Et elle alla jeter un coup d' oeil à la porte, considérant avec attention le policier-statue devant son coucher de soleil... elle dit :
-personne ne sait... pas même mon mari...
-c' est ce que m' a dit M Koupriane... alors, c' est lui qui vous a octroyé ces dix agents-là...
-certainement !
-eh bien, vous allez commencer par me mettre toute cette police à la porte...
Matrena Pétrovna lui prit la main, effarée.
-vous n' y pensez donc pas ?
-si ! Il faut savoir d' o˘ vient le coup ! Vous avez ici quatre sortes de gens : la police, les domestiques, les amis, la famille. éloignons d' abord la police. qu' elle n' ait pas le droit de franchir votre seuil. Elle n' a pas su vous garantir. Vous n' avez rien à regretter. Et si, elle absente, aucun nouveau fait redoutable ne se produit, nous pourrons laisser à M Koupriane le soin de continuer l' enquête, sans se déranger, chez lui ...
-mais vous ne connaissez pas l' admirable police de Koupriane. Ces braves gens ont fait preuve d' un dévouement...
-madame, si j' étais en face d' un nihiliste, la première chose que je me demanderais serait celle-ci : est-il de la police ? La première chose que je me demande en face d' un agent de votre police : n' est-il point nihiliste ? ...
-mais ils ne voudront point partir ! ...
-l' un d' eux parle-t-il français ?
-oui, leur chef, celui qui est debout, là, dans le salon.
-appelez-le, je vous prie.
La générale s' avança dans le salon et fit un signe.
L' homme parut. Rouletabille lui tendit un papier que l' autre lut.
-vous allez rassembler vos hommes et quitter la villa, ordonna Rouletabille. Vous vous rendrez à
la police. Vous direz à M Koupriane que ceci a été commandé par moi et que j' exige que tout le service de police de la villa soit suspendu...
jusqu' à nouvel ordre.
L' homme s' inclina, parut ne pas comprendre, regarda la générale et dit au jeune homme :
-à vos ordres ! ...
il sortit.
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-attendez-moi une seconde ici, pria la générale qui ne savait quelle contenance tenir et dont l' inquiétude faisait réellement peine à voir.
Et elle disparut derrière l' homme au faux astrakan.
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