Il est fou de la petite, vous le savez très bien. Il la juge merveilleuse. C’est la femme de sa vie. Après tout, cela le regarde, s’pas ?

» … Ce n’est pas malin ce que vous avez fait là. Que diable aviez-vous besoin d’abîmer une affaire comme la vôtre ? Vous vous fichez de la petite, j’en suis sûr. Comme des autres. Vous vous amusez, c’est tout.

O’Day tirait sur sa cigarette.

— Il ne vous est pas venu à l’idée que ces… rumeurs pourraient être fausses ?

— Ne faites donc pas l’idiot. Je sais. Je sais quand cela a commencé. Vanner a parlé à Stark, de l’Inter-Océan. Tout est de votre faute. Il a raconté que vous aviez passé un week-end prolongé avec Merys Vanner aux Sables, un petit hôtel du côté de Totnes, il y a près d’un mois. Il veut divorcer.

— Voyez-vous cela ! ricana O’Day. Qui l’a renseigné ?

— Elle-même, dit Jennings. Elle lui a tout dit. Et il l’a cru, bien entendu. N’importe qui en aurait fait autant. Vous voilà fixé.

— Merci, mon vieux. Dites donc… Sauriez-vous par hasard où se trouve Vanner actuellement ? Et sa femme ?

Jennings haussa les épaules.

— Pour ce qui est de Vanner, je l’ignore. Vous pouvez me fouiller si vous le voulez. Quant à Merys, elle a confié à votre secrétaire qu’elle allait à Eastbourne, ou quelque part par là.

— Vous êtes un brave type, Jennings. Plein de bonnes intentions. Avez-vous eu de la veine aujourd’hui ?

— Pas la moindre. J’en suis arrivé à croire que je dois être, moi aussi, heureux en amour. Je l’espère du moins. Alors, une petite saignée, de temps en temps, n’est pas pour me déplaire. C’est rigolo ! Je perds partout : aux cartes, aux courses ! Je suis venu pour jouer un cheval dans la dernière course. Un outsider. J’ai parié dans les cinq autres. Rien. Je n’insiste pas.