Des amis s’entremettent pour lui procurer une « place » rétribuée ; mais il ne veut rien aliéner de son indépendance, et ce n’est qu’en 1879 qu’il se résignera à une telle solution.

1876.

Janvier-février. Il termine Saint Julien et entreprend Un cœur simple.

Mars. Mort de Louise Colet.

Avril. Il commence à rêver d’Hérodias et, pour Un cœur simple, va revoir Pont-l’Évêque, Trouville, Honfleur.

Juin. Mort de George Sand, avec qui il était lié d’une amitié très vive.

Août. Achèvement d’Un cœur simple. Il se met aussitôt à préparer Hérodias, qu’il commencera à écrire en novembre.

1877.

Février. Achèvement d’Hérodias.

Avril. Les trois récits sont publiés dans des quotidiens, puis, sous le titre de Trois Contes, réunis en un volume mis en vente le 24 avril.

Juin. Il reprend Bouvard et Pécuchet, abandonné depuis la crise de 1875, et poursuit des songeries, pour plus tard, sur d’autres projets, sur la bataille des Thermopyles ou sur le Second Empire : toujours l’alternance des thèmes antiques et contemporains.

1879.

Mauvaise santé. Une fracture du péroné le tient trois mois alité. Ennuis d’argent croissants : il s’occupe à contrecœur d’obtenir une place, c’est-à-dire une sinécure qui lui tiendrait lieu de pension : l’idée de se trouver sous l’autorité théorique d’un chef lui fait horreur. On lui trouve un emploi de trois mille francs par an à la bibliothèque Mazarine.

1880.

8 mai. Il meurt à Croisset d’une hémorragie cérébrale. On l’enterre le 11 à Rouen.

15 décembre. Début de la publication de Bouvard et Pécuchet dans la Nouvelle Revue.

1881.

Mars. Publication en librairie de Bouvard et Pécuchet.

SAMUEL S. DE SACY

NOTICE

LA PARUTION

Un cœur simple paraît d’abord dans le quotidien Le Moniteur universel en avril 1877. Il est publié dans le recueil Trois Contes, avec La Légende de saint Julien l’Hospitalier et Hérodias, chez Charpentier, le 24 avril 1877.

LA GENÈSE DE L’ŒUVRE

« L’avenir ne m’offre rien de bon et le passé me dévore », écrit Flaubert à une amie en octobre 1875. « Je ne pense qu’aux jours écoulés et aux gens qui ne peuvent revenir. Signe de vieillesse et de décadence. »

Décadence ? Il ne sait pas encore qu’il va écrire Trois Contes. Il ne sait pas que cette tristesse, cet abattement, cette contemplation douce-amère de l’irréversible et de l’irrémédiable vont susciter en lui l’œuvre qui l’en sauvera, qui leur devra ses tonalités les plus pures – qui sera sa rose d’automne.

Vieillesse ? « Suis-je vieux, mon Dieu ! Suis-je vieux ! » répète-t-il à la même amie sept mois plus tard. Si vieux, à cinquante-quatre ans ? Mais c’est vrai : quatre années encore, pas plus de quatre années, et il va mourir. Entend-il, venu du fond de son être, quelque avertissement ? Ou simplement juge-t-il, tandis qu’il se retourne vers son passé et mesure le chemin parcouru, qu’il approche du terme de la course ?

Il s’en faut de peu que toute son œuvre ne soit déjà derrière lui. En 1857 a paru Madame Bovary, en 1862 Salammbô, en 1869 cette Éducation sentimentale où l’on voit une génération entière, la sienne, se démettre et se soumettre. Il vient en 1874 de publier La Tentation de saint Antoine ; le thème l’occupait et parfois l’obsédait depuis quelque quarante ans : cette version troisième et ultime – les deux autres étaient demeurées inédites –, c’est un point final.

Après Trois Contes ne restera plus que Bouvard et Pécuchet, qu’il laissera inachevé, qui peut-être ne pouvait pas s’achever et ne devait trouver sa véritable fin que dans l’inachèvement. Quelques projets encore, mais indistincts et qui ne relèvent guère que de la velléité. Il s’en faut de peu, oui, que déjà il ne puisse croire avoir réalisé toutes ses puissances.

Ce sage est assez détaché des honneurs pour comprendre que, dans le temps et la société où il vit, il y aurait de sa part affectation à s’y dérober ; et il abhorre l’affectation, qui compromet davantage. Il a donc laissé venir des honneurs. On l’a invité à la cour impériale dès 1864, décoré dès 1866.