge finalement. Le pouls de l’homme s’emballe à mesure que le traversier s’éloigne de l’île. Il se rapproche de la forêt. Il la sent. La forêt. Sa forêt. L’excitation le gagne. Il tremble. Il doit se calmer, car il ne peut se permettre la moindre faiblesse. Une autre chance de s’échapper ne se présentera pas. Il ferme les yeux, se concentre. Sa respiration retrouve un rythme normal. Autour de lui, des hommes parlent. Il distingue mal leurs propos.
Le pilote a coupé le moteur. Le bateau file un moment silencieusement sur l’eau. Puis l’engin rugit à nouveau, plus fort, pour freiner l’embarcation. La structure de métal frémit sous l’effort. Le bateau accoste doucement. Quelqu’un court. Le marin, sans doute, en train de l’amarrer au quai. L’homme sous la bâche entend une fois de plus le bruit grinçant de la rampe d’embarcation, à l’avant cette fois, qui s’abaisse. Des moteurs démarrent, les deux véhicules quittent le traversier qui tangue. Le moment approche.
D’autres véhicules montent à bord. Le rituel monotone des traversiers qui parcourent inlassablement le même chemin.
Il entend le bruit sourd des amarres sur le pont.
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