– Les troubles religieux s’étaient accrus, le ministère déclara qu’il ne connaissait dans les lois existantes aucun moyen d’atteindre les prêtres coupables ; le Corps législatif rendit contre eux un nouveau décret, vous en suspendîtes encore l’exécution. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. – La Constitution me laissait libre de sanctionner ou non les décrets. (Nouvelle explosion de rumeurs indignées.)
LE PRÉSIDENT. – L’incivisme de la garde que la Constitution vous avait donnée ayant nécessité son licenciement, le lendemain, vous avez écrit à cette garde une lettre témoignant de votre satisfaction, et vous avez, quoique cette garde fût dissoute, continué de la solder. Ces faits sont établis par les comptes du trésorier de la liste civile. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. – Je n’ai continué à la solder qu’en attendant qu’elle fût reconstituée. (Violentes rumeurs.)
LE PRÉSIDENT. – L’Assemblée avait expressément ordonné le départ des régiments suisses, vous les avez conservés près de vous.
LOUIS XVI. – J’ai exécuté tous les décrets rendus à cet égard.
LE PRÉSIDENT. – Vous avez enrôlé à Paris des compagnies particulières, chargées d’opérer des mouvements utiles à vos projets contre-révolutionnaires. Les nommés Daigremont et Gilles étaient deux de vos agents, salariés par la liste civile ; les quittances de Gilles, chargé de l’organisation d’une de ces compagnies, vous seront représentées. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
À cette révélation, les spectateurs des tribunes ne peuvent contenir leur exaspération :
– Voyez-vous ! ces compagnies devaient se joindre aux royalistes et aux bandits des prisons dont nous avons fait justice en septembre ! – s’écrie un patriote. – Est-ce clair ?
– Oui, oui, – répètent plusieurs voix, – ces scélérats auraient carnagé Paris après le départ des volontaires pour la frontière.
– Dira-t-on maintenant qu’on a mal fait de purger les prisons ?
– Capet soudoyait ces brigands !
– À mort, Capet !
Ces bruits, ces imprécations troublent pendant quelques instants la séance. Louis XVI a légèrement pâli à ces menaces de mort ; puis ses traits se rassérénant, il semble se dire : – Ils n’oseraient ! – Une grave et sévère allocution du président, adressée aux tribunes, les rappelle au silence : il se rétablit ; l’interrogatoire de l’accusé reprend son cours.
LE PRÉSIDENT. – Louis, je renouvelle ma question : qu’avez-vous à répondre au sujet des compagnies enrôlées en votre nom par les nommés Gilles et Daigremont, dont les quittances vous seront représentées ?
LOUIS XVI. – Je n’ai aucune connaissance de cela ; jamais idée de contre-révolution n’est entrée dans ma tête. (Nouvelles rumeurs.)
LE PRÉSIDENT. – Louis, vous avez voulu, à l’aide de sommes considérables, suborner plusieurs membres des Assemblées constituante et législative ; des lettres de Saint-Léon et d’autres attestent la réalité de ces faits. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. – Je n’ai promis ni donné d’argent à personne.
À ce nouveau et impudent mensonge de l’accusé, le nom de Mirabeau vient sur toutes les lèvres.
LE PRÉSIDENT. – Louis, vous avez passé, le 10 août 1792, la revue des Suisses à cinq heures du matin, et les Suisses ont tiré les premiers sur les citoyens qui fraternisaient avec eux. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. – Ce n’est pas moi qui ai donné l’ordre de tirer.
LE PRÉSIDENT. – Louis, vous avez autorisé Septeuil à faire un commerce considérable de grains, de sucre et de café à Hambourg ; ce fait est prouvé par une lettre de Septeuil. Qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. – Je n’ai aucune connaissance de cela.
LE PRÉSIDENT à l’Assemblée. – Les questions sont épuisées. – (À Louis XVI.) Louis, avez-vous quelque chose à ajouter ?
LOUIS XVI.
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