è senza chiavi, il grande armadio!

Guardavano più volte la porta bruna e nera...

senza chiavi!... com’era strano!... spesso fantasticavano

sui misteri addormentati tra i suoi fianchi di legno,

e credevan d’udire, dal fondo della toppa

vuota, un lontano rumore, vago e lieto mormorio...

– La stanza dei genitori è così vuota, oggi!

Nessun riflesso rosso sfavilla sotto la porta;

spariti i genitori, le chiavi, il focolare:

e quindi niente baci, niente dolci sorprese!

Che Capodanno triste sarà questo per loro!

– E, tutti pensierosi, mentre dai loro occhi azzurri

in silenzio scende una lacrima amara,

mormorano: “Quando tornerà la mamma?”

. . . . . . . .


V

Adesso, i bambini sonnecchiano tristemente:

si direbbe, a vederli, che dormono piangendo,

tanto son gonfi gli occhi e faticoso il respiro!

È così sensibile il cuore dei bambini!

– Ma l’angelo delle culle viene ad asciugare gli occhi,

e in quel sonno pesante mette un sogno di gioia,

un sogno così bello, che le labbra schiuse, sorridenti,

sembrano mormorar qualcosa...

– Sognano che, chinati sul braccino tondo,

nel gesto dolce del risveglio, protendono la fronte,

e il loro sguardo vago si posa tutt’intorno...

credono di dormire in un paradiso rosa...

Nel camino, fra i bagliori, canta allegramente il fuoco...

dalla finestra si scorge laggiù il cielo azzurro;

la natura si desta e di raggi s’inebria...

la terra, semi-nuda, felice di rivivere,

ha fremiti di gioia sotto i baci del sole...

e nella vecchia stanza tutto è dorato e tiepido:

i vestiti neri non sono più sparsi a terra,

e il vento sotto l’uscio tace ora placato...

Si direbbe che una fata è passata di là!...

– I bambini hanno gridato insieme di gioia...

accanto al letto materno, sotto un bel raggio rosa,

là, sul tappeto grande, risplende qualche cosa...

medaglioni d’argento di color bianco e nero,

madreperla e giavazzo dai riflessi scintillanti;

sono cornicette nere, corone di vetro,

con tre parole incise in oro: “A NOSTRA MADRE!”.

. . . . . . . .

Sensation 1


Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue:

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:

Mais l’amour infini me montera dans l’âme,

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

Mars 1870


1 R. inviò a Banville la poesia, insieme alle due seguenti, il 24 maggio 1870. Questa poesia esprime felicemente quel desiderio di evasione, che sempre incalzava il giovane poeta, e la sua visione panica e quasi sensuale della natura.


Sensazione


Nelle azzurre sere d’estate, andrò per i sentieri,

punzecchiato dal grano, a pestar l’erba tenera:

trasognato sentirò la sua frescura sotto i piedi

e lascerò che il vento mi bagni il capo nudo.

Io non parlerò, non penserò più a nulla:

ma l’amore infinito mi salirà nell’anima,

e me ne andrò lontano, molto lontano come uno zingaro,

nella Natura, – lieto come con una donna.

Marzo 1870

Soleil et chair1


I

Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,

Verse l’amour brûlant à la terre ravie,

Et, quand on est couché sur la vallée, on sent

Que la terre est nubile et déborde de sang;

Que son immense sein, soulevé par une âme2,

Est d’amour comme Dieu, de chair comme la femme,

Et qu’il renferme, gros de sève et de rayons,

Le grand fourmillement de tous les embryons!

Et tout croît, et tout monte!

– Ô Vénus, ô Déesse!

Je regrette les temps de l’antique jeunesse,

Des satyres lascifs, des faunes animaux,

Dieux qui mordaient d’amour l’écorce des rameaux

Et dans les nénufars baisaient la Nymphe blonde!

Je regrette les temps où la sève du monde,

L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts

Dans les veines de Pan3 mettaient un univers!

Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre;

Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre

Modulait sous le ciel le grand hymne d’amour;

Où, debout sur la plaine, il entendait autour

Répondre à son appel la Nature vivante;

Où les arbres muets, berçant l’oiseau qui chante,

La terre berçant l’homme, et tout l’Océan bleu

Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu!

Je regrette les temps de la grande Cybèle4

Qu’on disait parcourir, gigantesquement belle,

Sur un grand char d’airain, les splendides cités;

Son double sein versait dans les immensités

Le pur ruissellement de la vie infinie.

L’Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,

Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.

– Parce qu’il était fort, l’Homme était chaste et doux.

Misère! Maintenant il dit: Je sais les choses,

Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.

– Et pourtant, plus de dieux! plus de dieux! L’Homme est Roi,

L’Homme est Dieu! Mais l’Amour, voilà la grande Foi!

Oh! si l’homme puisait encore à ta mamelle,

Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle;

S’il n’avait pas laissé l’immortelle Astarté

Qui jadis, émergeant dans l’immense clarté

Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume,

Montra son nombril rose où vint neiger l’écume,

Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs,

Le rossignol aux bois et l’amour dans les cœurs!


II

Je crois en toi! je crois en toi! Divine mère,

Aphrodité marine! – Oh! la route est amère

Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix;

Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c’est en toi que je crois!5

– Oui, l’Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste.

Il a des vêtements, parce qu’il n’est plus chaste,

Parce qu’il a sali son fier buste de dieu,

Et qu’il a rabougri, comme une idole au feu,

Son corps Olympien aux servitudes sales!

Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles

Il veut vivre, insultant la première beauté!6

– Et l’Idole où tu mis tant de virginité,

Où tu divinisas notre argile, la Femme,

Afin que l’Homme pût éclairer sa pauvre âme

Et monter lentement, dans un immense amour,

De la prison terrestre à la beauté du jour,

La Femme ne sait plus même être courtisane!

– C’est une bonne farce! et le monde ricane

Au nom doux et sacré de la grande Vénus!


III

Si les temps revenaient, les temps qui sont venus!

– Car l’Homme a fini! l’Homme a joué tous les rôles!

Au grand jour, fatigué de briser des idoles

Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,

Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux!

L’Idéal, la pensée invincible, éternelle,

Tout; le dieu qui vit, sous son argile charnelle,

Montera, montera, brûlera sous son front!

Et quand tu le verras sonder tout l’horizon,

Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,

Tu viendras lui donner la Rédemption sainte!

– Splendide, radieuse, au sein des grandes mers

Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers

L ’ Amour infini dans un infini sourire!

Le Monde vibrera comme une immense lyre

Dans le frémissement d’un immense baiser!

Le Monde a soif d’amour: tu viendras l’apaiser.

. . . . . .

[Ô! L’Homme a relevé sa tête libre et fière!7

Et le rayon soudain de la beauté première

Fait palpiter le dieu dans l’autel de la chair!

Heureux du bien présent, pâle du mal souffert,

L’Homme veut tout sonder, – et savoir! La Pensée,

La cavale longtemps, si longtemps oppressée

S’élance de son front! Elle saura Pourquoi! ...

Qu’elle bondisse libre, et l’Homme aura la Foi!

– Pourquoi l’azur muet et l’espace insondable?

Pourquoi les astres d’or fourmillant comme un sable?

Si l’on montait toujours, que verrait-on là-haut?

Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau

De mondes cheminant dans l’horreur de l’espace?

Et tous ces mondes-là, que l’éther vaste embrasse,

Vibrent-ils aux accents d’une éternelle voix?

– Et l’Homme, peut-il voir? peut-il dire: Je crois?

La voix de la pensée est-elle plus qu’un rêve?

Si l’homme naît si tôt, si la vie est si brève,

D’où vient-il? Sombre-t-il dans l’Océan profond

Des Germes, des Fœtus, des Embryons, au fond

De l’immense Creuset d’où la Mère–Nature

Le ressuscitera, vivante créature,

Pour aimer dans la rose, et croître dans les blés?...

Nous ne pouvons savoir! – Nous sommes accablés

D’un manteau d’ignorance et d’étroites chimères!

Singes d’hommes tombés de la vulve des mères,

Notre pâle raison nous cache l’infini! 8

Nous voulons regarder: – le Doute nous punit!

Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile...

– Et l’horizon s’enfuit d’une fuite éternelle!...

. . . . . . .