Il y avait des tapis à grosse laine, des rideaux de cretonne et, sous un globe de verre, une pendule et le portrait d’un jeune homme. Hadji, le montrant, dit :
— C’est le frère, il est en Amérique.
— Et la vieille femme ? demanda Germaine.
— C’est la mère de Slidja, une juive qui reçoit comme ça des amis…
Au bout de quelques minutes Slidja entrait. C’était une grande brune, à type accentué, plutôt belle. Elle portait une veste et un pantalon de soie bleue, une chemise de gaze et des quantités de bijoux. Un bandeau de cheveux noirs lui couvrait le front. La peau semblait fraîche, la poitrine lourde et bien placée.
Germaine murmura :
— Comment la trouves-tu ?
Jacques répondit d’un air ennuyé :
— Tout à fait ordinaire…
— Vrai ? fit-elle, pas moi, je la trouve même très bien.
Et elle la regardait en souriant. Slidja sourit aussi. Germaine, enchantée, pria le guide de lui transmettre son admiration. Et la juive à son tour riposta par des compliments flatteurs. Une atmosphère de sympathie régnait.
La mère cependant, accroupie dans un coin, chantait d’une voix indifférente et rauque, en tapotant sur une sorte de tambour. Slidja saisit un foulard et se mit à danser la danse traditionnelle. Elle l’exécutait gracieusement. Les bras s’arrondissaient en gestes précis. La tête, penchée en arrière, s’imprégnait d’une volupté tendre. D’un mouvement saccadé des jambes, elle avançait ou reculait, les genoux un peu ployés. Et les hanches se balançaient harmonieuses et souples.
Germaine battit des mains. Elle était enthousiasmée. Cela pourtant ne lui suffisait pas. Et elle supplia son mari de faire danser la juive sans vêtements. Il y consentit. Mais Slidja, elle, ne voulait pas. La présence d’une femme la gênait. Elle riait, d’un rire bête de fille intimidée, ne s’expliquant pas la fantaisie de ces gens. Germaine se leva et lui dit, la voix persuasive :
— Allons donc… pourquoi pas ?
Une curiosité malsaine la stimulait. Ardemment, elle souhaitait de contempler ce corps de prostituée, comme si elle se fût attendue à quelque bizarrerie, à une conformation spéciale, différente de la sienne. Elle-même lui tira la manche de sa veste. L’autre obéit et défit son pantalon. Et elle resta hésitante, toujours remuée de son rire stupide. Les épaules surgissaient hors de la chemise. Le voile léger se plaquait sur la gorge.
Germaine s’énerva :
— Eh bien, voyons, dépêchez-vous…
La chemise descendit.
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