Slidja saisit un foulard et se mit à danser la danse traditionnelle. Elle l’exécutait gracieusement. Les bras s’arrondissaient en gestes précis. La tête, penchée en arrière, s’imprégnait d’une volupté tendre. D’un mouvement saccadé des jambes, elle avançait ou reculait, les genoux un peu ployés. Et les hanches se balançaient harmonieuses et souples.
Germaine battit des mains. Elle était enthousiasmée. Cela pourtant ne lui suffisait pas. Et elle supplia son mari de faire danser la juive sans vêtements. Il y consentit. Mais Slidja, elle, ne voulait pas. La présence d’une femme la gênait. Elle riait, d’un rire bête de fille intimidée, ne s’expliquant pas la fantaisie de ces gens. Germaine se leva et lui dit, la voix persuasive :
— Allons donc… pourquoi pas ?
Une curiosité malsaine la stimulait. Ardemment, elle souhaitait de contempler ce corps de prostituée, comme si elle se fût attendue à quelque bizarrerie, à une conformation spéciale, différente de la sienne. Elle-même lui tira la manche de sa veste. L’autre obéit et défit son pantalon. Et elle resta hésitante, toujours remuée de son rire stupide. Les épaules surgissaient hors de la chemise. Le voile léger se plaquait sur la gorge.
Germaine s’énerva :
— Eh bien, voyons, dépêchez-vous…
La chemise descendit. Tout de suite, consciente de sa beauté, sans pudeur, la juive se redressa, du dédain aux lèvres, la figure impassible. Et son corps apparut.
Germaine poussa un cri d’admiration. Elle était stupéfaite. La splendeur de cette chair l’éblouissait comme une chose surnaturelle qu’elle n’avait jamais imaginée. Elle se sentait en face d’un spectacle rare, unique peut-être. Et, loin d’en jouir, elle en éprouvait plutôt une sorte de malaise.
La danse commença, voluptueuse d’abord, puis lascive, poème des caresses et de l’extase qui s’achève en secousses bestiales. Les mains croisées derrière le cou, Slidja fermait à moitié ses yeux humides. Le buste ne bougeait pas. Les seins épanouis et gonflés de sève tressaillaient à peine. Les jambes fléchissaient doucement en courbes pleines et grasses.
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